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"Militaire, j'ai écopé de sept jours d'arrêt à cause du match" : vous nous avez raconté vos souvenirs de la finale de la Coupe du monde 1998

Article rédigé par Vincent Daniel
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
La liesse sur les Champs-Elysées, à Paris, le 12 juillet 1998. (MAXPPP)

Avant la finale des Bleus contre la Croatie, franceinfo a recueilli vos témoignages et vous replonge vingt ans en arrière. 

"Et un, et deux, et trois-zéro..." Vingt ans après leur victoire en Coupe du monde, les Bleus disputent, dimanche 15 juillet à Moscou, leur troisième finale d'un Mondial. Nous sommes nombreux à nous souvenir de ce que nous faisions le 12 juillet 1998, quand la France a décroché son premier titre mondial face au Brésil (3-0). Des témoignages que vous avez partagés sur franceinfo. Nous publions ici une sélection de vos meilleurs souvenirs.

"Militaire, j'ai dû fuir mon bivouac" : Louis, 23 ans en 1998

"J'étais militaire et nous étions en bivouac au lac du Mont-Cenis, non loin de Bessans (Savoie). Le lendemain de la finale, nous devions participer à une course en montagne qui nécessitait un réveil matinal, donc pas question de quitter le bivouac pour regarder le match. Mais plusieurs d'entre nous, sans s'être consultés, ont commencé à quitter discrètement le bivouac pour rejoindre une salle des fêtes proche où le match était diffusé. Mais le chef de peloton a voulu rassembler ses hommes et le pot aux roses a été découvert. Ordre a été donné de retrouver les fautifs. Certains n'ont vu que la première partie car ils ont été récupérés. Je fais partie de ceux qui ont pu voir le match en entier. A la fin, l'ambiance était mêlée de fierté d'être champions du monde et d'amertume liée à la tournure des événements. Nous avons quand même lancé une Marseillaise au coup de sifflet final."

Le lendemain, tous les fuyards ont écopé de sept jours d'arrêt, soit une semaine à refaire les peintures et les tapisseries dans l'escadron.

Louis

"J'étais punie dans le dortoir de ma colonie de vacances" : Honorine, 6 ans en 1998 

"J'étais dans un camp de vacances dans le sud-ouest de la France et je ne connaissais rien du tout au football. Comme j'étais une enfant turbulente, j'étais punie avec plusieurs de mes camarades, tous forcés de rester dans le dortoir. Les 'grands', comme on les appelait, regardaient le match dans le camp. Quand je me suis échappée pour voir ce qu'ils faisaient, je me souviens que j'avais été frappée par l'intensité du moment à cause du stress dont étaient envahis ces gens aux visages fermés. Je croyais que quelque chose de grave venait de se produire. Un accident, avec des morts peut-être ? Il ne s'agissait que du match France-Brésil ! Ma curiosité me coûta des réprimandes et une punition supplémentaire."

"Notre croisière a fait des ronds dans l'eau pour continuer à capter le match" : Stéphane 

"Avec mon épouse, nous étions en croisière vers la Norvège pour notre voyage de noces, depuis le 3 juillet. La finale fut un grand moment du voyage. Le match était retransmis sur grand écran. Il s'agissait de la télé norvégienne, avec les commentaires en norvégien. L'équipage a coupé le son et c'est le moniteur de sport qui a commenté le match en direct. Ce jour-là, le navire faisait escale à Bergen. Le programme de la croisière prévoyait le départ du bateau, qui ne pouvait rester à quai car il devait libérer la place. Il a donc appareillé mais lorsqu'il s'est éloigné des côtes, la réception du match s'est dégradée. Le bateau a donc fait des ronds dans l'eau un peu au large de Bergen jusqu'à la fin du match. Il a ensuite pu reprendre sa route vers le Nord."

"J'ai suivi le match au Pérou avec des Brésiliens" : Jean-Louis

"J'étais en voyage avec une trentaine de membres d'une association culturelle au Pérou, lors du Mondial. Sans le savoir, un mois avant la finale, nous avions réservé dans un restaurant brésilien d'Arequipa pour le 12 juillet. Le jour venu, l'établissement était rempli de Péruviens et de Brésiliens, soutenant évidemment le Brésil. L'atmosphère était passionnée. A la fin du match, tous les Français se sont levés de leur table et on a entonné une Marseillaise (la première que je chantais personnellement...). Très fair-play, les Péruviens et les Brésiliens nous ont congratulés et embrassés. En rentrant à l'hôtel où nous résidions, le patron nous a aussi offert une coupe de 'champagne' sud-américain."

"Je me suis retrouvée les seins nus sur un balcon à Nantes" : Anne-Sophie, 24 ans en 1998

"Nous étions une dizaine dans notre apparement nantais : match de fou, ambiance de folie chez nous. Après la victoire, nous avons ouvert les fenêtres qui donnent sur la petite place du Pilori, dans le centre de Nantes (Loire-Atlantique). Nous avons placé des enceintes et diffusé Atomic de Blondie [chanson qu'une publicité pour Coca-Cola avait remise au goût du jour pour le Mondial] à fond. Les gens se sont massés, ils levaient les bras vers nous ; nous, nous dansions sur le balcon, c'était incroyable."

Avec une copine, nous avons même soulevé nos tee-shirts, soulevant une vague de "olé" et de sifflets en bas. Je n'en suis pas très fière aujourd'hui !

Anne-Sophie

"Je me souviens de mon oncle, d'habitude si sérieux, qui saute, les deux poings vers le ciel" : Mathilde, 7 ans en 1998

"J'avais une admiration sans limites pour mon père et une envie inépuisable de faire comme mon frère, donc je faisais partie des rares petites filles qui s'intéressaient au foot. Pour la finale du 12 juillet, j'ai eu l'autorisation de regarder le match pour la première fois 'en entier'. Nous étions dans la maison familale, perdue dans les Cévennes. Les images qui me restent plus sont celles de la tête de Zinédine Zidane jaillissant dans la surface de réparation ; de ma famille qui se lève dans un même élan pour célébrer les buts puis la victoire ; de mon oncle d'habitude si sérieux qui saute, les deux poings levés au ciel ; de ma grand-mère qui passe la tête par la porte du salon, tout sourire, à chaque manifestation bruyante de mon frère tout simplement heureux..."

Dimanche, contre la Croatie, je veux revoir mon frère heureux, mon père pleurer, ma mère s'intéresser au football et voir ma sœur, âgée de 2 ans en 1998, découvrir cette sensation inoubliable.

Mathilde

"Nous sommes passés de la joie de 1998 sur petit écran à la douche froide de 2006 sur projecteur" : Geneviève

"En 1998, notre voisine avait mis sa petite télé dans la rue devant chez nous, à Saint-Etienne (Loire). Avec tous les habitants de cette petite rue, nous avons regardé le match, en mangeant des plats préparés par chacun. L'ambiance était évidemment super et à la fin du match, bien sûr, l'explosion de joie. Nous avons défilé dans les rues de Saint-Etienne et nous sommes partis pour une nuit de folie. En juillet 2006, pour la finale face à l'Italie, c'était l'amélioration technologique : nous avons installé un vidéoprojecteur sur la terrasse de notre maison et nous avons convié une vingtaine d'amis. L'alcool était prêt, nous étions bien décidés à faire la fête toute la nuit. Et puis, il y a eu le coup de tête de Zidane. Un sentiment de gâchis nous a envahis, tout le monde est rentré, amer, et personne n'avait le cœur à la fête..."

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