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Saint-Etienne : Loïc Perrin, un baroud d'honneur pour l'enfant du peuple vert ?

L’AS Saint-Etienne défie ce vendredi le Paris Saint-Germain en finale de Coupe de France. Pour Claude Puel et ses hommes, c’est un moyen d’inscrire leur nom dans la grande histoire des Verts. Et un joueur, en particulier, en rêve : Loïc Perrin. L’emblématique capitaine stéphanois, qui a prolongé son contrat jusqu’à cette rencontre cruciale, pourrait tirer sa révérence dans la foulée. Ce serait un petit séisme pour le peuple vert mais aussi pour le football français. Loïc Perrin incarne non seulement l’âme de Saint-Etienne, et aussi la résistance de ces fameux "joueurs du cru".
Article rédigé par Quentin Ramelet
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
  (PATRICK HERTZOG / AFP)

Il ne veut pas vendre la mèche avant cette échéance. Cette finale de Coupe de France, ce vendredi 24 juillet, a donc une saveur toute particulière pour le capitaine de l’AS Saint-Etienne, Loïc Perrin. À bientôt 35 ans (il les aura le 7 août prochain, ndlr), celui qui n’a jamais connu un autre club durant ses 17 années chez les professionnels pourrait bien boucler la boucle de sa carrière sur un titre. Car s’il a prolongé son bail, qui courait jusqu’au 30 juin dernier, jusqu’à la finale contre le PSG, il est probable que ce soit sa dernière sortie avec la tunique verte sur les épaules. "J’y ai réfléchi évidemment, nous a-t-il confié, mais j’en parlerai quand ce sera le moment, puis j’en parlerai d’abord avec le club avant d’en parler publiquement.

Puel détient les clefs de son avenir

Le joueur avait donné un indice sur son avenir à la fin du mois de mai, dans une interview accordée à nos confrères du Canal Football Club : "J'avais prévu d'arrêter mais, avec le contexte, j'ai émis le souhait de continuer. Je veux que tout le monde soit d'accord et pense que je peux encore servir dans un groupe..." Comme il l’a répété, c’est bien le club, et plus particulièrement l’entraîneur et manager général de l’ASSE, Claude Puel, qui devrait avoir le dernier mot.

Pour le coach des Verts, si prolongation de Loïc Perrin il y a, le joueur devra, en contrepartie, apporter de grosses garanties sur sa condition physique. S’il postule bien à une place contre Paris, comme Puel nous l’a confirmé, le capitaine des Verts a connu une préparation plus ou moins délicate, ne jouant que quelques minutes lors de deux des trois premiers matches amicaux (Rumily le 4 juillet et Charleroi le 15, ndlr), avant de disputer 75 minutes contre Anderlecht ce week-end. Mais une chose est sûre : de son côté, l’enfant du Forez ne veut pas rater cette finale, surtout s’il s’agit d’un baroud d’honneur avec son club de cœur.

Loïc Perrin est un oiseau rare. Presque une anomalie dans ce football moderne où l’argent est devenu plus roi que jamais. Il est l’un des derniers, en Ligue 1, à être ce que l’on appelle un "joueur du cru". Ces "spécimens" se distinguent par leur origine, leurs parcours et leur fidélité à leur club formateur, voire à leur terre natale. Pour le défenseur central de l’ASSE, ça a le mérite d’être clair : né à l’Hôpital Nord de Saint-Etienne, il est arrivé dans le club le plus titré de France à 12 ans. C'était en 1997, il venait de faire ses armes au FC Périgneux, une petite commune du Forez située à moins de 35km de Geoffroy-Guichard, et au FC Saint-Charles Vigilante, un club stéphanois. Depuis, Perrin a fait du Chaudron sa deuxième maison. 

