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Coupe du monde 2018 : comment l'équipe d'Angleterre s'est inspirée de la NBA pour progresser

Le sélectionneur Gareth Southgate est allé piocher des idées au basket nord-américain pour améliorer le jeu de son équipe, notamment sur coups de pied arrêtés. Et  ça semble fonctionner.

Article rédigé par Raphaël Godet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
L'attaquant anglais Harry Kane accompagné du sélectionneur Gareth Southgate, le 7 juillet 2018, à Samara (Russie). (ALEXANDER NEMENOV / AFP)

Cela ne sautera pas aux yeux, mais il y aura un peu de NBA, mercredi 11 juillet, sur la pelouse du stade Loujniki (Moscou) lors de la seconde demi-finale de la Coupe du monde, entre l’Angleterre et la Croatie. Notamment, du côté des Three Lions. Depuis sa prise de poste il y a près de deux ans, le sélectionneur Gareth Southgate pioche ici et là des techniques pour améliorer le jeu de son équipe. Et le basket nord-américain lui en a donné quelques-unes…

C’est quoi le point de départ ?

En Angleterre, les fans ont encore en travers de la gorge l’élimination en 8e de finale de l’Euro 2016 contre l’Islande (2-1), et plus globalement ces années de vide intersidéral sur le plan international. Depuis qu'il a pris en main la sélection anglaise en septembre 2016, Gareth Southgate s'intéresse de près à ce qui se fait ailleurs... pour l'appliquer au jeu de son équipe.

Début février dernier, il s’envole pour les Etats-Unis. Direction Minneapolis, dans le Minnesota. Officiellement, il est là-bas pour le Super Bowl. Sur place, il en profite pour contacter un compatriote anglais. Pas n’importe lequel : Chris Wright, actuel patron du Minnesota United FC (le club de soccer de la ville) et ancien président des Timberwolves (le club de NBA). Il souhaite justement assister "à la rencontre entre les Wolves et les Pelicans de la Nouvelle-Orléans" qui a lieu, écrivent les deux journalistes de  Wall Street Journal (lien en anglais), à l'origine de l'enquête.

Que cherche-t-il? 

Ce n’est pas seulement pour profiter du spectacle. A quatre mois du début de la Coupe du monde en Russie, Gareth Southgate a une idée bien précise en tête : et si certaines techniques de NBA étaient applicables au foot ? "Si le foot et le basket sont deux sports bien différents, il existe des phases arrêtées au football où il est possible, à la manière du basket, de mettre en place des systèmes avec des déplacements précis du ballon et des joueurs", font remarquer nos confrères de Basket Info. En clair, l'ancien défenseur veut comprendre comment les équipes de NBA arrivent à créer de l’espace près du panier. C'est le fameux "pick-and-roll" au basket. Ce jour-là, avant et après la rencontre, il "bombarde" de questions les gens qui l’accompagnent.

Gareth Southgate a compris l'importance de travailler les coups de pied arrêtés et plus précisément dans le cadre d'une grande compétition internationale. Il a en tête que 11% des buts de la Coupe du monde 2014 ont été inscrits à la suite d'un corner par exemple. "Sur ce type de phases, il a noté l'efficacité des deux dernières équipes détentrices du trophée, écrivent nos confrères de Slate. En l'occurence l'Espagne et l'Allemagne."

Comment l'applique-t-il ?

De retour en Angleterre, Gareth Southgate débriefe son expérience américaine avec son staff. "On a identifié ces phases comme des moments-clés dans les tournois, et comme un élément sur lequel nous pouvons nous améliorer", explique le sélectionneur en conférence de presse. Pour aller plus loin, il demande à son adjoint, Allan Russell, d’étudier ces phases en profondeur. Et les joueurs s'exécutent à l'entraînement.

Il fait des sessions de finition avec nous, nous parle des défenseurs adverses, des gardiens, et nous dit où il est possible d’exploiter une faiblesse. Ce sont des petites choses qui nous donnent l’avantage.

Harry Kane, attaquant anglais

à la presse

Quels sont les résultats ?

Il suffit de regarder le détail des buts marqués par les Anglais depuis le début de la compétition. Huit sur onze l'ont été sur coup de pied arrêté. Trois fois sur penalty par Harry Kane, quatre fois sur corner (deux buts de Kane, un de Stones et un de Maguire). C'est plus que toutes les autres équipes.

Sur les coups de pied arrêtés nous sommes une véritable menace. Nous avons identifié ça comme un des domaines clés et un domaine dans lequel nous pouvions progresser.

Gareth Southgate, le manager anglais

à la presse

Le plus bel exemple de l'apport de la NBA dans le jeu anglais est certainement le but marqué par face au Panama, le 24 juin (victoire 6-1). Sur un corner tiré par Kieran Trippier, on aperçoit deux joueurs anglais (numéros 2 et 10) s’écarter du centre de la surface pour créer de l’espace pour les numéros 8 et 5 (dont John Stones le buteur).

Au même moment, Ashley Young (numéro 18, situé près de l’arbitre au moment du coup de pied) fait une sorte d’écran sur le défenseur qui marque Stones. Le défenseur de Manchester City se retrouve complètement seul au point de penalty. Il n'a plus qu'à placer sa tête : le ballon est au fond.

En demi-finale d’une Coupe du monde pour la première fois depuis 1990, les Anglais devraient une nouvelle fois utiliser leur arme fatale, mercredi 11 juillet, contre la Croatie de Modric. Paradoxalement, difficilement d'en dire autant en défense... En 8e de finale, la Colombie a marqué sur le tout premier corner concédé par les Anglais.

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