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Grève, bagarre entre joueurs et soupçons de corruption : le Cameroun vraiment indomptable

L'équipe de Samuel Eto'o est éliminée de la Coupe du monde au terme d'un parcours sportif et extrasportif chaotique.

Article rédigé par Boris Jullien
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
En plein match contre la Croatie, le Camerounais Pierre Webo doit séparer ses coéquipiers Benjamin Moukandjo et Benoît Assou-Ekotto, le 18 juin à Manaus (Brésil). Leur Mondial est un fiasco. (MURAD SEZER / REUTERS)

Zéro pointé pour le Cameroun. Zéro point, zéro but inscrit pour l'instant, et une élimination déjà acquise en Coupe du monde. Avant même leur dernier match, lundi 23 juin, contre le Brésil, les Lions indomptables ne peuvent plus se qualifier pour les huitièmes de finale de la compétition au Brésil. La sélection camerounaise s'est, en effet, inclinée par deux fois, contre le Mexique (1-0), puis la Croatie (4-0). Surtout, les joueurs se sont illustrés par une série de psychodrames dispensables.

Départ retardé

Ils devaient s'envoler pour le Brésil le dimanche 8 juin. Mais les Camerounais ont refusé d'embarquer. La raison : un désaccord concernant le montant de leurs primes. Les footballeurs ne les jugeaient pas assez élevées. Le gouvernement a d'abord proposé environ 61 000 euros par joueur pour leur participation au Mondial. Une somme revue à la hausse par la suite (68 602 euros). Toujours pas assez. Le jour du départ, les joueurs sont ainsi restés cloîtrés dans leur hôtel, à Yaoundé, rappelle RFI, avant qu'un compromis ne soit trouvé avec la fédération. L'équipe rejoint finalement le Brésil avec un jour de retard.

Pour leur piteux parcours en poule (jusqu'ici deux défaites en deux matchs), Samuel Eto'o et consorts pourraient toucher 182 000 euros, révèle L'Equipe. Un montant que l'attaquant a justifié dans une lettre adressée à ses "chers compatriotes", rendue publique la veille du premier match du Cameroun contre le Mexique. "Je me suis battu, il y a quelques jours, pour ce que j'estime être légitime : le droit de mes coéquipiers à leurs primes pour qu'ils puissent donner le meilleur d'eux-mêmes pour leur pays", défend le fantasque attaquant.

Ambiance délétère autour d'Eto'o

Le climat se dégrade ensuite un peu plus quand Samuel Eto'o coupe l'herbe sous le pied de son staff médical. Alors que son forfait n'est pas officialisé, il tweete qu'il ne participera pas à la deuxième rencontre de son équipe. 

Vexé d'avoir été court-circuité, le service de presse réplique alors par un communiqué, cité par Les Echos : "Il convient de rappeler que le joueur est arrivé en sélection sur les rotules dès le 20 mai 2014 à l'occasion du stage préparatoire des Lions indomptables en Autriche." Ambiance. Le staff camerounais poursuit sa charge en indiquant que le joueur est "carbonisé, puisqu'il a longtemps joué sous infiltration".

Carton rouge sur la pelouse

Sur le terrain, le Cameroun n'a pas franchement montré un meilleur visage. "C'est la honte", a reconnu le sélectionneur, Volker Finke, après le match contre la Croatie. "Le comportement de certains n'est pas du tout satisfaisant. Même quand on était à 11 contre 11. C'est inacceptable." Alexandre Song a écopé d'un carton rouge quand il a asséné un vilain coup de coude dans le dos au Croate Mario Mandzukic.

Puis les esprits se sont un peu plus échauffés entre deux joueurs... de la même équipe. Benoît Assou-Ekotto a donné un "coup de tête" à son coéquipier Benjamin Moukandjo, avant que Pierre Webo ne les sépare. Sympa.

Un dernier match truqué ?

Comme les Camerounais n'ont plus rien à perdre contre le Brésil, la Fifa s'inquiète d'un possible match truqué. "Le risque de corruption est plus élevé encore que pour le match d'ouverture ou la finale", a déclaré Ralf Mutschke, le chef de la sécurité de la Fifa, au journal brésilien Folha de São Paulo (en portugais). Sans avoir de preuve formelle, la fédération internationale suspecte les joueurs camerounais de vouloir influencer le résultat du match, notamment le nombre de buts que les Lions indomptables pourraient encaisser, et tirer profit de paris illégaux. Des soupçons motivés par la contestation du montant de leurs primes, justement.

Après la défaite contre la Croatie, Samuel Eto'o, la star de l'équipe, avait annoncé qu'il entendait bien dénoncer, une fois la compétition terminée, ceux qui "déstabilisent" le Cameroun en coulisses. Histoire de finir ce Mondial raté en apothéose.

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