"Une histoire d’amour éternelle"

Il n’est plus vraiment risqué d’affirmer que Loïc Perrin est une légende de l’AS Saint-Etienne au même titre que ceux qui ont fait de l’ASSE un club mythique du championnat de France, les illustres "anciens Verts" que sont Dominique Rocheteau, Jean-Michel Larqué, ou encore Christian Lopez entre autres. Depuis sa première apparition chez les professionnels – le 15 août 2003, en Ligue 2, contre le FC Lorient– il a cumulé pas moins de 473 matches sous le maillot vert. Un monument, face auquel deux hommes, seulement, auraient pu se vanter de culminer encore plus haut, à savoir René Domingo (533 de 1949 à 1963) et Robert Herbin (492 de 1957 à 1975). "C’est une histoire d’amour éternelle et je n’aurais jamais imaginé vivre ça avec mon club", avait-il avoué dans le CFC alors que durant cette idylle qui dure depuis plus de 23 ans, le chouchou du public stéphanois a tout connu.

Des blessures en passant par l’Europe et (presque) les Bleus

En 17 ans de carrière chez les Verts, Loïc Perrin est passé par toutes les émotions. Surtout, ce sont les blessures qui ont pendant longtemps freiné sa progression et le natif de Sainté essaye encore aujourd’hui de réparer les pots cassés, ses genoux grinçant toujours plus, au fil des ans. Victime à plusieurs reprises d’une rupture des ligaments croisés, le défenseur stéphanois a galéré pendant neuf saisons pleines, de ses débuts en 2003 jusqu’en 2012. Durant cette longue période, entre deux blessures, il est tout de même parvenu à découvrir l’Europe (38 matches de Ligue Europa) et surtout à s’emparer du brassard de capitaine en 2007 alors qu’il n’avait que 22 ans. Depuis, il ne l’a plus jamais retiré et personne n’a pu ou ne peut lui contester ce qui est devenu son totem, son bien. 

Par la suite, et après avoir été formé au poste de milieu défensif, Loïc Perrin, plus ou moins débarrassé de ses pépins physiques, s’est tout simplement imposé comme l’un des meilleurs défenseurs centraux de Ligue 1, étant même élu dans l’équipe type de celle-ci au terme de l’exercice 2013-2014. Dégageant une sérénité insolente, sa formation en tant que n°6 lui permet d’acquérir une technique au-dessus de la moyenne pour son poste, devenant redoutable au duel mais tout aussi précieux dans la relance. Autant de qualités qui lui ouvriront, à juste titre, les portes de l’équipe de France. Appelé par Didier Deschamps à plusieurs reprises, et figurant même dans la liste élargie des joueurs pouvant disputer le Mondial 2014, Perrin n’a finalement jamais eu l’honneur, et la chance, de fouler une pelouse avec le maillot tricolore. Un acte manqué pour le capitaine stéphanois qui s’est tout de même consolé en offrant à son club un titre tant attendu… depuis 32 ans !

Triomphe au Stade de France et communion dans Saint-Etienne

2 juin 1981. C’était, jusqu’au 20 avril 2013, la dernière trace de Saint-Etienne dans le palmarès du football français. 32 ans plus tard donc, les Verts remportent la Coupe de la Ligue avec un succès 1-0 contre le Stade Rennais. Et évidemment, "Capi", comme il est surnommé par ses coéquipiers, a été le chef de file de cette plaisante équipe portée par Pierre-Emerick Aubameyang (25 buts et 10 passes décisives toutes compétitions confondues, ndrl), et dirigée par Christophe Galtier. Un jeu porté vers l’avant (3e meilleure attaque de L1, ndlr), une cinquième place en Ligue 1 et une qualification européenne : Loïc Perrin connaît cette saison-là son exercice le plus prolifique de sa carrière avec 43 rencontres toutes compétitions confondues. Le sacre au Stade de France, et la communion surréaliste dans les rues de Saint-Etienne avec plus de 75 000 supporters des Verts, lui tireront même la larme à l’œil.

Pour cet enfant du Forez, ce titre fut la consécration et la récompense d’une carrière dédiée à un seul but : permettre à Saint-Etienne et ses supporters de retrouver leur prestige d’antan. Aujourd’hui, Loïc Perrin se donne donc le droit de "rêver" d’un deuxième titre en carrière. Cette fois-ci, c’est la plus belle des compétitions françaises, la Coupe de France, et face à l’ogre parisien. Un exploit pourrait alors lui assurer une fin royale. À l’image du joueur, et de l’homme.

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