Coupe de France : Steven Nzonzi, une première sans faute et des promesses
La France avait quitté Steven Nzonzi un soir de Juillet 2018, au milieu d’un stade Loujniki de Moscou qui venait de voir les Bleus sacrés champions du monde. Elle l’a retrouvé 18 mois plus tard au stade Bonal de Sochaux, dans un contexte pour le moins différent. Titulaire pour la première fois avec le Stade Rennais - qu’il a rejoint en prêt cet hiver - l’international tricolore s’est montré à son avantage lors de la victoire des siens (0-3), et a affiché des signes très encourageants pour la suite de son intégration.
Aligné dans l’entre-jeu aux côtés d’Eduardo Camavinga et remplacé à la 85e minute par Benjamin Bourigeaud, l’ancien joueur de la Roma a fait preuve d’une grande justesse dans la plupart de ses interventions. Pas emprunté physiquement alors qu’il n’avait plus disputé un match dans son intégralité depuis le mois de décembre - lorsqu’il évoluait encore à Galatasaray - le champion du monde français a rassuré tout ceux qui doutaient de son état de forme. Omniprésent dans les duels, essentiel à la récupération, Steven Nzonzi a surtout permis aux Rennais de freiner les quelques contre-attaques dangereuses des Belfortains. "Il est différent par son expérience, sa maturité, son profil technique" avait justement résumé Julien Stéphan à son sujet lors de son arrivée.
"Il apporte beaucoup de maîtrise"
L’entraineur breton avait vu juste, et n’a probablement pas été déçu par la première de la recrue star du mercato hivernal. Alors que certaines individualités - à l’image d’un James Léa-Siliki décevant - ont semblé en manque de rythme, l’ancien Sévillan a fait parler son expérience et sa maturité pour cadrer les siens. Par sa vision du jeu et son sens du timing, il a posé énormément de problèmes aux attaquants belfortains, qui se sont régulièrement heurtés au géant d’1m96. L’adversité était, certes, à relativiser. Inutile de rappeler que Belfort évolue en National 2 et jouait là un match historique. La performance de Steven Nzonzi n’en est pas moins à souligner.
"Il a apporté ce qu’on pouvait imaginer de sa part, c’est à dire de beaucoup de maîtrise, une grosse présence et de la stabilisation au milieu de terrain" a d’ailleurs souligné le coach rennais en conférence de presse, "Dans les moments où il fallait jouer simple, il l’a très bien fait. Il a joué 85 minutes. C’est beaucoup plus que ce qu’on imaginait, donc c’est parfait" a-t-il conclu.
Une analyse partagée par M’Baye Niang, buteur sur penalty, "ll a démontré toute sa technique, son calme et son talent. Il va beaucoup nous apporter et c’est aussi à nous de faire en sorte qu’il s’adapte le mieux au groupe" a réagi l’attaquant rennais, "On a vu ce soir qu’il était capable de nous canaliser, à certains moments du match où c’était un peu chaud. De ce que j’ai vu depuis son arrivée, c’est vraiment pas mal ". Difficile de faire plus élogieux.
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De l'expérience et du calme
A 31 ans, Steven Nzonzi le sait, les quelques mois à venir seront certainement décisifs pour la suite de sa carrière. Son expérience des plus mitigées à Galatasaray et la forte concurrence à la Roma l’ont poussé à s’offrir un nouveau challenge difficile, mais haletant. Alors que l’entre-jeu rennais souffre cruellement d’un manque de stabilité cette saison, le Français doit apporter l’équilibre qui fera du Stade Rennais un candidat encore plus crédible au podium de L1.
Et il l’a très bien fait contre Belfort : "J’ai 31 ans maintenant, je commence à me faire vieux. Mais je vais essayer d’apporter mon expérience très sérieusement et de manière appliquée à l'équipe" a expliqué le principal intéressé, non sans une touche de dérision, "Mon intégration s’est très bien passée. C’était très facile avec ce groupe. Il n’y a pas la barrière de la langue et mes coéquipiers m’ont tous très bien accueilli" s’est-il aussi félicité.
"Je me suis vraiment bien senti, encore mieux que ce week-end"
Homme fort des Bretons mardi soir, Steven Nzonzi a également montré à quel point son gabarit pouvait rendre service à son équipe. Imposant physiquement et très à l’aise techniquement, il a déjà pleinement pris possession de son rôle de sentinelle, en comblant parfaitement les quelques errements défensifs d’un Camavinga (17 ans) précieux mais parfois fougueux. "Plus on a de temps de jeu, mieux on se sent. J’ai pu tenir quasiment tout le match et je me suis encore mieux senti que ce week-end" s’est satisfait le néo-Rennais, qui était entré en jeu à la 65e minute de jeu face à Brest samedi.
De là à penser à un retour en équipe de France pour l'Euro, alors qu'il n'a plus été appelé en sélection depuis plus d'un an, lors du match contre l'Urugay en novembre 2018 ? L'intéressé ne dit pas non, mais préfère pour l'instant se focaliser sur ses performances en club. Il souhaite d'abord retrouver la pleine possession de ses capacités physiques : "Je suis revenu en France avec l’objectif de retrouver mon meilleur niveau. Me sentir bien et prendre du plaisir. Une fois que ce sera fait, on verra pour la suite" a-t-il dit, lucide.
Des débuts réussis donc, mais qu’il faudra confirmer sur la durée, quand l’adversité se fera plus féroce. Engagé dans une lutte infernale pour le podium - synonyme de qualification en Ligue des Champions - le Stade Rennais semble enfin avoir toutes les cartes en main pour réussir une fin de saison à la hauteur de ses ambitions. Si Rennes n’avait pas encore toutes les clés pour vraiment y croire, l’arrivée de Steven Nzonzi est peut-être celle qui lui ouvrira toutes les portes. L’avenir le dira, mais les signes sont rarement trompeurs.
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