Euro 2021 : l'objectif pour l'équipe de France, c'est "d'aller le plus loin possible, être championne d'Europe", confie Didier Deschamps
"Avant de penser à être tout là-haut, il y a des étapes à franchir", explique à franceinfo le sélectionneur des Bleus. L'équipe de France débutera la compétiton européenne contre l'Allemagne le 15 juin.
Les Bleus ont pris leurs quartiers à Clairefontaine, pour leur dernière ligne droite de préparation avant l'Euro 2021. C'est là, dans cette bulle bleue, entre le château, le centre de soins et les terrains d'entraînement, que franceinfo a rencontré le sélectionneur de l'équipe de France, Didier Deschamps. Il s'est confié sur les ambitions des Bleus et l'objectif est clair, "c'est d'aller le plus loin possible, et aller le plus loin possible, c'est être champions d'Europe", comme il l'explique, lundi 31 mai. Les Bleus démarrent d'ailleurs l'Euro le 15 juin avec un adversaire de taille, l'Allemagne. "Avant de penser à être tout là-haut, il y a des étapes à franchir", prévient-il. D'autant que "dans la phase de poule, on a du très lourd".
franceinfo : Dans quel état d'esprit êtes-vous avant le début de la compétition, le 15 juin ?
Didier Deschamps : Il y a beaucoup de sérénité et de tranquillité. Il y a de la confiance mais pas un excès de confiance non plus. On a une charge de travail importante, on fait en sorte de tout planifier dans le moindre détail pour nous amener à être prêts pour notre premier rendez-vous, le 15 juin contre l'Allemagne. Comme toujours, depuis que je suis là en 2012, le but est d'aller le plus loin possible. On a un titre de champion du monde, et sur le papier, une équipe très compétitive, bien évidemment.
Vous ne voulez pas dire que l'objectif, c'est de gagner l'Euro ?
Aller le plus loin possible, c'est quoi ? C'est être champions d'Europe. Je n'ai pas de superstition ou quoi que ce soit, de par ce qu'on a réalisé. J'ai des joueurs qui sont des compétiteurs. Mais avant de penser à être tout là-haut, il y a des étapes à franchir. Et puis, on est plutôt servis, vu nos adversaires dans la phase de poule ! On a du lourd, du très lourd [Allemagne, Hongrie, Portugal].
Vous avez pris huit attaquants, avec le retour de Karim Benzema associé à Antoine Griezmann et Kylian Mbappé. Mais une fois qu'on a couché ces noms sur le papier, il faut réussir à les faire jouer.
Déjà, c'est réducteur, j'en ai pris huit, qui ont des profils différents. J'adore les attaquants, et puis, je sais très bien que c'est là qu'on gagne les matchs. Ils ne commenceront pas tous, mais je n'ai pas parlé que de ces trois-là [Benzema, Griezmann, Mbappé]. Libre à chacun d'interpréter. On avait déjà un potentiel offensif important il y a deux ans. On a été très efficaces, on a marqué beaucoup de buts. J'ai des options différentes, et beaucoup de qualité. Et puis une animation offensive, ce n'est pas que les joueurs offensifs. Il y a aussi les latéraux, les miliuex, les défenseurs. Evidemment, je suis toujours en réflexion. J'ai beaucoup de discussions avec Guy Stéphan, mon adjoint, pour anticiper les différentes options que l'on peut avoir, au début du match ou en cours de match.
Vous avez rappelé Karim Benzema cinq ans après sa dernière sélection. Quel a été le déclic ? Quand est-ce que vous vous êtes dit : "Je rappelle Karim Benzema" ?
C'est un sujet sur lequel je ne vais pas donner plus de détails, ni à vous ni à qui que ce soit. Vous connaissez l'historique de notre rencontre, l'étape la plus importante : que l'on se voit et que l'on discute. Sans ça, ç'aurait été impossible.
Ce n'est pas facile de pardonner ?
Il y a beaucoup de choses qui se disent, des gens contents, des gens pas contents... Parler de pardon, c'est un bien grand mot. On ne parle pas de Didier Deschamps en tant qu'homme, mais de Didier Deschamps sélectionneur. Et je suis dans une fonction. Comme je l'ai dit, je le répète, même si certains ont peut-être du mal à l'entendre : mon cas personnel, je passe au-dessus.
