ENQUETE FRANCEINFO. Pourquoi y a-t-il si peu de cas de dopage dans le football ?
Le football est 100% propre", jure Cristiano Ronaldo la main sur le cœur. "Je n'ai jamais vu de dopage dans le foot et je doute d'en voir un jour", assurait l'ex-sélectionneur espagnol Vicente Del Bosque. Le coach de Liverpool Jürgen Klopp, lui, déclare "avec conviction" qu'"il n'y a pas de dopage dans le foot". Sepp Blatter, ancien patron de la Fifa, reprenait la métaphore de l'âne et du cheval de course, devenue un cliché en cyclisme : "Il n'existe aucun produit capable de faire d'un mauvais joueur un bon joueur et d'un bon joueur un grand joueur". Affaire classée ? Le dopage dans le foot n'existe pas, martèlent les stars du sport roi.
La preuve, quand les révélations du lanceur d'alerte Grigory Rodchenkov entraînent l'exclusion des athlètes russes des Jeux olympiques de Rio et Pyeongchang, les footballeurs, eux, passent à travers des mailles du filet. La Fifa a classé l'affaire en catimini à un mois de la Coupe du monde. L'instance a beau jeu d'affirmer être épargnée, les contrôles positifs se comptent en effet sur les doigts d'une main. Le dernier gros poisson pris dans les filets lors d'une Coupe du monde s'appelle Diego Maradona, chopé les mains dans le pot de cocaïne lors du Mondial américain de 1994. Faut-il pour autant en conclure que les joueurs carburent à l'eau claire ? On peut avoir hélas de gros doutes.
Un problème qui reste au vestiaire
Je ne m'explique pas pourquoi on a si peu de contrôles positifs d'une façon générale", s'étonne Damien Ressiot, le directeur des contrôles de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). Jeudi 31 mai, à l'heure où blanchit la campagne, il s'est rendu à Clairefontaine en compagnie d'un médecin pour contrôler les joueurs de l'équipe de France au saut du lit. Les contrôles inopinés et hors compétition, c'est le nec plus ultra pour attraper les tricheurs. De préférence le matin, pour ne pas (trop) chambouler le programme de l'équipe. "On leur avait dit de ne pas uriner au réveil, 21 des 23 joueurs ont suivi la consigne et ceux-là étaient libres à 10 heures." Pour les deux étourdis, le contrôle s'est prolongé jusqu'à 12h30. "Mais les joueurs sont habitués et se sont comportés en professionnels."
Les choses s'étaient moins bien passées quelques semaines plus tôt, quand les dirigeants de l'OM s'étaient émus que leurs joueurs doivent faire pipi dans l'éprouvette de bonne heure, à la veille de leur demi-finale, puis de leur finale de Ligue Europa. "Leur réflexe demeure 'on ne touche pas au sport roi', commente Marie-George Buffet, députée communiste et ancienne ministre des Sports. Sauf que cette fois, l'agence antidopage a répliqué et que les médias n'ont pas pris parti pour l'OM."
La réaction épidermique des dirigeants marseillais rappelle cet acte manqué de l'antidopage français, lors d'un contrôle des Bleus d'Aimé Jacquet, un matin de décembre 1997 à Tignes, en plein stage d'oxygénation. Acte manqué, car la colère du sélectionneur, qui crie au complot contre son équipe, trouve un large écho dans la presse nationale, au point que son équipe est dispensée de contrôles jusqu'au Mondial. Acte manqué aussi car des analyses de sang ont révélé des "anomalies" chez plusieurs joueurs, écrit le docteur Jean-Pierre Paclet, médecin de l'équipe de France, dans son livre. "On peut avoir de forts soupçons quand on connaît les clubs où certains joueurs évoluaient, notamment en Italie", ajoute le spécialiste en référence à Zinédine Zidane et Didier Deschamps, qui évoluent alors à la Juve. En première ligne, la ministre des Sports Marie-George Buffet se retrouve dans l'œil du cyclone.
