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Pourquoi Paul Pogba représente l'avenir de l'équipe de France

Le milieu de terrain de 21 ans s'est imposé comme un titulaire indiscutable à la Juventus Turin et avec les Bleus. Prometteur pour la suite du Mondial.

Article rédigé par Boris Jullien
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Paul Pogba, le milieu de terrain de l'équipe de France, lors du match aller des barrages pour la Coupe du monde, contre l'Ukraine, à Kiev, le 15 novembre 2013. (FRANCK FIFE / AFP)

Kiev, le 15 novembre 2013. La France est menée 2-0. Les Ukrainiens dominent, lors de ce match aller des barrages pour se qualifier à la Coupe du mondeLes Bleus sont sonnés. Et têtes basses. Sur le terrain, Paul Pogba, 20 ans, se révolte. Il s'époumone. Encourage ses coéquipiers. Tape dans ses mains. Ce résultat, qui le met hors de lui, le pousse à commettre des erreurs. Mais, comme un symbole, c’est lui qui offrira à la France sa dernière occasion, sur une tête qui passe à côté.

La suite, on la connaît : l’incroyable remontée des Bleus, au Stade de France, avec un 3-0, au match retour. Pendant la rencontre, Paul Pogba, associé à Yohan Cabaye et Blaise Matuidi, impressionne par son volume de jeu, ses dribbles, ses passes... Le milieu de terrain s’impose en tant que cadre de l’équipe de France. Et en tant que joueur du futur sous le maillot bleu ? Francetv info a trois bonnes raisons de le penser.

Il est l’héritier naturel de Patrick Vieira

Les deux footballeurs sont grands et longilignes : 1,92 m pour Patrick Vieira contre 1,85 m pour Paul Pogba. Et ils occupent le même poste. Ce qui n’a pas manqué de taper dans l’œil de la presse sportive française. Peu de temps après la retraite du champion du monde 1998, Paul Pogba a été ainsi désigné comme son successeur naturel.

Ni l’un, ni l’autre ne rejettent cette comparaison. Interrogé par BFMTV à ce sujet, Patrick Vieira affirme que son héritier est "plus technique" et plus à l’aise avec le ballon que lui. Et de nuancer : "Il a plus de facilité à se projeter vers l’avant. Moi, j’étais plus concerné par les tâches défensives. Lui est plus offensif et participe plus au jeu." Sur BeIn, l'ex-international est allé jusqu’à affirmer que Paul Pogba et lui auraient été complémentaires sur le terrain.

Formé à l’US Torcy (Seine-et-Marne), passé par Le Havre, puis repéré par Manchester United, Paul Pogba suit les traces de Vieira quand il décide, en 2012, de signer en Italie à la Juventus Turin. "De nombreux champions ont joué ici, confie-t-il alors. J’ai parlé à Patrick Vieira et il m’a conseillé de venir à la Juve."

Il n’a pas pris la grosse tête

Mais ce départ de Manchester United est mal perçu en Angleterre. "S'il continue sur cette voie, autant qu'il le fasse loin de nous", lâche, vexé, Alex Ferguson, le mythique coach des Red Devils. L’entraîneur déplore le "manque de respect" du Français. Certains qualifient Paul Pogba, 19 ans à l’époque, de prétentieux et d’insolent. Dans L’Equipe, il répond aux critiques : "Moi, mon objectif, c’était de jouer. Alex Ferguson me disait : 'Ton heure va arriver.' Elle n’est pas venue."

A la Juventus, la concurrence est rude à son poste mais il s’impose comme titulaire grâce à ses qualités athlétiques, sa frappe de balle et ses dribbles. En deux ans, il remporte deux championnats italiens aux côtés de légendes comme Gianluigi Buffon et Andrea Pirlo. "Ces joueurs, ils ont gagné une Coupe du monde et ils sont toujours aussi simples, confie Paul Pogba dans l’émission "Téléfoot" sur TF1. Comme je le dis toujours, je n’ai rien fait. Et c’est ce chemin-là que je dois suivre. Je dois rester humble."

"Je l’ai connu de 6 à 13 ans. Il n’a pas vraiment changé depuis. Il a juste pris du poids et des centimètres, s’amuse Mamadou Papis Magassa, l'entraîneur de son premier club l’US Roissy, contacté par francetv info, qui continue de recevoir les visites du jeune champion. En tout cas, il n’a pas pris la grosse tête." Si Paul Pogba garde les pieds sur terre, il le doit notamment aux membres de sa famille, comme ses deux frères aînés, joueurs pros également, qui n’hésitent pas à lui dire quand il se rend coupable d’une contre-performance.

Il colle à la philosophie de Didier Deschamps

Didier Deschamps exècre la défaite. Alors il gagne. A défaut d’imposer un style de jeu tout en possession de balle à l’espagnole ou basé sur la contre-attaque, le sélectionneur tricolore a pour ambition de transmettre sa culture. Des coupures de presse récupérées après la victoire contre l’Ukraine seront affichées dans l’hôtel des Bleus au Brésil, pour rappeler que l’important, peu importe la manière, c’est de l’emporter à la fin.

Paul Pogba, aussi, déteste perdre. "C’est un mauvais perdant", confirme Mamadou Papis Magassa. Il carbure à l’orgueil. Il a progressé en jouant avec plus grand que lui, dans son quartier, la Renardière, à Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne). "Il était obligé de s’endurcir pour jouer avec nous, se souvient l’éducateur du club local. Alors quand il n’a pas fait un bon match, ou que l’équipe est menée, on peut être sûr qu’il va sortir une grosse performance."

Face au Honduras, pour le premier match des Bleus dans cette Coupe du monde, Paul Pogba, 21 ans aujourd'hui, n'est pas passé loin du carton rouge pour un geste d'humeur. Contre la Suisse, il a débuté la rencontre sur le banc de touche. Avant d'entrer en jeu et de délivrer une superbe passe décisive à Benzema. "Paul a un énorme potentiel, j'ai confiance en lui", a dit Didier Deschamps après la rencontre. Sacré champion du monde des moins de 20 ans et meilleur joueur du tournoi en 2013 avec les Bleuets, Pogba pourrait donc bien multiplier les bonnes performances. Dans la cour des grands, cette fois.

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