Mort de Diego Maradona : les quatre moments qui ont forgé sa légende
• Le 10 avril 1981, premier chef d’oeuvre face à River Plate
La classe de Maradona sur un terrain n’a pas commencé en Europe, mais en Argentine. Peut-être même a-t-elle été à son sommet là-bas, tant le numéro 10 puisait alors dans sa jeunesse sans forcément l’abîmer ailleurs. Ce 10 avril 1981, surtout, restera dans les mémoires des supporters de Boca Juniors. Cela faisait pourtant quelques mois seulement que Maradona avait débarqué au club. Mais l’adoption fut rapide : au-delà de son talent, Maradona avait l’état d’esprit idéal pour être aimé des locaux. Face au rival historique River Plate, il a, ce jour-là, définitivement été propulsé au rang de demi-dieu.
Boca l’emporte 3-0, dans une véritable démonstration de football. Maradona est impliqué sur deux des trois buts de son club. Surtout, il marque un but monumental de technicité et d’instinct génial. A la réception d’un centre, il fait une feinte de frappe pour éliminer le gardien avant de transpercer le dernier défenseur resté sur sa ligne. Maradona aura toute sa carrière le don de réserver ses plus belles merveilles aux plus grandes occasions. La première a surgi ce jour-là, devant des supporters de Boca Juniors en transe. Il aura d’ailleurs, après sa carrière, cette phrase au sujet de ses deux années à Boca : “J’ai joué un Barcelone – Real Madrid, mais Boca – River, c’est différent. C’est comme dormir avec Julia Roberts”.
• Le 5 juillet 1984 : arrivée en fanfare à Naples
La deuxième maison de Diego Maradona, c’est bien le SC Naples. Pendant 7 ans, l’Argentin a porté le club transalpin à bout de bras, enquillant les buts (115) et les performances ahurissantes. Et le début de cette histoire remonte à un jour d’été 1984, le 5 juillet. Ce n’est pas une grande compétition, ni même un match. Une simple présentation de joueur. Sauf que l’aura de Maradona l’a précédé, probablement comme jamais dans sa carrière. 75 000 supporters se massent dans les tribunes du Stade San Paolo.
Car le Napoli n’est pas un grand club, à l’époque. L'équipe n’a remporté que deux coupes d’Italie. Aucun titre de champion. Ce sont les clubs riches du Nord de l’Italie qui dominent le Calcio (Juventus, Milan AC, Inter Milan) et Naples représente le football prolétaire du Sud. Pourquoi Maradona a-t-il quitté l’un des plus grands clubs européens (le FC Barcelone) pour ce petit club d’Italie ? Maradona confie aux journalistes : “Je suis venu à Naples pour gagner des titres (il n’a rien gagné pendant les deux années sous le maillot blaugrana), trouver la paix et être respecté”.
Il ne trouvera pas vraiment la paix à Naples, puisqu’il y accomplira certaines de ses plus grandes frasques, que ce soit en boîte de nuit ou dans ses fréquentations mafieuses. En revanche, cette arrivée en fanfare sera à la hauteur de la consécration sportive qu’il emmènera dans ses valises : les Napolitains sont champions d’Italie pour la première fois de leur histoire (deux fois), remportent la Coupe d’Italie et la Coupe UEFA. Le tout dans le sillage d’un Maradona au sommet de son art.
• Le 22 juin 1986 : la fameuse Main de Dieu
Il est 12h51, heure de Mexico, où se déroule le Mondial 1986, lorsque Diego Maradona entre définitivement dans l’histoire. A cet instant, Maradona bondit dans les airs à hauteur des mains de Peter Shilton, le gardien anglais, et envoie le ballon dans les filets. Les plus de 100 000 spectateurs du stade Azteca explosent. L’Argentine mène alors 1-0 contre les rivaux anglais (la guerre des Malouines était encore fraîche dans les mémoires). Mais des joueurs anglais se plaignent auprès de l’arbitre. Le génial numéro 10 aurait marqué de la main.
Ali Ben Yasser l’affirme : non, le but a été marqué de la tête. Maradona lui-même refusera d’avouer son geste pendant des semaines. Car, comme on le voit clairement sur les images, c’est bien ce qui est arrivé : il a permis à ses coéquipiers de se qualifier pour les demi-finales grâce à sa main. La Main de Dieu.
Mais ce jour est aussi celui de l’un de ses buts les plus mythiques. 52 mètres parcourus à 14,4 km/h de moyenne, et cinq adversaires éliminés. Sur les commentaires non moins mémorables de Victor Hugo Morales, cette image restera dans les annales.
• Le 3 juillet 1990 : quand Maradona achève l'Italie
Le Mondial 86 est certes le plus grand accomplissement d’El Diez en sélection. Mais il ne faudrait pas oublier la coupe du monde suivante, celle de 1990. Si l’Argentine, tenante du titre, atteint une nouvelle finale, c’est encore en grande partie grâce à Maradona. Mais plus que cet ultime match plutôt fade face à la RFA, c’est la demi-finale face à l’Italie qui constitue l’une des pages majeures de l’histoire de Maradona.
Le match a lieu le 3 juillet. C’est une finale avant la lettre. L’Italie débarque dans le dernier carré sans avoir encaissé le moindre but. L’Argentine, elle, s’est hissée sans trop de problème jusqu’à ce stade, et surtout, compte dans ses rangs l’incontesté meilleur joueur du monde. Celui-ci s’avance en terrain connu : le match se joue à San Paolo, dans le même stade qui l’a vu soulever son deuxième trophée national avec le Napoli. Le public est d’ailleurs tiraillé entre le culte qu’il voue au génie argentin et le soutien normalement indéfectible à la Squadra Azzura.
Maradona délivre une performance dont il a le secret. À la fin du match, la presse locale affirmera qu’il a disputé là la meilleure prestation de son tournoi. Surtout, il tire le penalty de la gagne. Car le match se termine aux tirs aux buts, et Maradona s’avance en quatrième tireur. L’Italie vient de manquer son dernier penalty. Si Maradona marque, l’avance pourrait être décisive. Il le sait, il pourrait éliminer le pays qui l’a accueilli. Il marque. Le tireur italien suivant manque à nouveau : l’Argentine est en finale. Beaucoup de Napolitains se rallient à sa cause et fêtent la victoire de l'Argentine et de leur star ; preuve de son aura.
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