<span>J'en ai pris plein la figure...</span>
"L'opinion publique avait pris fait et cause pour les Bleus", soupire celle qui est toujours députée communiste de Seine-Saint-Denis. "À Matignon, les responsables du cabinet de Jospin me disaient : 'N'allez pas gâcher la fête'", raconte Alain Garnier, qui chapeautait la lutte antidopage au ministère, dans le livre Zidane, une vie secrète. Cette immunité accordée aux Bleus se poursuit pendant la compétition, où Zinedine Zidane n'est pas contrôlé, après son expulsion contre l'Arabie saoudite, alors que c'est la procédure pour tout joueur ayant reçu un carton rouge. Ni la Fifa, ni le ministère des Sports ne l'expliquent.
Alors que l'affaire Festina entraîne en 1998 un grand coup de balai dans le cyclisme, le procès de la Juventus de Turin se solde, lui, en 2002 par un coup d'épée dans l'eau. On y apprend pourtant que le club turinois disposait de la pharmacie digne d'un hôpital d'une ville de 50 000 habitants avec plus de 280 types de médicaments. Et que Didier Deschamps dispose d'un taux d'hématocrite qui dépasse régulièrement les 50%, limite haute fixée par les scientifiques.
Circulez, il n'y a rien à voir, oppose l'actuel coach des Bleus à ceux qui fouillent son passé médical. Comme Jean-Jacques Lozach, sénateur socialiste, rapporteur de la commission de lutte contre le dopage lancée en 2013, qui se souvient d'un "DD" sur la défensive lors de son audition : "Quand on l'a interrogé là-dessus, il nous a renvoyé au procès de la Juventus, où il n'y a pas eu de jugement en raison d'un vice de procédure."
Il faut dire que le but de ce procès emblématique n'était pas vraiment de faire un grand ménage. "Le juge avait été nommé précisément parce qu'il n'y connaissait rien, se souvient Gérard Dine, professeur de biotechnologie qui a participé à l'instruction en tant qu'expert. C'était un spécialiste du droit du travail et dans son esprit, les joueurs étaient les victimes d'un système qui les obligeait à prendre des produits pour tenir les cadences."
Logiquement, le médecin de la Juventus, Riccardo Agricola, écope de la peine la plus lourde en première instance : un an et dix mois de prison. Blanchi après une dizaine d'années de procédure, il vient à nouveau d'être embauché par la Juventus. Sans que personne s'en émeuve vraiment en Italie.
Des pratiques révolues ? Luis Horta pourrait nuancer ce bel optimisme. Quand ce Portugais débarque à la tête de l'Agence antidopage brésilienne en 2014, il n'imagine pas tomber dans un panier de crabes. D'un côté, le manque de volonté politique des responsables brésiliens. De l'autre, le mépris ostensible de la Confédération brésilienne de football, qui organise son propre système de contrôles, "destiné à ne surtout rien trouver", soupire-t-il. Luis Horta raconte un échange surréaliste avec le médecin-chef de la CBF, juste après avoir longuement exposé les modalités d'un système de contrôle efficace.
"Vous savez Luis, je pense que les contrôles hors compétition ne servent à rien.
– Mais je viens de prouver le contraire !
– On fait des tests après les matchs, comme les joueurs jouent tous les trois jours, ils n'ont pas le temps de se doper entre deux.
– Je viens de démontrer l'inverse. L'hormone de croissance disparaît en 48 heures de l'organisme par exemple !"
Des années plus tard, rien n'a changé au Brésil, déplore cet expert. Des médecins sulfureux comme le docteur Julio Cesar Alves se sont ainsi fait piéger par la chaîne allemande ARD. Dans le documentaire Brazil's Dirty Game, le praticien reconnaît, en caméra cachée, pour se faire mousser, avoir dopé du beau monde, dont le célèbre latéral Roberto Carlos. Ce dernier a aussitôt démenti, mais le doute demeure, faute de vraie réaction des autorités brésiliennes. "À ma connaissance, le programme antidopage que nous avions élaboré pour le football n'est toujours pas mis en place", souffle Luis Horta.
