Drapeaux "ostentatoires", mariages bruyants, "mendicité agressive"... Les arrêtés polémiques d'Estrosi
Pour lutter contre les "débordements" de supporters lors du Mondial, le maire de Nice a interdit "l'utilisation ostentatoire" de drapeaux étrangers dans sa ville. Une mesure controversée, qui a tout d'une habitude chez cet élu UMP.
Pour éviter les débordements lors du Mondial, Christian Estrosi a trouvé une solution : interdire "l'utilisation ostentatoire" des drapeaux dans l'hypercentre de sa ville de Nice (Alpes-Maritimes). Le maire a pris un arrêté en ce sens, lundi 30 juin, valable pour toute la durée de la Coupe du monde de football.
L'élu UMP n'en est pas à son coup d'essai : mariages, mendicités, couvre-feu... Christian Estrosi dégaine régulièrement un arrêté municipal pour tenter, argue-t-il, de faire régner l'ordre. Ce qui n'empêche pas la ville d'avoir des résultats contrastés en matière de sécurité. Certes, au premier semestre 2014, les atteintes aux biens y ont diminué de 6% selon la préfecture des Alpes-Maritimes, citée par Metronews. Mais d'après un classement de L'Express, publié à la fin 2013, Nice arrive à la 401e place sur 408 pour les atteintes aux biens et 389e pour les violences aux personnes.
Mariages bruyants, "mendicité forcée", couvre-feu... Francetv info récapitule les précédentes initiatives de Christian Estrosi.
Contre les drapeaux "ostentatoires"
Il ne cite pas nommément les supporters algériens, mais Christian Estrosi dénonce "les débordements" survenus en France dans la nuit du 26 au 27 juin, après la qualification des Fennecs en huitièmes de finale du Mondial de football. Pour les empêcher dans sa ville, le maire UMP a donc choisi d'interdire "l'utilisation ostentatoire" de drapeaux dans certains quartiers.
"Depuis le début de la Coupe du monde, nous sommes malheureusement confrontés à des comportements intolérables qui nuisent à la tranquillité publique, se justifie Christian Estrosi dans un communiqué. Ils sont l'exemple de la perte d'autorité de l'Etat." L'élu entend ainsi "veiller au respect des symboles de la République française".
Contre les mariages bruyants
Dites-vous "oui", mais en silence, s'il vous plaît. Depuis le 1er juin 2012, les mariages à Nice sont encadrés par une "charte" pour éviter que "la quiétude, la tranquillité et la solennité de l'instant" ne soit troublée.
Christian Estrosi a ainsi ciblé les "cris", les "sifflets", la "musique", les "groupes folkloriques sans autorisation", les "bousculades sans discontinuité" et, déjà, les drapeaux "notamment étrangers". A l'époque, l'opposition PS s'était émue de cet arrêté, dénonçant des mesures "destinées à stigmatiser les personnes originaires des pays du Maghreb".
Contre les mineurs seuls dans la rue
Un peu plus d'un an après son installation dans son fauteuil de maire, Christian Estrosi a instauré à la fin 2009 un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans. "Nous sommes tous parents, grands-parents, expliquait l'élu à l'époque, rappelle Paris Match. Et l'idée de savoir que notre enfant de 10 ou 11 ans, seul ou, a fortiori, accompagné d'autres jeunes, puisse se promener après 23 heures dans les rues d'un centre urbain est impensable."
Avec cette mesure, Christian Estrosi entendait empêcher que les enfants ne soient conduits vers la délinquance ou ne deviennent des victimes. La mesure avait suscité les critiques de la gauche, explique Marianne. "Pour essayer d'agréger l'électorat de la droite la plus dure autour de lui, il faut durcir le ton", avait dénoncé Benoît Hamon, alors porte-parole du PS.
Contre la "mendicité agressive" et les "vagabonds"
Christian Estrosi veut une voie publique impeccable. Pour y parvenir, le maire a d'abord pris un arrêté contre la "mendicité agressive", début 2012. Objectif : lutter contre les "réseaux qui exploitent des enfants même très jeunes, pour les envoyer mendier, voler ou détourner par la ruse la générosité des Niçoises et des Niçois".
A la fin 2013, l'élu UMP prend un nouvel arrêté pour permettre "à la police municipale de contrôler les populations qui vagabondent dans la rue, notamment les Roms". En conférence de presse, il liste les troubles causés par les personnes installées ainsi sur la voie publique : "Installation de matelas sur les trottoirs", "dépôt de détritus", "déjections" et "odeurs nauséabondes", rappelle France 3 Côte d'Azur. Cet arrêté "anti-bivouac" a été suspendu par la justice, au motif qu'il portait atteinte de façon "disproportionnée" aux libertés individuelles.
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