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Document franceinfo "Le football m'a sorti de la mine" : la dernière interview de Raymond Kopa

Légende du football, le Français Raymond Kopa est mort vendredi à l'âge de 85 ans. Début février, il accordait à un journaliste de franceinfo sa dernière interview. 

Article rédigé par Florian Royer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Raymond Kopa, le 9 février 2017 (FLORIAN ROYER / RADIO FRANCE)

"On m'a toujours appelé Kopa. Déjà très jeune, tout le monde m'appelait Kopa." Celui que restera comme le premier joueur de légende du football français, Raymond Kopa, de son vrai nom Raymond Kopaszewski, est mort vendredi 3 mars. Moins d'un mois auparavant, le 9 février, il accordait sa toute dernière interview à un journaliste de franceinfo.

franceinfo : Vous l'avez souvent répété, quand vous étiez adolescent dans le Pas-de-Calais, vous travailliez à la mine ? 

Raymond Kopa : Je suis d'origine polonaise. Ce qui nous était offert, c'était de travailler dans le charbon. Mon père travaillait à la mine, à Nœux-les-Mines. Mon frère aussi. J'y ai eu droit, moi aussi, à partir de 14 ans. Il n'y avait pas tellement de travail ailleurs... Mon père, mon frère et moi, nous prospections au même endroit, au fond de la mine. C'est là que j'ai subi un éboulement. Ma main gauche a souffert [il a été en partie amputé].

La mine, c'est ce qui fait que je jouais beaucoup au football. Je dirais presque que le football m'a sauvé. Il m'a permis de sortir de cette mine, quand je suis devenu joueur professionnel.

C'est en 1949 que vous vous faites repérer au Concours du jeune footballeur.

Tout à fait. Je n'y croyais pas trop, mais j'ai joué. Je me souviens que j'ai fini deuxième, derrière Jean Saupin.

Vous êtes dans le Pas-de-Calais à cette époque. Comment vous retrouvez-vous à jouer au SCO d'Angers ?

À l'époque, le SCO d'Angers avait très peu de moyens. Le club avait recruté beaucoup de jeunes, dont je faisais partie. J'avais 17 ans. C'est comme ça que j'ai connu ma femme !

Grâce à plusieurs matches que le SCO d'Angers a joué contre Reims, le Stade de Reims a voulu que je joue pour lui. À cette époque, c'était un très bon club. Il ne dominait pas tout le football. Mais le Stade de Reims remportait des titres. 

Vous faites vos débuts en équipe de France en 1952. En 1954, les Bleus sont rapidement éliminés de la Coupe du monde. En 1958, avec la France, vous arrivez jusqu'en demi-finale. Vous étiez devenus bien meilleurs ?

L'équipe de 1958 n'était pas meilleure que celle de 1954. On n'a pas eu de chance en 1954... De mon côté, j'avais progressé. J'ai toujours eu plaisir à jouer en équipe de France, à retrouver les copains. J'aimais bien jouer avec eux.

En 1958, arriver en demi-finale, c'était pour moi un exploit. Mais en demi-finale, le ne vois pas comment on aurait pu battre les Brésiliens... Ils étaient nettement meilleurs que nous. Sans discussion. On a quand même été les seuls à leur marquer deux buts !

Entre-temps, vous aviez signé au Real Madrid en 1956. Comment ça s'est fait ? 

En 1955, l'équipe de France a joué contre l'Espagne, à Madrid. Et on gagné là-bas ! Déjà à l'époque, gagner là-bas, ce n'était pas facile. C'est comme ça que le Real Madrid m'a acheté au Stade de Reims.

Vous gagnez alors trois Coupes d'Europe (1957,1958,1959) et le Ballon d'Or en 1957. Vous diriez que ce sont vos plus belles années ? 

Avec le Real Madrid, je n'ai perdu qu'un seul match à domicile en trois ans... C'est pas mal, non ?

"Je dirais presque que le football m'a sauvé" : extrait de la dernière interview de Raymond Kopa par franceinfo, en février 2017

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