Des contrôles aux performances douteuses
La Fifa a fini tardivement par se pencher sur le problème. Bonne dernière parmi les grandes fédérations sportives à avoir signé la charte de l'Agence mondiale antidopage, elle introduit les contrôles sanguins sur les joueurs dès le Mondial 2002 – aucun résultat n'a filtré – avant de faire l'impasse en 2006 et 2010. "Ce serait une perte de temps, d’argent et d’énergie que de faire des contrôles sanguins", se défendait Jiri Dvorak, le médecin chef de l'instance. Pour ce Mondial en Russie, les joueurs subissent des contrôles sanguins et urinaires, comme c'est la norme dans le vélo ou l'athlétisme.
Prélever des échantillons, c'est bien, mais savoir quoi chercher, c'est mieux. "Au total, on cherche environ 400 substances dans les échantillons des footballeurs, détaille le professeur Mario Thevis, qui dirige le laboratoire de Cologne, référence en matière de lutte antidopage. Ensuite, on y ajoute des substances spécifiques au sport pratiqué – comme les bêta-bloquants, qui ralentissent la fréquence cardiaque dans les épreuves de tir. Dans le foot, l'AMA préconise de tester 10% des échantillons pour traquer l'hormone de croissance, et 10% autres aux dérivés de l'EPO."
Pour mesurer la difficulté de la tâche, sachez qu'il existe environ 180 dérivés de l'EPO, dont beaucoup ne sont pas détectables, d'autres pas encore commercialisés, et que le mode d'injection par micro-doses rend compliqué d'en retrouver des traces. Bref, la tâche des contrôleurs ressemble fort à un problème insoluble.
Ce n'est pas faute d'essayer. En 2016, l'AMA recense pour le seul football 33 000 échantillons testés, urine et sang, compétition et hors compétition confondus. "A peu près autant qu'en athlétisme et bien plus que dans le cyclisme", illustre Michel Audran, directeur du département des analyses de l'Agence française de lutte contre le dopage. Selon l'AFLD, un footballeur international de haut niveau, évoluant au Paris Saint-Germain par exemple, est ainsi contrôlé cinq ou six fois dans la saison. Beaucoup d'efforts pour un résultat dérisoire. Seuls quelques footballeurs d'Europe de l'Est sont pris par la patrouille pour des produits qui étaient à la mode à l'époque du Rideau de fer et une poignée de joueurs européens sont inquiétés sans grandes conséquences sur leur carrière à l'image de Mamadou Sakho. Le Péruvien Paolo Guerrero, contrôlé positif à une substance figurant dans la cocaïne, a même vu sa suspension levée pour ce Mondial, grâce au lobbying de joueurs du monde entier, dont le capitaine des Bleus Hugo Lloris.
Dans le championnat de France, les derniers contrôles positifs d'envergure remontent à la fin des années 1990, quand l'international Christophe Dugarry et des tauliers de la D1 comme Antoine Sibierski, Cyrille Pouget ou David Garcion affichent de la nandrolone dans leurs urines (un stéroïde anabolisant qui permet de gagner du muscle). Le docteur Jean-Pierre de Mondenard, héraut de la lutte antidopage, raconte la suite : "Ce qui s'est passé, c'est que le test de détection de la nandrolone avait été amélioré et permettait d'aller chercher à des seuils bien plus bas que par le passé, autour de 5 ou 10 nanogrammes par millilitre quand c'était 50 ou 100 auparavant."
La nandrolone est produite en très faible quantité par l'organisme, mais pour plusieurs joueurs, les seuils sont explosés : Christophe Dugarry affiche par exemple 6 ng/ml quand "au-dessus de 0,5 ng/ml il n'y a plus aucun doute", racontait une scientifique à Libération à l'époque.
L'ancien avant-centre des Bleus s'en sortira grâce un vice de forme, le médecin qui l'a contrôlé n'étant pas encore assermenté le jour du test. D'autres plaideront la bonne foi, comme l'achat de compléments alimentaires contaminés en Belgique pour le Lillois David Garcion, qui a été suspendu six mois. Depuis, plus aucun joueur n'a été pris par la patrouille. "C'est pareil avec le meldonium, le produit avec lequel Maria Sharapova a été prise", poursuit le docteur.
