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EURO 2016 : Cristiano Ronaldo a tort, il n'y a plus de "petites" équipes

Certains observateurs pensaient qu’un Championnat d’Europe à 24 nations était sans intérêt, du fait de la différence de niveaux entre les équipes nationales. Mais force est de constater qu’après une petite semaine de compétition, l’écart n’est pas flagrant, bien au contraire. Pour le moment, la compétition reste très ouverte, et les surprises se multiplient. Irrité par le match nul du Portugal contre l’Islande (1-1), Cristiano Ronaldo a bien du mal à l’admettre, et ses récents propos n'en sont que plus "petits".
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Cristiano Ronaldo, seul face aux Islandais (JEFF PACHOUD / AFP)

Rien n’est encore évidemment joué, mais un constat saute aux yeux après les premiers matches de cet Euro : les « grandes nations » du football ont presque toutes fait face à de coriaces adversaires. On pensait la France bien lotie dans son groupe A, avec des adversaires considérés de tout temps comme relativement modestes, voire faibles pour l’Albanie (42e au classement Fifa). Mais sans un éclair de génie de Payet contre la Roumanie (2-1), ou une petite erreur défensive de l’Albanie à la 89e minute (2-0), les Bleus et leurs stars évoluant dans les meilleurs clubs européens, se retrouveraient bien mal embarqués… 

Matuidi en mauvaise posture face aux Albanais

L’effet de la mondialisation

S’il est vraisemblable que la fraîcheur physique de ces stars qui enchaînent les matches de haut niveau tout au long de l’année est un début d’explication, d’autres explications peuvent être avancées. La première et sans doute principale, est que les petites nations bénéficient elles aussi de la présence de leurs joueurs dans les différents championnats européens. Au contact des autres joueurs, ils ont tous progressé, et le niveau de leur équipe nationale aussi. L’exemple le plus parlant est celui de l’Albanie, dont la diaspora est importante sur le Vieux Continent. 


Capitaine des Rouge et Noir, Lorik Cana milite depuis des années pour que ses compatriotes jouent dans les meilleurs championnats. « Nous avons beaucoup de qualités intrinsèques qui ne demandent qu'à se développer si les conditions sont réunies. Nous avons beaucoup de très bons joueurs qui ont eu l'opportunité de grandir à l'étranger et c'est ce qui a fait nous avons réussi à nous qualifier pour l'EURO, chose qui était encore inconcevable il y a trois ou quatre ans », avait expliqué le joueur du FC Nantes sur le site de la Fifa.

L’apport des sélectionneurs étrangers

Mais la mondialisation ne touche pas que les joueurs. Bon nombre de sélections font appel de plus en plus aux services, et au savoir-faire d’entraîneurs étrangers. C’est le cas de l’Albanie avec l’Italien Gianni De Biasi, qui s’est d’ailleurs vu attribuer la nationalité albanaise depuis la qualification pour la phase finale de cet Euro. C’est aussi le cas de la Suisse, avec le Bosnien naturalisé suisse Vladimir Petkovic, le Suédois Lars Lagerbäck avec l’Islande, le Suisse Marcel Koller avec l’Autriche, ou encore l’Allemand Bernd Storck avec la Hongrie. 


Dans son groupe F, c’est bel et bien la Hongrie (20e à la Fifa) qui mène la danse. Tout le monde s’attendait à voir le Portugal (8e à la Fifa) dominer de la tête et des épaules le groupe considéré comme le plus facile de cet Euro, mais ce sont –pour l’instant- les Magyars qui pointent en tête, devant l’Islande (34e) ! Si la tenue de leur gardien Gabor Kiraly est d’un autre temps, le jeu des Hongrois est bien d’actualité. La « Valogatott » a fait mieux que résister à l’Autriche (10e à la Fifa) de David Alaba. Le joueur du Bayern s’est fait voler la vedette par le jeune Laszlo Kleinheisler, qui jouait il y a encore six mois dans l’équipe réserve de Videoton, et qui évolue depuis janvier au Werder de Brême. Véritable dépositaire du jeu hongrois, c’est lui le passeur décisif sur l’ouverture du score. 

La joie du Hongrois Zoltan Stieber, buteur face à l'Autriche

Cristiano Ronaldo n’a qu’à bien se tenir

Ce que certaines équipes comme le Portugal n’ont pas encore compris, c’est que les individualités –même très talentueuses- ne font pas tout. Les Grecs n’ont-ils pas remporté le Championnat d’Europe 2004 avec des joueurs presque inconnus au bataillon ? Repêchés lors de l’Euro 1992 suite à l’exclusion de la Yougoslavie, les Danois n’avaient-ils pas ridiculisé les grosses cylindrées en battant successivement la France (2-1), les Pays-Bas (2-2, 5 tab à 4), puis l’Allemagne en finale (2-0) ? 


N’en déplaise à Cristiano Ronaldo qui a qualifié de « petites mentalités » les joueurs islandais après leur match nul (1-1), ceux-ci ont joué avec leurs tripes, leurs armes et une grande générosité, le tout au service du collectif. Alors non, pour gagner des matches, il ne suffit pas d’avoir un triple Ballon d’Or dans ses rangs pour s’imposer. Le football reste et demeure un sport collectif, où le plus modeste aura toujours une chance de battre le prétendu plus fort. C’est pourquoi, très cher Cristiano Ronaldo, l’Islande a déjà fait beaucoup dans cet Euro* !


*CR7 avait indiqué après son match au sujet des Islandais : « C’est une soirée chanceuse pour eux. Pour moi, c’est une petite mentalité. C’est pourquoi ils ne feront rien ».

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