Vingt ans après, Alex Dupont revient sur l'exploit de Gueugnon, seule équipe de Ligue 2 à avoir gagné la Coupe de la Ligue

Pour évoquer cette soirée exceptionnelle , terminée sous la pluie au Stade de France devant 77 000 spectateurs et en direct sur France 2 , il fallait absolument rencontrer Alex Dupont, son incroyable entraîneur de l’époque.

Alex Dupont est un bon gaillard de 65 ans. Il profite aujourd'hui de sa retraite d’homme de terrain, dans la petite commune de La Turbie, sur les hauteurs de Monaco. Non loin de la résidence d’été de la famille princière, avec son regard bleu profond, sa solide poignée de main et sa voix chaude, il nous reçoit sous le soleil de février. Et là, les souvenirs s’accumulent...

"Je me suis pris d'affection pour ces gens-là"

"Notre saison avait été fabuleuse. Cinquième de Ligue 2, on se paie le luxe de battre l’OM au Vélodrome 4-3 en 16e de Coupe de France et on sort essorés, d’une interminable séance de tirs au but en demie de Coupe de la Ligue (9-8) contre le Red Star. Nous voilà en finale avec cette équipe familiale, représentant une commune inconnue de Saône-et-Loire de 9000 habitants."

Car jusqu’en 2000, la France ignore tout de ce club. Né d’une fusion en 1940 d’un club de patronage et d’un club laïque de la ville, le FC Gueugnon, professionnel en 1987 seulement, rejoindra même la Ligue 1 en 1995, grâce aux exploits de la bande à Amara Traoré, son buteur sénégalais, auteur de 23 réalisations en une saison.

"Je ne savais même pas que Gueugnon était le leader mondial de l’acier inoxydable dans le monde depuis les années 60 où plus de 3700 salariés sont embauchés pour faire tourner les forges et fonderies créés au 18e siècle par le Marquis de la Tour-Maubourg, à cause de la richesse en minerais de son sous-sol. Je me suis pris d’affection pour ces gens-la, moi qui arrivais de Dunkerque", se souvient-il avec tendresse.

Jour de finale, le 22 avril. En face des modestes Gueugnonnais au maillot jaune un peu suranné, les stars du PSG entraînées par Philippe Bergeroo : Jay Jay Okocha, Laurent Robert, Ali Bernarbia capitaine et le gardien Dominique Casagrande...

Les Forgerons tiennent bon devant les assauts parisiens 

Arrive alors la 65e minute. Le milieu ivoirien de Gueugnon, Nicolas Esceth N’zi , déclenche une frappe de 30 mètres qui vient heurter la base du poteau de Casagrande. Avec le rebond, le ballon atterrit dans les pieds de l’Argentin Marcelo Trapasso... et Gueugnon mène 1-0 à la surprise générale ! La soirée magique des Bourguignons s’achève avec un deuxième but à la 90e minute. Sylvain Flauto, à 40 mètres du but, prend de vitesse cinq défenseurs parisiens et marque du gauche le but de la délivrance...

Dans son costume gris trempé par la pluie, Alex Dupont saute comme un cabri , la tête entre les mains. L’impensable s’est produit : Gueugnon bat le Paris St Germain 2-0 en finale de la sixième Coupe de la Ligue de l’histoire. Fête à Paris pour Alex Dupont et ses joueurs où figurait un remplaçant du nom de Xavier Collin, devenu entraîneur du club d’Epinal, héros de la Coupe de France cette année. Alex Dupont sera élu meilleur entraîneur de l’année 2000 par ses pairs. Hélas, il ne disputera pas la Coupe de l’UEFA avec les Forgerons car il a déjà signé pour un nouveau parcours avec Sedan qu’il conduira aussi en Coupe d’Europe.

Alex Dupont, un baroudeur

Alex Dupont est un baroudeur du foot français : il aime les challenges courts. Apres Sedan, il sauvera de la relégation le Stade Lavallois, Amiens puis le Stade Brestois.

Quant au FC Gueugnon, désormais entraîné par René Le Lamer, il se fera sortir de la Coupe d’Europe dès son premier match face a l’Iraklis Salonique 1-0. Puis le club bourguignon va péricliter pour se retrouver a partir de 2011 au plus bas de l’échelle amateur.

La plus belle histoire du club s’est bien écrite en cette année d’entrée dans le nouveau siècle. Seule une demi-finale de Coupe de France contre Monaco en 91 figurait au titre d’exploit jusqu’à ce 22 avril 2000. Et dans le regard d’Alex Dupont, perdu dans les eaux de la Méditerranée depuis son balcon, on lit volontiers cette jubilation d’avoir sorti le grand PSG, sur la pelouse du Stade de France devant la France entière.