Football féminin : la recommandation patronale visant à mieux protéger les joueuses est "une énorme avancée", selon le président du syndicat des clubs professionnels
Le président de Foot Unis, le syndicat des clubs professionnels, et du Montpellier Hérault football club, Laurent Nicollin, se félicite, dans un entretien à la Direction des sports de Radio France, de la recommandation patronale adoptée vendredi 1er mars, qui vise à mieux protéger les joueuses de D1 et de D2 en cas de blessure ou de congé maternité. Le président montpelliérain, dont le club a été le premier à professionnaliser sa section féminine, est revenu pour franceinfo sur cette "énorme avancée".
franceinfo : Peut-on parler d'une "révolution" avec cette recommandation adoptée par Foot Unis, pour protéger les footballeuses ?
Laurent Nicollin : Oui, on trouvait la situation un peu compliquée pour les joueuses, depuis deux ans, on discute avec tous nos partenaires sociaux, notamment le syndicat des joueuses pour faire avancer les choses. Des fois, ça se passe bien, des fois moins bien. On a décidé de préserver la santé des joueuses, de frapper un grand coup et valider du côté des clubs tout ce qui concerne la santé des joueuses en cas de grossesse ou de blessures, qu’elles soient couvertes, et même davantage. C’est une énorme avancée. On voulait le préparer assez rapidement, avant le début de la saison prochaine, car ce sont des budgets à prévoir. On est très fiers car c’est la première fois qu’il y a une recommandation patronale sur ce sujet. J’espère que les joueuses en seront contentes. Alors, ce n’est que le début du travail, car il y a encore beaucoup de choses à mettre en place et notamment la convention collective. Mais préserver la santé, la grossesse et la maternité, c’est une chose importante.
Tomber enceinte pendant sa carrière, est-ce que c'était presque tabou pour les joueuses ?
Tout à fait, ce sont des discussions que j’ai pu avoir parfois avec mes joueuses [en tant que président du Montpellier Hérault football club]. Et l’une d’elles m’avait dit : "Si je dois faire un enfant, ce sera en fin de carrière." Cela m’avait un peu heurté et sensibilisé, car je ne voyais pas pourquoi elle ne pourrait pas, à 24-25 ans, avoir un enfant. Il y en a en France qui l’ont fait [la Lyonnaise et internationale française Amel Majri, par exemple], mais elles sont très peu. Maintenant, avec ces mesures, cela va faciliter les choses, elles vont pouvoir se dire "je peux faire un enfant, faire une belle maternité" et avoir des systèmes qui permettront de l’accompagner en étant joueuse professionnelle. C’était quelque chose d’important à mettre en place.
Concrètement, les joueuses seront accompagnées par les clubs ?
On va au-delà, on va les accompagner sur 12 mois. Et on les aidera après aussi en mettant en place, une fois leur retour aux entraînements, tout un accompagnement avec un système pour l’allaitement, avec des salles pour qu’elles puissent allaiter tranquillement, tout un système qui n’était pas à l’ordre du jour dans le football. C’est une belle étape d’avoir mis ça en place.
Des mesures dans le sillage du processus de professionnalisation du football féminin ?
On professionnalise le football féminin, petit à petit. On aimerait aller beaucoup plus vite. Il y a une volonté de la FFF depuis que Jean-Michel Aulas a pris les choses en main. Quand on avait créé en 2019 un syndicat qui regroupait tous les clubs de D1 et de D2, on se sentait un peu isolés, on avait déjà du mal à mettre des choses en place. On se battait pour que les filles aient plus de droits et plus de choses. Mais on n’avait pas un accueil favorable de la Fédération. Là, ça a changé.
Une nouvelle convention collective est attendue dans les prochaines semaines, pourquoi est-ce que ça bloque encore ?
On bloque sur les droits à l’image et sur le pécule que veut l’UNFP, le syndicat des joueuses. Nous, les clubs, nous ne voulons pas de droits à l’image. Quant au pécule, on est plus sur un plan retraite, on est en train de discuter avec eux pour qu’on avance. Ils ont une idée arrêtée sur une chose, nous sur une autre. Il y a trois semaines ou un mois, on a sollicité un rendez-vous pour se mettre autour d’une table, on n’a pas eu de retour. J’espère qu’on en aura très prochainement. On est une grande famille du football, nos filles méritent qu’on trouve les solutions adéquates pour qu’elles puissent penser qu’au football.
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