: Vidéo Coupe du monde 2018 : comment arrêter un tir au but ? Les conseils d'un gardien professionnel pour remporter le duel
Pour un gardien comme pour un joueur de champ, une séance de tirs au but est une phase très spéciale à disputer. Franceinfo a demandé à Gaëtan Huard, ancien gardien professionnel, de dévoiler quelques-uns de ses secrets.
Exercice particulier lors d'un match de football, une séance de tirs au but met en évidence les gardiens, comme on l'a déjà beaucoup constaté durant la Coupe du monde. Placé dans un but de 7,32 m de long sur 2,44 m de haut, et faisant face à un tireur situé à onze mètres, un gardien n'a que peu de chances de remporter son duel. En cas d'arrêt, il devient aussitôt un héros. Ancien gardien de Lens, Marseille et Bordeaux, aujourd'hui consultant pour beIN Sports pour le Mondial 2018, Gaëtan Huard dévoile ses conseils d'expert pour arrêter un tir au but... et être porté en triomphe par ses coéquipiers.
1Observer le tireur
Comme a pu le faire l'Allemand Jens Lehman en quarts de finale du Mondial 2006 face à l'Argentine, utiliser une antisèche pendant une séance de tirs au but est autorisé. C'est en grande partie grâce à cela que le portier allemand a qualifié son équipe. Outre les notes sur les tireurs, Gaëtan Huard explique qu'aujourd'hui, le visionnage de vidéos contribue à recueillir des informations sur les habitudes des tireurs. Il est alors plus facile pour le portier d'anticiper une frappe.
Le gardien peut également recueillir des données au moment où le joueur s'apprête à réaliser son tir. Connaître le pied fort du tireur, c'est-à-dire savoir s'il est droitier ou gaucher, est une priorité. Pour le déterminer, Gaëtan Huard raconte qu'il "envoyait fort le ballon au sol pour voir avec quel pied [le tireur] allait contrôler". Une fois cette donnée obtenue, le gardien sait qu'un droitier "tire à 95-90 % du temps sur le côté droit du gardien", et inversement pour un gaucher.
2Déconcentrer le tireur
Lors d'une séance de tirs au but, le gardien se trouve dans une situation psychologique bien plus confortable. S'il y a but, c'est presque normal. Si le gardien effectue un arrêt, c'est un exploit. En clair, le gardien n'a rien à perdre, ce qui est loin d'être le cas du tireur. Dans ce duel psychologique, le gardien a donc tout intérêt à déstabiliser le tireur, à chercher à le déconcentrer. Pour y parvenir, tous les moyens sont bons.
"On bouge le ballon, on l'embête... On dit que le ballon n'est pas sur le rond. On essaye de gagner du temps", résume Gaëtan Huard. "Ce n'est pas un antijeu physique, c'est un antijeu mental", ajoute celui qui détient toujours le record d'invincibilité en championnat de France (1176 minutes).
3Marcher à l'instinct
Face à un tireur placé à une telle distance, le gardien n'a qu'un temps de réaction infime. Il doit sentir ce que va décider son adversaire. Parlant d'un "parfum qui plane" et d'"instinct", Gaëtan Huard assure que seuls les gardiens connaissent cette impression, ce "quelque chose qui te dit qu'il va mettre le ballon là".
Au moment où le tireur est en place, lorsque le coup de sifflet de l'arbitre retentit, le gardien se retrouve dans sa bulle. Les fausses pistes tentées par l'adversaire n'ont alors que peu de portée sur la décision de celui qui est censé réaliser l'exploit.
4Effectuer le bon geste
Un tir au but se joue avant tout au mental, mais un gardien ne peut en sortir vainqueur sans un geste adéquat, ni une bonne position. Placer les mains sur les cuisses est par exemple une mauvaise idée car il rallonge le temps de réaction. "Si tu as déjà les mains en l'air, tu n'as plus qu'à partir", explique l'ex-footballeur.
Le dernier conseil que donne Gaëtan Huard est celui de la poussée et de son orientation. "Il faut vraiment te concentrer et donner la poussée du côté où tu sens qu'il y a quelque chose qui va se passer". Et il ne faut pas négliger non plus l'orientation du saut, qui doit toujours se porter vers l'avant afin de fermer l'angle du tir.
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