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Coupe du monde : faut-il craindre les supporters argentins, venus par milliers au Brésil ?

Un hooligan argentin a été arrêté samedi alors qu'il assistait tranquillement au match Argentine-Belgique. Il était pourtant interdit de territoire au Brésil.

Article rédigé par Boris Jullien
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Un supporter de l'Argentine avec un masque de Dark Vador aux couleurs de l'Albiceleste, lors du match contre l'Iran, le 21 juin 2014, à Belo Horizonte (Brésil). (SERGIO PEREZ / REUTERS)

Le dispositif de sécurité autour de la Coupe du monde vient d'être pris en défaut : un hooligan argentin interdit de stade, Pablo Alvarez, est parvenu à assister à plusieurs rencontres déguisé en supporter suisse. Il a été arrêté samedi 5 juillet à Brasilia pendant le quart de finale que disputait son pays contre la Belgique.

Entre 20 000 et 30 000 supporters de l'Albiceleste étaient présents ce jour là pour soutenir Lionel Messi et ses coéquipiers. Proximité géographique oblige, les Argentins sont présents en masse au Brésil. L'Argentine figure parmi les nations les plus représentées dans les tribunes des stades de ce Mondial, comme le montre cette infographie du nombre de billets achetés dans chaque pays. 

Mais plusieurs rencontres de l'Argentine ont été émaillées d'incidents, parfois violents, avec les supporters. Le Brésil doit-il craindre cette présence massive des voisins et grands rivaux argentins ?

Non, la plupart se la coulent douce à Copacabana

Ambiance camping sauvage et barbecue, sur la plage de Copacabana, à Rio. Les supporters de l'Albiceleste y dorment dans des tentes ou à même le sable, d'après l'AFP. D'autres, mieux lotis, vivent dans la trentaine de camping-cars immatriculés en Argentine et garés sur l'avenue Atlantica, qui longe la plage. De nombreux drapeaux et maillots aux couleurs de l'équipe nationale (le bleu ciel et le blanc) ou à l'effigie de Maradona décorent le paysage.

Un supporter vêtu du maillot de l'Argentine dort sous un palmier, sur la plage de Copacabana, à Rio (Brésil), le 16 juin 2014. (ALESSANDRO COSTA / AGENCIA ESTADAO / AFP)

Les éternels rivaux des Brésiliens cohabitent le plus souvent dans une ambiance arrosée, certes, mais bon enfant. Un habitant de Rio confie à l'AFP : "Cette invasion d'Argentins ne me dérange pas, tant qu'ils ne mettent pas le bazar comme samedi [28 juin]". Ce jour-là, la police a dû disperser au spray au poivre une bande de supporters argentins qui avaient bloqué l'avenue.

Les soirs de match, faute d'avoir des places au stade, les supporters de l'Albiceleste se retrouvent en nombre devant l'écran géant installé sur la plage carioca. Comme la plupart des touristes étrangers présents à Rio dont l'équipe est encore en lice dans cette Coupe du monde. Et c'est l'ambiance festive qui domine.

 Non, des mesures de sécurité ont été prises

Pas question que le hooliganisme entache la grande fête du football mondial, a décrété le gouvernement de Dilma Rousseff. Travaillant en étroite collaboration avec son voisin, l'état argentin a ainsi transmis une liste de 2 100 supporters connus pour des violences et interdits de stades en Argentine. Comme le montre le cas de Pablo Alvarez, ce dispositif n'est pas sans failles.

Néanmoins, grâce à ce fichier, une trentaine de hooligans argentins ont été empêchés d'entrer au Brésil pour assister à la Coupe du monde, mardi 24 juin, a indiqué le ministère de la Justice brésilien. Des policiers argentins ont également été envoyés au Brésil en renfort, révèle France Info.

L'objectif : empêcher les Barra bravas de pourrir l'évènement. "Ces groupes de supporters de clubs argentins sont souvent comparés aux hooligans, ou à des ultras, mais force est de constater qu'ils sont beaucoup plus dangereux que leurs cousins européens, explique So FootLeurs caractéristiques principales sont la violence, le trafic de drogue, le nationalisme, l'honneur du maillot et le goût de se battre."

Le Brésil a dépensé 590 millions d'euros pour la sécurité de la Coupe du monde. Au total, 170 000 policiers et militaires ont été réquisitionnés pour assurer le maintien de l'ordre. Outre des dispositifs de vidéosurveillance, le gouvernement brésilien s'est aussi doté de drones, de lunettes à reconnaissance faciale et de robots. 

Peut-être, des affrontements avec la police ont éclaté

Malgré tout, des heurts entre Argentins et Brésiliens ont fait un blessé, dans la nuit du 21 juin, à Belo Horizonte, en marge du match de poules entre l'Iran et l'Albiceleste. Les supporters se sont violemment affrontés, à coup de bouteilles, parfois. La police a dû faire usage de grenades assourdissantes pour disperser les belligérants. Quelques heures plus tard, des fans ont tenté de forcer la sécurité pour s'approcher du bus de leur équipe.

Une vingtaine d'Argentins, soupçonnés d'être entrés de façon irrégulière au Brésil, avaient été arrêtés plus tôt dans la journée. D'après le Huffington Post, plusieurs centaines d'entre eux pourraient se trouver au Brésil. Avant le début de la compétition, la police britannique craignait d'ailleurs qu'ils croisent la route de supporters anglais et cherchent la bagarre en raison des différents historiques qui ont opposé les deux pays (notamment la guerre des Malouines, en 1982). Ce qui, heureusement, ne s'est pas produit.

En 2010, en Afrique du Sud, rappelle Courrier International, une trentaine de supporters argentins avaient été expulsés, et un "ultra" était mort après une bagarre.
 

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