"Je fais toujours des choix pour ce que je pense être le bien de l'équipe de France. Je l'ai toujours fait, peu importe les situations."
Didier Deschampsà franceinfo
Est-ce que ça vous agace, tous ces débats qu'il y a eu autour de Karim Benzema, ou de cette vidéo avec le rappeur Youssoupha pour la présentation de l'équipe de France ?
Non, ce n'est pas agaçant. Je prends beaucoup de recul. Ce n'est pas de mon ressort et je n'ai pas à m'exprimer. Je suis sur le sportif, avec ceux qui sont là. Depuis mardi, je suis en immersion. Ce qui m'intéresse, c'est ce qui se passe à l'intérieur. Bien évidemment que l'extérieur peut impacter mes joueurs mais comme je leur ai dit depuis le premier jour, ce qui est important, c'est ce que je vais leur dire moi. Que ce soit des choses agréables ou désagréables. Le football, c'est le sport le populaire, la passion, ça va contre la raison, ça peut partir un peu dans tous les sens. Même si j'aspire, comme tout entraîneur ou sélectionneur, à avoir le climat le plus serein, je sais bien qu'à tout moment, il peut y avoir une petite étincelle. Voilà, c'est comme ça.
Il y aura une grosse responsabilité, aussi, avec le Covid-19. Vous l'avez rappelé dès votre première conférence de presse, mercredi. Des tests seront pratiqués plusieurs fois par semaine et si un joueur est positif, il sort de la compétition. Ça doit mettre une pression supplémentaire, en tant que sélectionneur ?
Ce n'est pas une pression, mais c'est une inquiétude qui est là. Je ne vais pas dire qu'elle est grande, mais on va tout faire, comme on l'a fait pendant les stages précédents. On a une bulle sanitaire qui est encore plus stricte. Et ce n'est pas que le groupe joueur, parce que j'ai un groupe staff, avec la sécurité, qui est en bulle depuis mardi : aucun contact aujourd'hui avec la famille et les amis.
Une bulle sanitaire pour sept semaines, si vous allez jusqu'en finale, c'est une première.
Que faire ? Ça ne concerne pas que nous mais aussi toutes les sélections. Le risque zéro, personne ne peut l'avoir, mais on fait en sorte de le réduire au maximum.
Vous êtes sélectionneur depuis juillet 2012, vous allez disputer votre quatrième phase finale en tant qu’entraîneur, ce qui est un record.
Peut-être... Je n’ai pas d’objectif dans ce domaine-là. La longévité... Forcément, le compteur augmente, mais je suis toujours animé par la même passion. Le jour où ça ne sera plus le cas, ou que les résultats ne me le permettent pas, là, évidemment...
Votre mandat court jusqu’en 2022, Zinédine Zidane n’est plus l’entraîneur du Real Madrid, il est désormais libre.
Je suis sous contrat avec la fédération jusqu'en 2022. Zizou, il avait déjà dû arrêter avant la Coupe du monde 2018 [après une troisième Ligue des champions consécutive, il avait démissionné en mai 2018 de son poste d’entraîneur du Real Madrid, avant de revenir en mars 2019]. C’est sa situation, il n’y a aucun problème pour moi, ça ne va pas m’enlever la moindre part de sérénité... Mais ça fait parler, apparemment !
Vous avez des moments où vous arrivez à vous arrêter et repenser à vos premiers ballons de foot, à l'Aviron Bayonnais ? Il y a des moments où vous vous dites : quelle chance d'être là où je suis ?
Tous les matins, je me lève et j'ai conscience d'être un privilégié. Déjà, dans ma première vie, parce que j'ai fait de ma passion mon métier. Et là, dans un rôle différent, c'est la même chose. Je ne vais pas me plaindre. Dans le verre à moitié vide, à moitié plein, ce qui m'intéresse, c'est la moitié pleine. Je suis quelqu'un de positif. L'essentiel, c'est de prendre suffisamment de recul avec l'âge et l'expérience. Après il y a la réalité, je fais des choix et je les assume.
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