Quevilly, c'est fou !
Sans faire injure au Stade Malherbe, le stade Michel d'Ornano de Caen n'a sans doute pas vibré aussi fort depuis longtemps. Au coup de sifflet final, les tribunes sont entrées en liesse après le but d'un joueur de National, plutôt habitué à l'anonymat des matches du week-end. Et pourtant, dès ce soir et dans les jours à venir, il risque d'être fortement sollicité. Lui, c'est Anthony Laup, auteur d'un assaut final porté contre Benoît Costil, fusillé au terme d'un raid en solitaire victorieux qui propulse Quevilly en finale de la Coupe de France (2-1).
Comme Marseille avant lui, Rennes a oublié qu'un match n'était jamais terminé avant le coup de sifflet final. Et à ce jeu-là, Quevilly n'abdique jamais. Ce sont pourtant les Bretons qui avaient pris la rencontre par le bon bout en dominant les débats dès le coup d'envoi. Domination rapidement concrétisée par une splendide ouverture du score de Féret (0-1, 8e).
Mais comme il y a deux ans lors de la précédente confrontation entre les deux clubs, Rennes n'a pas su faire respecter sa supériorité hiérarchique. Si les Rouge et Noir ont su se créer des occasions, ils se sont aussi montrés beaucoup trop maladroits face au but, gênés par une défense bien repliée et attentive. Erding (26e, 29e), Tettey (40e) ou encore Boye (56e) rataient des occasions en or d'alourdir l'avantage du pensionnaire de L1.
Quevilly aux portes de la Ligue Europa
Sans leur entraîneur Régis Brouard qui purgeait le dernier de ses quatre matches de suspension, les Quevillais ont néanmoins appliqué à la lettre les consignes: jouer à fond pour ne rien regretter. Laup avait montré la voie à un petit poucet sans complexe (15e) avant que Capelle ne sollicite pour la première fois de la soirée Benoît Costil (32e). Le portier breton aura permis aux siens de rester à flot en repoussant également une frappe difficile d'Hérouat (59e), qui venait d'entrer en jeu. Le remplaçant a été le détonateur des joueurs de National. Dès son apparition sur le terrain, il donnait le tournis à la défense rennaise sur ses accélérations et appels incessants. Et c'est fort logiquement qu'il trouvait la faille sur un appel en profondeur et une frappe en force qui terminait sa course dans la lucarne (1-1, 62e).
Si Rennes parvenait à reprendre légèrement l'ascendant sans parvenir à concrétiser au tableau d'affichage, les dernières minutes étaient jaune et noir. Porté par un public en folie, les Canaris normands se portaient à l'attaque sans état d'âme. Costil s'interposait sur une frappe de Laup (90+2), mais pas sur la suivante qui terrassait le géant breton (2-1, 90+4). A trop vouloir gérer sa rencontre et les dernières minutes, les hommes de Frédéric Antonetti laissaient filer leur rêve de retourner au Stade de France pour effacer leur amer défaite de 2009 face à Guingamp (1-2).
Quevilly peut désormais fêter dignement sa première qualification en finale de la Coupe de France depuis 1985. L'USQ devient le premier club amateur à disputer la finale depuis la belle aventure d'Amiens, finaliste malheureux en 2001 face à Strasbourg (0-0, 5tab4). Battus en demi-finale par le PSG d'Erding en 2010, les Hauts-Normands peuvent continuer de rêver au moment d'affronter Lyon le 28 avril prochain et soutenir les Gones qui peuvent plus que jamais leur ouvrir les portes de la Ligue Europa, même en cas de défaite.
Réactions:
Régis Brouard (entraîneur de Quevilly): "Le scénario fait que c'est une soirée incroyable, marquer au bout des arrêts de jeu... La première période a été compliquée, on était très timide, on manquait de prise de risque. On savait qu'ils auraient la maîtrise du ballon. Mais en deuxième, on a su mettre un peu de folie, aller plus loin dans nos décisions. On sentait qu'on était à la limite, et sur un dernier ballon en profondeur, malgré la fatigue et les émotions, Laup a réussi à gagner son duel. C'est le charme de la Coupe de France. A la mi-temps, il fallait surtout les rassurer. Je sentais que la situation pouvait se retourner avec ce stade. Cette étoile qui brille sur cette équipe en Coupe de France a brillé de mille feux ce soir."
Frédéric Antonetti (entraîneur de Rennes): "Je ne vais pas défendre l'indéfendable, je savais qu'on manquait de caractère et ça s'est confirmé. On était favoris et on n'a pas su psychologiquement aborder ce match. Il faut de l'humilité, je pense qu'on l'avait, et de la confiance, qu'on n'a pas eue. Résultat: on est passé àtravers. Cela va au-delà de la déception. J'aurais préféré jouer Lyon car je savais qu'on n'avait pas le caractère pour assumer ce costume de favori. C'est une grosse déception personnelle, et pour mon staff. J'ai sacrifié, avec mes adjoints, beaucoup de ma vie privée, et ça n'en vaut pas le coup. On a failli, il n'y a pas grand chose à ajouter."
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