: Reportage Coupe de France : après 22 ans de disette, les supporters canaris savourent leur retour en finale
Pour leur grand retour au Stade de France, les Nantais ont vu les choses en grand. 21 000 supporters ont fait le déplacement, avec la sensation de vivre, déjà, un morceau d'histoire.
"On arrive tout juste, après 410 kilomètres de vélo depuis le stade de la Beaujoire, il fallait marquer le coup !" Si la finale de la Coupe de France entre Nantes et Nice a lieu ce samedi 7 mai à Saint-Denis, cela fait plusieurs jours que 21 000 supporters canaris préparent leur venue pour assister à leur première finale de Coupe de France depuis vingt-deux ans.
Pour Kevin et Joris, supporters nantais de longue date, la finale a commencé il y a cinq jours et elle se mérite à la force du pédalier. Les deux compères se sont élancés sur les routes de France sur deux vélos, repeints aux couelurs du club pour l'occasion, direction le Stade de France. "On s'était lancés le défi en début de saison. On voulait marquer le coup parce que ca fait 22 ans qu'on a pas eu cette coupe. Quand on s'est demandés comment on allait aller au Stade de France, on s'est dit : pourquoi pas en vélo ?". 410 kilomètres plus tard, les mines sont fatiguées, le scotch vert et jaune du vélo un peu décollé et les mollets bien échauffés. Mais la satisfaction est là : "C'était génial, on a rencontré plein de supporters, des Nantais mais aussi des gens d'autres clubs qui nous encourageaient, qui nous ravitaillaient avec un petit gâteau, une petite boisson".
Derrière Kevin, un énorme ours aux couleurs nantaises est solidement attaché sur le garde-bout. Casque vert et jaune, maillots sur les épaules et écharpe sur le guidon, difficile de passer à côté des deux énergumènes, anciens coéquipiers de canoë-kayak biplace. Après avoir chanté avec les supporters, embarqué un drapeau du Stade Rennais, pédalé sans selle sur 20 km, mais aussi chanté en l'honneur de Emiliano Sala (l'attaquant nantais décédé dans un accident d'avion en 2019) au neuvième kilomètre de chacune de leurs étapes, les deux amis entendent donner de la voix dans l'enceinte du stade. Un pèlerinage footballistique en forme de chemin de croix, à l'image du club, qui se relève après avoir tremblé sous la menace de la relégation la saison dernière.
Ambiance familiale
Plus de 21 000 places seront réservées ce soir aux Canaris. Partout dans Paris, difficile de passer à côté de ces drôles d'oiseaux qui déambulent le nez en l'air dans la ville. Marc, chapeau canari sur la tête, et sa fille Thelma, 15 ans, en tunique jaune, en ont profité pour faire un crochet par Montmartre. "On ne passe pas inaperçu mais on en profite pour visiter Paris ! C'est la première fois que ma fille m'accompagne en déplacement et c'est sa première finale. C'est un déplacement exceptionnel ! Après la demi-finale j'ai sauté sur les billets de train, avant même de savoir si on aurait des places".
L'ambiance est bon enfant, au moment de croiser des supporters niçois, les supporters se chambrent gentiment de part et d'autres, avant de prendre la pose, ensemble, sur les marches du monument. "Tous, on rêve de quelque chose qui nous échappe depuis si longtemps". En face, Nino, 10 ans, clôture un week-end trois étoiles : "On est venus en avion de Nice et on a fait Disney, la tour Eiffel et ce soir le match." Le bouquet final d'un moment privilégié, sans regret pour les deux jours d'école manqués.
Dans le métro, les supporters entament les premiers chants. Stéphane, Nathalie et leurs deux enfants, Julie et Jeremy, sont spécialement venus de Savoie : "On vient de Nantes et c'est vrai qu'on n'est pas allés au stade depuis un moment. Mais une finale ne se manque pas, après 22 ans, il est temps de rapporter un trophée. On attend de voir ce que Ludovic Blas va faire ce soir".
Rafraîchir le palmarès
Dans les allées qui mènent au stade, l'humeur est à la fête. Le kop de la Brigade Loire est parti depuis 7h du matin de la Baujoire, suivi par près de 50 bus de supporters, renommés pour l'occasion aux noms des légende du club : Coco Suaudeau, Raynald Denoueix. Perruque jaune et verte sur la tête, Valentin, 18 ans, vit sa première finale. Le dernier titre du club vert et jaune remonte à 2001 (champion de France). "Depuis que je suis née il y a rien eu. C'est la première fois que je vis un moment d'histoire avec Nantes ! C'est fort pour notre génération".
A ses côtés, son père Stéphane ne cache pas son émotion : "Vivre cette finale avec mes enfants, ca me fait quelque chose. Je supporte Nantes depuis toujours. Quand j'avais 18 ans je faisais déjà les déplacements, j'ai tout vécu, les bons moments comme les mauvais. Voir mon fils et ma fille vivre à leur tour une finale, qu'ils accrochent au club et vivent cette finale avec moi, c'est encore différent." La famille des Deux-Sèvres rejoindra ce soir la marée jaune du Stade de France. Face à Nice, 5e de Ligue 1, le match s'annonce serré. Mais les joueurs d'Antoine Kombouare pourront compter sur une ambiance volcanique, à l'image de l'arrivée tonitruante des Canaris.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.