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Saint-Etienne : Jessy Moulin, l'éternel second devenu numéro un

Vendredi soir, ce ne sera pas Stéphane Ruffier qui gardera les cages de l’AS Saint-Etienne en finale de Coupe de France contre le Paris Saint-Germain. Non, il s’agira bien de Jessy Moulin. À 34 ans, le portier qui était destiné à rester remplaçant toute sa carrière a bel et bien été intronisé gardien de but numéro un des Verts, par Claude Puel. Si "l’affaire Ruffier" fait beaucoup parler ces derniers temps dans le Forez, de son côté, Jessy Moulin, méconnu du grand public, travaille et avance dans l’ombre, afin de prouver qu’il est bien plus qu’un éternel second.
Article rédigé par Quentin Ramelet
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (PASCAL GUYOT / AFP)

12 ans de carrière, pour seulement 35 matches avec le maillot vert sur les épaules. Cela pose le bonhomme : Jessy Moulin remplissait toutes les cases du fameux "numéro deux" par excellence. Amoureux du club, travailleur acharné à l’entraînement, et jamais un mot de travers contre son coéquipier et "numéro un", Stéphane Ruffier. De Christophe Galtier jusqu’à Jean-Louis Gasset, les différents coaches passés sur le banc stéphanois mesuraient bien les qualités du natif de Valence. Ce gardien "heureux" d’être remplaçant à l’AS Saint-Etienne, une étiquette collée sur son front et qui en devenait presque gênant. Mais tout a changé subitement cet hiver. Juste avant que le Covid-19 n’apparaisse dans l’Hexagone, le manager général et nouvel entraîneur de l’ASSE, Claude Puel, a provoqué un petit séisme dans le Forez en écartant l’indéboulonnable Stéphane Ruffier. Jessy Moulin est ainsi sorti de l'ombre. Ce 21 février 2020 marque alors le début de sa "seconde" carrière.

Ruffier s’est égaré, Moulin s’est tenu prêt

Pourtant, sur le papier, tout portait à croire que son compagnon de cages et ancien international tricolore allait réussir à retrouver les clefs de sa maison dans le Chaudron. Surtout avec le confinement et l’annonce officielle de l’arrêt de la Ligue 1. Et si Ruffier connaissait sa saison la plus difficile en carrière, à 33 ans, il restait une valeur sûre et l’un des meilleurs en France à son poste. Mais les rapports entre le gardien et Claude Puel se sont détériorés. L’ancien technicien de Leicester finit par trancher juste en sortie de confinement : Jessy Moulin sera le nouveau gardien numéro un pour la saison qui se profile."À la base, c'est un choix sportif qui n'est pas accepté par le joueur (Stéphane Ruffier, ndlr) et on en arrive à une situation particulière", a-t-il indiqué le 16 juillet dernier en conférence de presse.

Puel met en cause le comportement de l'intéressé. "Il se pénalise tout seul et ce que je ne veux pas, c'est qu'il pénalise le groupe. Son retour me semble difficile par rapport aux propos qu’il m’a tenus, par rapport à son comportement. Personne n’est au-dessus du club." Voilà qui est clair : Ruffier mis à pied (le club a lancé une procédure de licenciement, ndlr), Moulin peut avancer tranquillement. Et sereinement malgré ce contexte particulier. Car celui qui est entré en junior au club n’est pas vraiment du genre à se disperser. Comme le gardien l’a souvent martelé devant les caméras, lorsqu’il a eu l’occasion de jouer quelques minutes, il est là pour "appliquer ce qu’on lui demande, et bosser durement pour enchaîner.

De l’ombre à la lumière, Moulin ne change rien

Travailler et s’entraîner à fond, qu’il soit sur la feuille du match ou pas le lendemain, c’est le leitmotiv de Jessy Moulin. Depuis son arrivée en 1999 à Saint-Etienne, il a toujours tout donné comme se souvient bien Gilbert Ceccarelli, ancien portier de l'ASSE (de 1981 à 1997, ndlr) : "Il est arrivé de Valence à treize ans, confiait-il dans L’Equipe, mais il est devenu un vrai Stéphanois. Il était déterminé, passionné et travailleur. Il a même fallu canaliser cette énergie." Une énergie débordante qu’il n’hésite pas à utiliser, que ce soit en simple leader de vestiaire, ou pour enchaîner les parades comme ce soir de janvier 2018 contre Toulouse. Il était ainsi devenu maître dans l’art de ces sorties aussi occasionnelles qu’exceptionnelles. "Je suis admiratif de ce qu'il réalise car à chaque fois que le club a fait appel à lui, il a su tirer son épingle du jeu, montrer qu'il n'était pas un pion" constate Ceccarelli.

Que ce soit à l’abri des regards, ou devant l’enthousiaste public du Chaudron, Jessy Moulin n’a jamais déçu. Les supporters stéphanois se rappellent sans doute ce dimanche 5 février 2017, lorsqu’il avait remporté son premier derby face à Lyon (2-0) en tant que gardien titulaire. Un soir de gloire qu’il a vécu une seconde fois en octobre dernier, à l’occasion du premier match de Claude Puel couronné d'un succès (1-0) de Saint-Etienne contre Lyon à Geoffroy-Guichard. Tout un symbole.

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Debuchy : "Jessy est un gardien de qualité et on a confiance en lui"

De sa très longue expérience de numéro deux, Jessy Moulin en a aujourd’hui fait une véritable force pour passer ce cap. Ce vendredi soir, il foulera la pelouse du Stade de France avec ce nouveau statut. Si le club a pour l’instant bloqué toute sollicitation directe avec lui, c’est vraisemblablement pour le protéger de toute pression supplémentaire. Un paramètre avec lequel il va devoir s’habituer rapidement. Proche des Ultras stéphanois, ami intime du capitaine Loïc Perrin, Jessy Moulin sait déjà à quoi s’attendre en devenant le portier titulaire de Saint-Etienne. Et si la moindre boulette de sa part sera directement pointée du doigt par les médias et différents observateurs, le Stéphanois d’adoption pourra bien compter sur ses coéquipiers pour le maintenir à flot. "Jessy est un gardien de qualité et on a confiance en lui", nous a affirmé Mathieu Debuchy, qui devrait porter le brassard contre Paris, voire même toute la saison en cas de retraite de Perrin. 

Discret face aux caméras, mais véritable leader et animateur du vestiaire, Jessy Moulin s’apprête à prendre le virage le plus important de sa carrière. Ses 21 années passées dans la Loire devraient lui permettre d’appréhender ce nouveau défi avec sérénité et de nombreuses certitudes. Mais le plus dur l’attend. S’il a déjà conquis le cœur du peuple vert grâce à sa fidélité, il lui reste maintenant à s’affirmer comme le nouveau gardien du temple.

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