Une fois qu'il y a un cas médiatique, les tricheurs se détournent de ces produits.
Ceux qui suivent au plus près les joueurs, les médecins des clubs, ont déjà eu affaire à des profils douteux. Dans ces cas-là, le linge sale se lave en famille. "J'ai déjà eu des soupçons sur un jeune joueur qui présentait des paramètres suspects, raconte un ancien médecin d'un club de l'élite. Il était à la porte du groupe pro, mais quand j'en ai parlé à l'entraîneur, il n'est jamais apparu en équipe première."
Pourtant, à en croire les observateurs, c'est en Coupe d'Europe que des métamorphoses suspectes interviennent. Fabrice Bryand, chez les Canaris nantais depuis deux décennies, manie la périphrase. "Je me rappelle de techniciens partis superviser nos adversaires en Coupe d'Europe, qui reviennent en disant que les gars d'en face n'avancent pas, grince-t-il. Et le jour du match, on encaisse six buts."
<span>Dans le tunnel, on les sentait déjà bien énervés. Nos observateurs nous assuraient que ce n'étaient pas les mêmes que trois jours plus tôt...</span>
Argument de mauvais perdant, souvent brandi par les dirigeants français en Coupe d'Europe ? Pas forcément. Une enquête de l'UEFA, réalisée anonymement sur les sportifs, pointe le fait que 8% des joueurs ayant participé à la Ligue des champions entre 2008 et 2013 présentent un profil stéroïdien suspect, ce qui induit la possibilité d'une prise de produits pour améliorer la performance. De quoi alimenter les soupçons.
Des joueurs qui se mettent hors-jeu
Car si les autorités parviennent à détecter le dopage du pauvre, celui du riche gravite dans une autre dimension. Un exemple valant mieux qu'une longue explication, Gérard Dine, expert du dopage en France, nous invite à nous pencher sur le cas Samir Nasri. Le meneur de jeu tricolore, dont la carrière s'enlise à Séville, apparaît à la fin 2016 sur un tweet d'une clinique californienne.
"Drip Doctors" se gargarise de lui avoir fourni un traitement intraveineux "afin qu'il garde la forme". Une pratique interdite par l'AMA, sauf autorisation thérapeutique. La sanction tombe : six mois de suspension. "Prenez la clinique californienne où Samir Nasri s'est bêtement laissé prendre en photo. Cet établissement utilise un mélange de produits, qui contiennent notamment des hormones de croissance. Certains de ses produits ne sont considérés comme dopants qu'en fonction de leur mode d'administration... mais ne restent que quelques heures dans l'organisme".
Samir Nasri is set to be banned from football for six months because of a drip treatment he took at clinic in LA in 2016.
— BBC Sport (@BBCSport) 26 février 2018
Yep, that drip treatment. ????https://t.co/UhK4aF74w7 pic.twitter.com/TQHDmzPzwp
Sans ses tweets, l'UEFA n'aurait pas pu sanctionner le joueur français, dont rien n'indique qu'il s'agisse d'un cas isolé.
Avec le dossier Nasri, on se trouve en plein dans la zone grise qui existe actuellement, avec les bioproduits potentiellement dopants. Des produits qui coûtent des milliers d'euros, du dopage high-tech.
D'où cette question légitime : le contrôle antidopage sert-il encore à quelque chose ? Les plus grands scandales de dopage, de l'affaire Festina à celle d'Armstrong en passant par le procès de la Juventus Turin, sont tous nés d'une dénonciation ou d'une enquête de police. À l'AFLD, Damien Ressiot explique être à la tête d'une cellule investigation composée de plusieurs policiers dont le travail consiste à surveiller les faits et gestes des joueurs, sur les réseaux sociaux notamment : "Il y a des modes, des thérapeutes qui deviennent des gourous... Quand je vois des joueurs s'envoler pour les États-Unis pour subir une opération somme toute banale, et totalement accessible en Europe, je les contrôle immédiatement à leur retour."
