Fausse Ligue des champions, club fantôme... les plus grandes supercheries du sport
Du cimetière indien sous le stade aux supporters du club qui n'existe pas, l'histoire du sport regorge d'anecdotes trop belles pour être vraies.
La Dream Football League a vécu. Cet improbable projet de Ligue des champions privatisée au Qatar, avec la crème du foot européen logée sur des îles bâties pour l'occasion, n'a existé que dans l'imagination fertile des Cahiers du Football. Une source a vendu l'histoire comme vraie au très sérieux Times (en anglais) de Londres, qui a gobé l'affaire et mis une semaine à s'excuser. Ce n'est pas la première fois que la réalité dépasse la fiction. Ou l'inverse. Sélection non-exhaustive.
Au rayon "plus c'est gros plus ça passe" : le cimetière indien sous le stade de Rennes
En janvier 2004, les Cahiers du Foot se font l'écho de la découverte de l'historien Yvon de Kercoffe, qui a effectué des fouilles sous les tribunes en travaux du stade de la Route de Lorient. Les ossements retrouvés sous l'enceinte appartiendraient à une tribu d'Indiens, les Micmacs, ramenés dans l'Hexagone par Jacques Cartier, découvreur du Québec au XVIe siècle.
Et les Cahiers du Foot de citer le professeur : "D'après les relevés effectués, l'ethnie avait même installé un cimetière, selon ses rites, à l'emplacement actuel de la surface de réparation, devant la tribune Ouest-France." De quoi expliquer la malédiction qui frappe le Stade Rennais, incapable de concrétiser ses bons parcours en L1 par un titre ? L'Equipe Magazine reprend à son compte la nouvelle quelques semaines plus tard. L'info est fausse, et depuis, la malédiction est vraie... Mais la finale de la Coupe de la Ligue le 20 avril prochain, opposant Rennes à Saint-Etienne, pourrait y mettre fin.
Et aussi : pendant les JO de Berlin, en 1936, l'Allemagne nazie met toutes les chances de son côté dans le concours de saut en hauteur. Heinrich Ratjen s'aligne donc chez les femmes, avec des cheveux longs et le prénom d'emprunt de Dora. Vous n'aviez jamais entendu parler de cette fraude ? C'est normal : Dora/Heinrich échoue à décrocher une médaille, terminant seulement 4e du concours. Cet échec ne dissuade pas l'athlète de préparer l'olympiade suivante, toujours chez les femmes. Un contrôle d'identité dans un train en 1938 aura raison de sa carrière, raconte Der Spiegel (en anglais).
Au rayon "canular qui dure" : le petit prodige du baseball élevé par des moines tibétains
Avant le développement d'internet, le public était beaucoup plus démuni face aux canulars. Dans son édition du 1er avril 1985, le prestigieux magazine Sports Illustrated (en anglais) consacre 14 pages (!) à "Sidd" Finch, prodige du baseball élevé au Tibet, diplômé de Harvard, qui arrive à pulvériser des canettes de bière à 100 mètres à la seule force du poignet. Personne ne cille. Cette nouvelle recrue des New York Mets déchaîne les passions : le journal reçoit 20 000 lettres de fans.
Des années plus tard, personne n'a oublié Sidd Finch. Joe Berton, qui a incarné le faux joueur sur la couverture de Sports Illustrated, raconte au New York Times (en anglais) cette anecdote : "Je faisais la queue pour une bière lors d'un match des playoffs, en 2003, quand un type m'interpelle : 'Vous êtes Sidd Finch ! Je n'y crois pas !' Il m'a demandé de signer son programme du match. Beaucoup de gens auraient voulu que Sidd Finch existe vraiment."
Et aussi : Sports Illustrated a récidivé en 2002, en consacrant un long portrait à une tenniswoman ouzbèke de 16 ans, Simonya Popova, présentée comme "l'avenir de ce sport". "Si seulement elle existait", conclut le journal. Tout est faux. Même la photo de la jeune femme est en images de synthèse. Une façon de souligner, en creux, le peu d'intérêt du tennis féminin. Ce qui a fait sortir de ses gonds le patron du circuit de l'époque, cité par la BBC (en anglais) : "C'est très désagréable. Il y a plein d'histoires incroyables à raconter. Pourquoi en inventer une fausse ?"
Au rayon "la réalité dépasse la fiction" : les supporters du club qui n'existe pas
Le groupe de supporters de l'équipe de football de Philadelphie a été créé en 2006. A l'époque... le club n'existait pas. Tout est parti du désir de quelques passionnés de ballon rond de poser les bases d'une culture ultra dans cette ville, raconte le Philadelphia Weekly (en anglais). Faute de nom de club, ils baptisent leur groupe "Sons of Ben", les fils de Ben (Benjamin Franklin, un des pères fondateurs des Etats-Unis). Ils effectuent les déplacements, créent des chants et des tifos, inventent une devise en latin au club, se trouvent des équipes à détester et avec qui se créer des antagonismes. En 2009, le groupe compte 4 500 membres, un chiffre à faire pâlir bien des associations de supporters en Europe.
Et un beau jour de 2009, l'Etat de Pennsylvanie débloque des crédits pour construire un stade de soccer, puis lancer une franchise dans le championnat américain, la MLS.
Et aussi : le Luther Blissett Project, vous connaissez ? Le vrai Luther Blissett est un footballeur anglais des années 80 qui s'est distingué par un passage désastreux au Milan AC. Son nom a surtout servi de prétexte à des actions surréalistes d'activistes italiens contre l'industrie culturelle. Le Luther Blissett Project a à son actif de multiples fausses alertes au satanisme dans la région de Viterbo (Italie), et la résurrection du terrain de football à trois buts, raconte le blog Old School Panini. Avant de se faire hara-kiri début 2000, passant la main à des groupes comme les Yes Men.
Une pratique récente ? Pas vraiment. Le site Museum of Hoaxes (en anglais) situe la plus ancienne supercherie sportive connue au milieu du XIXe siècle. Depuis, c'est devenu un sport : combien de médias ont annoncé des transferts de joueurs qui n'existaient même pas ?
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