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Coupe du monde : Klose et Müller, deux "goleadores" à l'allemande

Avec leurs qualités et leurs styles respectifs, les deux buteurs de la Mannschaft ont emmené l'Allemagne en finale du Mondial.

Article rédigé par Boris Jullien
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Thomas Müller (numéro 13) et Miroslav Klose (numéro 11) après le deuxième but de l'Allemagne contre le Brésil, mardi 8 juillet 2014, en demi-finale de la Coupe du monde, à Belo Horizonte (Brésil). (CHRIS BRUNSKILL/NEWSCOM/SIPA / SIPA USA)

Le Mondial brésilien voit l'avénement d'une légende et de son successeur désigné. Miroslav Klose, 36 ans, est devenu, avec le match contre le Brésil, le meilleur buteur de l'histoire du Mondial. Son héritier est tout trouvé : un jour, Thomas Müller, 24 ans, dépassera vraisemblablement le total de 16 buts (pour l'instant) de son coéquipier sous le maillot de la Mannschaft. Le milieu du Bayern, avant-centre avec la sélection nationale, a déjà 10 réalisations à son compteur, et l'âge de jouer les deux prochaines Coupes du monde.

Ronaldo himself, le détenteur du titre honorifique jusqu'ici, s'est dit "persuadé" que Müller deviendra le recordman du nombre de buts inscrits. Le sélectionneur Joachim Löw dispose donc d'un redoutable duo de goleadores à l'allemande alors que la Mannschaft dispute la finale de la Coupe du monde, dimanche 13 juillet, contre l'Argentine.

Tueurs-nés

Les deux joueurs appartiennent à deux générations en or du football allemand. En jouant ensemble, ils font le lien entre Jens Lehmann et Michael Ballack d'un côté, et Philipp Lahm ou Bastian Schweinsteiger de l'autre. Des deux, c'est plutôt Müller qui semble le plus vieux, avec ses chaussettes baissées, dignes d'un joueur des années 1970. "Miro", l'aîné, paraît plus jeune, sous ses faux airs d'éternel adolescent. "De fait, écrit So Footles années passent, mais ne semblent pas vraiment avoir d'influence sur l’attaquant allemand", qualifié de "buteur atemporel".

Des joueurs allemands se congratulent, notamment Thomas Müller (numéro 13), lors de leur match face au Portugal, le 16 juin 2014, à Salvador de Bahia (Brésil). (MAXPPP)

Ni franchement spectaculaires, ni particulièrement surdoués, Thomas Müller et Miroslav Klose compensent par un sens du but inné. Affables et simples, dit-on, les deux Allemands se muent en tueurs-nés devant les cages adverses. Avec une efficacité toute germanique : le premier a tenté 16 tirs et marqué 5 fois, le second a frappé 6 fois et inscrit 2 buts.

Le renard et monsieur Tout-le-monde

Klose est ce qu'on appelle un "renard des surfaces" : il récupère les ballons qui traînent près du but. Milieu à l'origine, Müller, lui, est polyvalent et, de l'aveu de Joachim Löw, c'est "un joueur peu orthodoxe". "Je ne sais pas moi-même en tant qu'entraîneur les déplacements qu'il fait", confie-t-il, ce qui le "rend très difficile à marquer"Cité par Le Monde, Müller se décrit comme un "interprète d'espace". Pas un dribbleur, ni un pur attaquant. "Je sais que je n'ai pas un style très élégant, reconnaît-il. Je ne suis pas un magicien. Mais je suis imprévisible, et je sais ce qu'il faut faire : aller là où ça fait mal, ne jamais rien lâcher." Ce qui fait de lui un redoutable joueur offensif.

Celui qui porte le nom le plus courant en Allemagne a connu le début de carrière somme toute très classique d'un joueur pro : il grandit à Weilheim, une commune de Bavière de 20 000 habitants, commence le foot dans l'équipe du coin, le TSV Pähl, et se fait repérer à 10 ans par le Bayern Munich. Depuis, il n'a cessé de jouer pour son club de formation. Cette saison, il a inscrit 13 buts en Bundesliga et 5 en Ligue des champions.

Salto et fair-play

Miroslav Klose, lui, a une trajectoire plus étonnante. Il est né en Pologne, d'un père footballeur, nommé Josef, ancien joueur à l'AJ Auxerre. Il quitte son pays à 8 ans pour les banlieues grises de Kaiserslautern, en Allemagne. Il s'intègre sur le tard, grâce au sport. "J'ai longtemps préféré parler la langue de mon pays. C'est le football qui m'a permis d'avoir des copains, de me plaire à l'école", racontait le joueur en 2006, cité par La Dépêche. "Quand on composait les équipes dans la cour, tout le monde me voulait." L'histoire ne dit pas s'il célèbre ses buts d'un "salto" depuis la cour de récré.

Miroslav Klose célèbre son 15e but en Coupe du monde avec un "salto", le 21 juin 2014, contre le Ghana, à Fortaleza (Brésil). (MARCUS BRANDT / DPA / AFP)

Retour sur la pelouse. Là, les deux joueurs ont la même science du but, on l'a dit. En revanche, ils n'ont pas les mêmes manières. En bon "renard des surfaces", Klose est malin, rusé. Thomas Müller fait davantage preuve de vice. Le Portugais Pepe a pris un rouge, en match de poules, après une simulation flagrante de l'Allemand. Et l'attaquant a réitéré contre la France. Klose se montre plus fair-play, voire gentleman, comme quand, avec la Lazio, en 2012, il signale à un arbitre qu'il a marqué de la main, et lui demande d'annuler le but. En 2005, avec le Werder de Brême, il avait refusé que l'arbitre lui accorde un penalty, pensant qu'il n'y avait pas faute.
 
Avec ses deux buteurs au sang-froid et à l'efficacité impressionnante, mais aux styles différents, l'Allemagne de Joachim Löw a deux atouts de choix pour la finale – voire un joker si Klose débute sur le banc. Sans compter les autres grands talents de l'équipe, et le collectif très huilé de la Mannschaft, mis en place depuis... l'ère Klose-Ballack-Lehmann.
 

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