D1 Arkema : la vraie fausse bonne idée des play-offs pour relancer le championnat féminin

Mis en place cette saison pour la première fois afin de relancer l'attractivité de la D1 Arkema, les play-offs n'ont convaincu ni les entraîneurs, ni le public, et accouché d'une finale au goût de déjà-vu entre le PSG et l'OL.
Article rédigé par Anna Carreau
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Melchie Dumornay et Wendie Renard face à Grace Geyoro lors de la demi-finale aller de Ligue des champions féminine entre Lyon et le PSG, le 20 avril 2024. (LAURENT CIPRIANI / SIPA)

OL-PSG, épisode 6. Après le Trophée des championnes, deux journées de championnat et une double confrontation en demi-finales de Ligue des champions, les deux clubs leaders de la D1 Arkema ont une nouvelle fois rendez-vous vendredi 17 mai à Lyon, pour la finale des play-offs du championnat de France. Jamais l'Olympique lyonnais et le Paris Saint-Germain ne s'étaient autant croisés sur une saison, malgré une volonté affichée de la FFF de relancer la compétitivité et l'attractivité du championnat avec ce nouveau format pour bousculer la hiérarchie. Sans succès.

Avec ses onze points d'avance sur le PSG à l'issue de la saison régulière, l'OL, qui aurait ainsi dû remporter son 17e titre de champion de France, n'a jamais été un grand fan du modèle présenté par son ancien dirigeant Jean-Michel Aulas, devenu le président de la nouvelle Ligue féminine de football professionnel. "Les play-offs, ce n'est ni culturel, ni juste en termes de méritocratie", pestait Vincent Ponsot dans les colonnes du Progrès le 9 mai dernier. Et pour cause : le format mis en place pouvait voir les Fenottes tout perdre avec ces play-offs : le titre et la qualification en Ligue des champions, en cas de défaite dès sa première demi-finale, face à Reims, qu'elles devancent de 26 points à l'issue de la saison régulière.

Scores fleuves et écart abyssal

Sauf que l'illusion de compétitivité incarnée par ces play-offs s'est heurtée à la réalité. L'Olympique lyonnais a remporté sa demi-finale à domicile 6-0 face au Stade de Reims dimanche, après avoir vu le PSG s'imposer contre le Paris FC la veille (2-2, 5-4 tab). Et la logique du championnat, qui classait l'OL premier, devant le PSG, le Paris FC et Reims, est finalement respectée. Adieu les objectifs de "suspense jusqu'au bout du championnat" présentés par Aulas à Canal+ au moment de renégocier les droits télévisuels de la D1 Arkema. Pire encore, les résultats ont confirmé l'écart abyssal entre deux équipes comme l'OL et le Stade de Reims, pourtant 4e de la saison régulière.

Face à l'Olympique lyonnais, le Stade de Reims, dont le budget est douze fois inférieur à celui de son adversaire, avait même décidé de lever le pied sa demi-finale, sachant pertinemment qu'il ne serait pas en mesure de gagner face à l'ogre aux huit Ligue des champions. "Le match le plus important, c'est vendredi prochain, clamait Amandine Miquel, la coach de Reims, au micro de Canal+ après en avoir pris six par l'OL. On a joué mercredi [en championnat] avec notre équipe type donc aujourd'hui, on a géré les organismes." Sous-entendu, les Champenoises – qui ont largement fait tourner face à Lyon – ont tout misé sur la petite finale, où elles affronteront le Paris FC dimanche à 18 heures, avec, à la clé, une qualification en Ligue des champions pour le troisième.

Un duel entre Parisiennes plus resserré

Au Paris FC justement, le staff a longtemps cru pouvoir truster une place en finale, emmenant le Paris Saint-Germain jusqu'aux tirs au but samedi en demi-finales. Mais les joueuses de Sandrine Soubeyrand ont craqué dans la dernière ligne droite, sans pour autant décevoir leur entraîneure. "Dans l'ensemble, je suis très fière de mon équipe, se félicitait la légende de l'équipe de France en conférence de presse. Il y a quand même encore un écart très important avec Lyon et le PSG qu'on essaie de réduire. Et disons qu'on se rapproche, on réduit l'écart à chaque match."

En attendant, la perspective d'un énième affrontement entre l'Olympique lyonnais et le Paris Saint-Germain cette saison – qui se sont partagé les deux premières places de D1 lors de 12 des 13 dernières saisons – ne réjouit plus grand monde, pas même Sonia Bompastor, entraîneure des Lyonnaises, toujours pas réconciliée avec ce format des play-offs. "Cette nouvelle formule laisse finalement peu de surprises, c'est de nouveau une finale entre Paris et l'OL. On va jouer un adversaire qu'on connaît par cœur, qui nous connaît aussi très très bien et qu'on a affronté récemment en Ligue des champions", déplorait-elle en zone mixte dimanche. 

Un format garanti dans le contrat avec Canal+ jusqu'en 2029

Ces play-offs n'ont pas non plus trouvé leur public, avec seulement 5 971 spectateurs présents au Parc des Princes – deuxième plus bas total du PSG féminin cette saison – samedi à 21 heures pour le quatrième duel de la saison face au Paris FC, et 11 110 au Groupama Stadium, bien loin de l'affluence record de 38 466 atteinte lors de la demi-finale aller de Ligue des champions le 20 avril dernier face… au PSG. Si le football féminin français tente en vain de rattraper son retard pris sur ses voisins européens, le format des play-offs – qui n'est mis en place nulle part ailleurs sur le Vieux continent – ne semble pas être celui qui fera passer un cap à la future Première Ligue.

En France, on ne veut plus qu'il y ait autant d'écart entre les premiers du classement et les autres. Ça ne rime à rien et ça tue le football populaire.

Jean-Michel Aulas

Le Progrès, 10 mai 2024

D'autant que le seul élément qui donnait un peu de sel à ce format résidait dans la lutte pour le troisième billet qualificatif pour la Ligue des champions. Mais dès la saison prochaine, l'attribution de cette ultime place sera revue pour être calquée sur le modèle d'attribution voulu par l'UEFA, à savoir que les trois équipes qualifiées pour la Ligue des champions doivent être les trois premières de la saison régulière. Les play-offs ne serviront donc plus qu'à décider du vainqueur – avec une petite finale sans enjeu – et ce jusqu'en 2029 au moins, la formule des play-offs étant garantie dans le contrat qui lie la Ligue féminine de football professionnel à Canal+.

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