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Foot, hand, basket... la domination de l'Espagne dans les sports collectifs est-elle (enfin) terminée ?

L'élimination de la Roja dès le premier tour du Mondial intervient après une série de revers inédits dans d'autres disciplines pour cette nation d'habitude brillante.

Article rédigé par Boris Jullien
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le défenseur Sergio Ramos, dépité après la défaite de l'Espagne contre le Chili et l'élimination de son équipe de la Coupe du monde, le 18 juin, à Rio (Brésil). (LLUIS GENE / AFP)

L'Espagne tombe de son trône. Tenante du titre, la Roja est éliminée de la Coupe du monde, après sa défaite contre le Chili (2-0), mercredi 18 juin. Après avoir accroché une étoile sur son maillot en 2010 et raflé deux championnats d'Europe en 2008 et 2012, Iker Casillas, Andres Iniesta et compagnie sortent la tête basse, dès leur deuxième match de la compétition. "Tout mon respect et toute ma reconnaissance au football espagnol pour ces six années merveilleuses. On ne l'oubliera pas", s'est ému Radamel Falcao, l'attaquant colombien de l'AS Monaco, dans un tweet.

Cette élimination marque donc une fin de règne. Car l'Espagne a dominé le football mondial, mais aussi de nombreux autres sports, relève Sud Ouest. Au basket, les frères Gasol et leurs coéquipiers ont remporté les championnats du monde en 2006, les championnats d'Europe en 2009 et 2011 et ont été vice-champion olympique en 2008 et 2012. De son côté, l'équipe féminine a gagné les championnats d'Europe en 2013 aux dépens de la France. En handball, les Ibériques ont aussi remporté les championnats du monde de 2013. Assiste-t-on à la fin d'un âge d'or ?

Oui, les champions ne sont pas éternels

Sur la pelouse du mythique stade Maracana, à Rio de Janeiro, Sergio Ramos et Andres Iniesta, deux cadres espagnols, ont paru épuisés et à bout de souffle après une longue saison : certains joueurs avaient plus de 50 matchs dans les jambes. En moyenne, les Espagnols ont disputé 38,4 rencontres cette saison, a calculé le site Quartz (en anglais). Soit trois de plus que les Français et sept de plus que les Belges. L'indice de fraîcheur des joueurs de la Roja était ainsi un des plus bas, juste derrière celui de l'Allemagne. 

A cela s'ajoute un vieillissement de l'équipe. Xavi, 34 ans, métronome de la sélection et du FC Barcelone, a assisté à la rencontre face au Chili depuis le banc, lui qui a grandement participé aux précédents titres de la Roja. Il devrait bientôt annoncer sa retraite internationale et s'apprête à quitter le Barça pour couler des jours plus tranquilles au Qatar. Iker Casillas, 33 ans, a probablement disputé, lui aussi, son dernier match avec la Roja. Une page se tourne, après le départ de Carles Puyol, défenseur chevelu récemment retraité.

Oui, la Roja enchaîne les revers dans d'autres sports

En handball, la Roja se hisse au plus haut niveau mondial en 2013. Avant que les Experts français ne battent les Espagnols en demi-finale lors des championnats d'Europe, à la fin janvier, pour reconquérir leur titre. Une revanche dans une rivalité consommée entre l'Hexagone et ses voisins ibériques.

Pendant de longues années, l'équipe de France de basket a buté sur l'Espagne, bête noire des Bleus, qui les élimine toujours des grandes compétitions. Un scénario qui se répète en quarts de finale en 2008 lors des championnats d'Europe, au même stade de la compétition lors des JO 2012 et en finale du championnat d'Europe en 2011. Mais en 2013, lors des championnats d'Europe en Lituanie, Tony Parker et les siens sonnent la révolte. Au terme d'un incroyable retournement de situation, les Français battent l'Espagne en demi-finale, et remportent le titre dans la foulée. 

S'il ne s'agit pas de minimiser ce succès, il ne faut pas non plus omettre que l'Espagne jouait cette année-là sans Juan Carlos Navarro et Pau Gasol, deux stars du cinq ibérique. En cause : leur âge ne leur permet plus d'enchaîner une saison en club et les compétitions internationales durant l'été. Les deux joueurs avaient décidé de faire l'impasse pour se reposer et revenir lors... du Mondial de basket, qui aura lieu du 30 août au 14 septembre en Espagne.

Non, l'Espagne produit toujours d'excellents joueurs

Chez eux, les basketteurs ibériques auront à cœur de défier les meilleures nations européennes, dont les Français (sans Tony Parker, ménagé par le staff tricolore), et mondiales. Notamment la Dream Team américaine. Peut-être est-ce la dernière chance de briller pour Pau Gasol et Juan Carlos Navarro, mais l'effectif ibérique regorge de talents pour le futur, avec le pivot Marc Gasol (le cadet de Pau), le meneur Ricky Rubio, l'arrière Sergio Llull ou encore l'ailier Rudy Fernandez.

Du côté du football, le sélectionneur espagnol Vicente Del Bosque n'a justement pas fait le pari de l'avenir pour cette Coupe du monde. Il a choisi d'aligner au Brésil une équipe composée de ses joueurs habituels. Mais du côté des remplaçants, on trouve, par exemple, le gardien de Manchester United, David De Gea, 23 ans, qui représente un successeur solide à Casillas. Ou les joueurs de l'Atlético Madrid, Koke (22 ans) et Juanfran (29 ans), qui ont permis à leur club de gagner le championnat espagnol et d'atteindre la finale de la Ligue des champions. Alors pourquoi ne pourraient-ils pas briller en sélection ? Idem pour Santi Cazorla, le milieu d'Arsenal. Le football espagnol forme toujours d'excellents joueurs, de quoi constituer le prochain noyau dur de la sélection. Le roi est mort, vive le roi ?

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