Ça s'est passé un… 20 avril 2013 : la fin de 32 ans de disette pour Saint-Etienne
Pour sa dix-neuvième finale, la Coupe de la Ligue 2013 donne sa chance à deux clubs maudits. D’un côté, le Stade Rennais, qui n’a plus soulevé de trophée depuis sa Coupe de France de 1971. Pire, le club breton a perdu sa dernière finale contre le petit voisin guingampais en 2009. En face, l’AS Saint-Etienne et sa riche armoire à trophées attendent désespérément depuis 1981. Une éternité. Comme rarement, la Coupe de la Ligue s’apprête à faire des heureux en ce soir d’avril 2013. Après trois ans de domination marseillaise, et avant cinq victoires consécutives du PSG, ce trophée boudé va être fêté comme jamais par le Peuple Vert, de retour au sommet.
Les Verts plus qu’à moitié plein
En général, lorsque une immense vague verte déferle sur un pays, ce n’est pas bon signe. Pas de quoi inquiéter les Rennais qui, en bon Bretons, ont l’habitude des remous venus de l’Océan. Sauf que ce soir d’avril 2013, la déferlante verte qui s’abat sur eux provient du Forez, et d’un peu tout l’Hexagone. Au Stade de France, plus de 55 000 supporters de l’AS Saint-Etienne investissent les travées. Venu de Roanne avec son fils, Arnaud se souvient : "Rien que le trajet sur l’autoroute, c’était incroyable. Et alors quand on est arrivé au stade, la claque…". Ado à l’époque, Jules n’a pas eu cette chance : "J’ai regardé la finale seul, chez moi. Le foot et ma famille, ça fait deux..."
Grandiose, le décor est planté. Avant le coup d’envoi, Jacques Monty vient chauffer le virage stéphanois en reprenant son hymne culte. Sur le terrain, les plus forts, ce sont bien les Verts. L’AS Saint-Etienne de Christophe Galtier est sans doute à son apogée avec la génération Aubameyang - Guilavogui - Zouma. Après avoir sorti Lorient, Sochaux, le PSG d’Ancelotti et le LOSC (notamment via trois séances de tirs au but), les Verts arrivent gonflés d’ambition au Stade de France, avant de finir la saison cinquièmes. Pourtant, ce sont bien les Rennais de Julien Féret qui ouvrent les hostilités après vingt secondes, sur une frappe d’Erding. Dans la foulée, Saint-Etienne répond par une volée de Clerc, à côté.
Il faut attendre la dix-neuvième minute pour que « monsieur Coupe de la Ligue » en personne surgisse, pour délivrer les Verts. Brandao, double vainqueur du trophée avec l’OM, et buteur lors de la finale précédente contre Lyon, ouvre le score en reprenant du genou un délice de centre extérieur du pied d’Aubameyang. "Là, ça été la folie. L’émotion sur ce but, c’est la plus grande de ma vie", assure Arnaud, abonné depuis 2008 au kop nord de Geoffroy Guichard. Le reste du match voit quelques tentatives rennaises en réponse aux occasions stéphanoises, mais rien de plus. "Honnêtement, je ne me souviens pas du match. Il était assez ennuyeux non ? Pour nous, tout ce qui comptait c’était le coup de sifflet final", se souvient Arnaud.
Une petite coupe et puis s'en va
22h58. M.Buquet délivre le peuple stéphanois. "J’ai dû exulter en silence, pour ne pas réveiller mes parents, mais la joie était tellement intense. Je n’ai jamais revécu cela", témoigne Jules. Au Stade de France, ses camarades stéphanois n’ont pas ce problème : "Je ne sais pas combien on était, mais l’ambiance était exceptionnelle. Et l’émotion… Quand vous vous retournez, et que vous voyez votre fils de dix ans pleurer de joie grâce aux Verts…", se remémore Arnaud, avec la voix qui tremble. Il poursuit : "C’est très con parce que ce n’est que du foot. Je peux comprendre que plein de gens ne comprennent pas, mais en terme d’émotions, il n’y a pas d’équivalent. Et alors la fête dans Paris ensuite…".
Le lendemain, des dizaines de milliers de Stéphanois viennent fêter les héros, de retour de Paris. Perchés sur leur bus à impérial, les Verts mesurent le poids de leur victoire, bien qu’il ne s’agisse que d’une Coupe de la Ligue. "On se fait chambrer par des amis lyonnais là dessus, mais ils peuvent pas comprendre, ils n’ont pas la même passion. On attendait depuis 32 ans… Je suis né en 1976, je n’ai pas connu la grande époque des Verts. C’était ma première épopée", explique Arnaud. Originaire de Bourg-en-Bresse, bastion de supporters lyonnais, Jules se souvient surtout du lundi matin au lycée : "Personne n’était content, j’étais le seul avec un grand sourire au visage."
Sept ans plus tard, Saint-Etienne n’a pas ajouté d’autre ligne à son palmarès, mais a confirmé son retour au premier plan en terminant régulièrement en haut de tableau en championnat. "C’est dommage qu’on n’ait pas enchaîné dans ces Coupes, mais ce parcours nous a fait du bien pour la suite", analyse Arnaud. Pour Jules : "C'était la dernière grosse équipe de Sainté, il y avait une bonne ambiance, ça jouait bien. Depuis, c’est un peu plus compliqué". Avant la suspension de la saison face au Covid 19, Saint-Etienne s’était hissé en finale de Coupe de France face au PSG. Maintenant âgé de 22 ans, Jules comptait bien vivre celle-ci loin de son salon, au Stade de France : "J’étais un peu jeune finalement en 2013, j’aimerai revivre ce que le club a vécu ce jour-là".
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