Les lanceurs d'alerte sont à la mode, et le formulaire permettant de signaler un cas de dopage sur le site de l'AFLD connaît un vif succès (près d'une infraction sur six est détectée grâce à un signalement)... Sauf dans le ballon rond, où l'omerta demeure. Comme le déplorait le procureur qui a instruit l'affaire du dopage institutionnalisé à la Juventus, s'il y en a dans la mafia, "les repentis dans le foot, ça n'existe pas".
Une pilule qui passe à la Fifa
Jonathan Sachse a lui cherché de l'info de première main. Faute de confidences de joueurs, ce journaliste allemand décide de fouiller les poubelles des sélections lors de l'Euro 2016 pour le site spécialisé Fuβball Doping. Avec des surprises : "Dans le camp de base de l'Italie, à Montpellier, même les éboueurs n'avaient pas le droit de toucher aux poubelles de la Nazionale, raconte Jonathan Sachse. Celles de l'Allemagne étaient entreposées dans un endroit inaccessible au public. Les seules que nous avons réussi à récupérer, ce sont celles de l'Ukraine, qui venait d'être éliminée."
A l'intérieur, rien de compromettant ou presque : des seringues usagées, des boîtes d'anti-inflammatoires et des antihistaminiques, des tablettes de charbon végétal, et deux sachets contenant du glucose. Sachant tout de même qu'une perfusion de glucose n'est préconisée que pour un marathonien en état d'épuisement. "Un traitement à réserver aux situations d'urgence", tranche Perikles Simon, spécialiste à l'université de Mayence. Pas spécialement pour un footballeur qui a couru ses 10 km dans un climat tempéré.
Ça vous choque ? La Fifa est parfaitement au courant. L'instance a mis en lumière que 40% des joueurs disputant la Coupe du monde 2014 prenaient des médicaments avant chaque match. Et deux tiers d'entre eux ont avalé au moins un cachet pendant leur séjour au Brésil. Une surmédicamentation qui donne lieu à des comportements à risques, comme celui de l'ex-défenseur de Liverpool Daniel Agger, qui avalait deux ibuprofènes au saut du lit, et un cocktail de caféine et de boisson énergétique avant l'échauffement. Ou Dejan Lovren, le défenseur croate, qui expliquait prendre cinq comprimés antidouleur avant chaque match. Fabrice Bryand, ancien médecin des Bleus sous l'ère Laurent Blanc, revient sur cette surmédicamentation.
On était obligé de déclarer chaque traitement pris par chaque joueur à l'UEFA pendant l'Euro 2012. Et certaines équipes avaient des listings à rallonge...
L'avenir de la lutte antidopage passe-t-elle par la case police ? À en croire un ancien enquêteur spécialisé dans le dopage, les moyens alloués à l'Oclaesp, l'organisme qui lutte contre le trafic de produits dopants, ne sont pas adaptés. "Filocher Bernard Sainz [surnommé "Docteur Mabuse" dans le milieu du sport français] ça nous prenait une demi-douzaine d'hommes, alors que nous n'étions qu'une dizaine. Sur le Tour de France, on devait demander du renfort au GIGN pour surveiller les cyclistes. Alors garder les footballeurs à l'œil..." N'allez pas croire que les pandores ne savaient rien. Au contraire. "De temps en temps, on avait un tuyau sur des cyclistes et des footballeurs qui fréquentaient le même hôtel dans la région nantaise, ou alors un hôtel de la région lyonnaise qui était devenu une base-arrière pour des transfusions sanguines... Mais on n'a jamais pu le prouver."
Ces nombreuses zones grises doivent-elles doucher notre enthousiasme pour les performances des stars de la Coupe du monde ? Pas forcément. Pour nombre d'observateurs, le soin que prend Cristiano Ronaldo, par exemple, à entretenir son corps – avec ses mille abdos par semaine – en fait un formidable athlète moins enclin au dopage. N'empêche. Gilles Goetghebuer, directeur du magazine spécialisé Sport et Vie, ne cache pas son fatalisme : "Le foot est peut-être le sport le plus hypocrite sur les questions de dopage. Et le pire, c'est que ça marche."
Enquête : Pierre Godon