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Brésil : avant le Mondial, la police de Rio s'empare de favelas touchées par le narcotrafic

La police de Rio et l'armée brésilienne ont pris possession dimanche matin, des favelas de la Maré pour les "pacifier", à deux mois et demi du Mondial de football.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le bataillon des opérations policières spéciales patrouille dans les favelas de la Maré, à Rio (Brésil), le 30 mars 2014. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

La police de Rio et l'armée brésilienne ont pris possession dimanche 30 mars, au matin, en quinze minutes et sans rencontrer de résistance, des favelas de la Maré pour les "pacifier", à deux mois et demi du Mondial de football.

L'occupation de ce fief du trafic de drogue peuplé de 130 000 habitants a nécessité la mobilisation de 1 180 policiers militaires de diverses unités, appuyés par 15 blindés, 132 policiers civils et quatre hélicoptères, a précisé le secrétariat à la Sécurité de l'Etat de Rio. Considéré comme l'un des endroits les plus dangereux de Rio, le Complexe de la Maré est situé à un point stratégique de la ville par où transiteront des dizaines de milliers de touristes pendant le Mondial. Il est bordé par les principaux accès routiers à Rio qui relient le centre aux banlieues de la capitale de 12 millions d'habitants. Le bataillon des opérations policières spéciales (Bope) a ouvert la marche, a constaté l'AFP, suivi d'un groupe de fusiliers marins postés aux intersections, les armes braquées vers les ruelles.

Brésil : policiers militaires et fusiliers marins investissent des favelas de Rio (EVN)

"L'Etat doit être présent partout à Rio"

Au petit matin, les échoppes ouvraient au milieu de détritus et dans les rues les gens affluaient, avec parmi eux des drogués au crack. La plupart des habitants croisés paraissaient agacés par ce déploiement militaro-médiatique, dans le vacarme assourdissant des hélicoptères survolant à basse altitude cet enchevêtrement de petites rues et de maisons misérables.

Si très peu acceptaient de parler à la presse, aucun ne souhaitait évoquer les trafiquants. "Moi je trouve que c'est très bien, l'Etat doit être présent partout à Rio", a dit à l'AFP Jorge, un camionneur sexagénaire refusant de donner son nom. "Maintenant, ça va dépendre des policiers qui vont s'installer ici. Parce qu'il y en a qui commettent des abus. S'ils commencent à entrer chez les gens comme ils veulent, à mettre leur pied dans ma porte, ça va mal se passer".

De nombreux journalistes étaient présents à cette opération d'envergure annoncée depuis une semaine et initiée par des opérations policières en amont. "La reprise du territoire par les forces du gouvernement est une bonne chose, mais la manière, sans respecter le droit des personnes, est plus délicate", estime Alberto Aleixo (46 ans), d'une association de développement locale. La militarisation de ce processus a un grand soutien dans la population. Cela donne des votes en période électorale". Certains y voient le baroud d'honneur du gouverneur de Rio, Sergio Cabral, qui devait démissionner lundi pour se consacrer à la campagne des élections sénatoriales d'octobre.

60 arrestations

Très impopulaire, il a dans son bilan la "pacification", processus qu'il a lancé en 2008, avec l'installation depuis lors de 38 unités de la police pacificatrice (UPP) dans 174 favelas, visant à en chasser les trafiquants de drogue qui y régnaient. A la Maré, les policiers ont d'ailleurs mis la main sur "de grandes quantités de drogue et d'armes" qui étaient cachées à proximité du Village olympique et d'une école publique, selon la chaîne GloboNews.

Lors d'opérations préalables à l'occupation, cette semaine, la police militaire a arrêté 60 personnes, dont Marcelo Santos das Dores, dans un quartier à l'ouest de Rio. Ce chef du narcotrafic, surnommé "Menor P", contrôlait pas moins de 11 favelas et avait, selon les médias, la réputation de dépecer ses victimes. Cette occupation s'apparente par son ampleur à celle du Complexe d'Alemao fin 2010, qui avait mobilisé 2 600 membres des forces de l'ordre.

Une occupation jusqu'à la fin juillet 

Les militaires doivent occuper la Maré jusqu'au 31 juillet, et au-delà si nécessaire, avant que la police de Rio y installe une 39e UPP avec 1 500 policiers de proximité. Ce déploiement militaire intervient dans une période de regain de violences, dont ces dernières semaines, une série d'attaques des UPP attribuées au crime organisé. Depuis janvier, huit policiers ont été tués, dont quatre membres des UPP.

Sergio Cabral en avait appelé aux autorités de Brasilia, et la présidente Dilma Rousseff avait autorisé les militaires à assurer la sécurité publique au côté de la police dans les rues. Rio de Janeiro accueillera du 12 au 13 juillet dans 12 villes du Brésil sept matchs du Mondial, dont la finale, au stade Maracana. En 2016, Rio accueillera les Jeux olympiques d'été.

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