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Éco-supportérisme, quand les fans de foot se mettent au vert pour la planète

Développer l'action citoyenne et écologique des supporters au sens large, telle est l'idée de l'association Football écologie France.

Article rédigé par Hortense Leblanc, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'association Football Ecologie France a créé le concept d'éco-supportérisme. (BELPRESS / MAXPPP)

Cette journée mondiale de l'environnement, samedi 5 juin, est l'occasion de parler d'un nouveau concept pour le monde du ballon rond. Dans un livre blanc sur le football et la transition écologique, l'association Football écologie France encourage les supporters et les clubs, amateurs comme professionnels, à agir pour la transition écologique, en créant le concept d'éco-supportérisme. 

Car le football est aussi touché par le réchauffement climatique : stades impraticables en raison de la sécheresse ou d'inondations, risques pour la santé des joueurs avec l'augmentation des températures... L'association Football écologie France tire donc la sonnette d'alarme.

En lançant l'éco-supportérisme, elle espère développer l'action citoyenne et écologique des supporters au sens large, en incluant les parents de jeunes joueurs, les bénévoles, les téléspectateurs, les dirigeants de club. Mode de transports, produits locaux à la buvette, gestion de l'eau dans l'arrosage des pelouses... des actions multiples existent pour permettre au football de se verdir. 

En fonction des compétitions, et hors temps de Covid-19, le transport des supporters représente par exemple entre 75 et 95% de l'empreinte carbone d'un événement. Et en France, "la tendance à construire les nouveaux stades en périphérie des villes n'a pas participé à diminuer le phénomène", note le livre blanc. Près de trois millions de kilomètres sont aussi parcourus chaque année par les clubs amateurs pour se rendre sur les lieux de match, et dans le même temps, les professionnels favorisent souvent l'avion pour leurs déplacements.

Un rôle d'exemplarité pour le football ?

Selon Antoine Miche, fondateur et président de Football écologie France, le football a un rôle majeur à jouer dans la prise de conscience écologique : "C'est le premier sport au monde en terme de popularité, c'est aussi le plus médiatisé. Si le foot s'embarque dans la transition écologique, ça peut être gigantesque et rayonner sur l'ensemble du monde sportif et sur la société".

Pour lui, un match de foot regroupe tous les enjeux environnementaux : "les transports, le tri des déchets, avec dix tonnes de déchets en moyenne pour un match de Ligue 1 [(selon l'estimation de la FEF), la consommation énergétique avec l'éclairage, la consommation d'eau pour la gestion des pelouses...". Et en tant qu'activité de plein air, le football pourrait subir le réchauffement climatique de plein fouet. Pour sensibiliser à cet enjeu de transition écologique autour du football, qui pourrait se traduire par un manque d'eau pour entretenir les stades, Manchester City a imaginé, dans une vidéo, la fin du football en 2045.

Lors des événements sportifs, tous les participants peuvent jouer un rôle. "Il faut que les supporters soient incités par les clubs. Amateurs comme professionnels, tout le monde a des leviers. Ça peut passer par une buvette zéro déchet, la sensibilisation des membres du club aux enjeux écologiques, le développement de la biodiversité autour du stade... Et les supporters peuvent privilégier les transports doux à leur voiture pour se rendre au stade ou à l'entraînement, ils peuvent consommer des menus locaux ou végétariens à la buvette...", explique Antoine Miche.

Quant aux tifos déployés lors de grandes rencontres, "il faudrait faire en sorte que ce soit du plastique recyclé, et creuser le sujet avec des industriels pour essayer de donner une seconde vie à ces mètres carrés de bâche en plastique", ajoute-t-il.

Les supporters sont demandeurs

Membre de Football écologie France et président des Kalon, les supporters-actionnaires de l'En-Avant Guingamp, Arnaud Toudic tente d'appliquer les principes de l'éco-supportérisme à son échelle. "On souhaite mettre en place un service de covoiturage et installer des bornes de rechargement pour ceux qui viennent au stade en voiture électrique". Des discussions sont aussi entamées avec l'EAG, pour une prise de conscience sur les moyens de déplacement.

"Avec la crise que subissent les clubs, je suis certain qu'ils vont devoir faire des économies, et l'écologie peut apporter quelque chose dans ce domaine. Par exemple, pour les déplacements, est-ce qu'il faut prendre l'avion systématiquement plutôt que de faire trois heures de car ?", interroge Arnaud Toudic. Et même si la crise sanitaire a freiné la réalisation de nombreux projets, d'autres initiatives sont prévues. "On compte proposer aux supporters de se retrouver pour nettoyer des sites naturels, sur le bord de mer, en forêt, ou aux abords du stade".

Les supporters sont demandeurs, assure Antoine Miche : "Ils sont des citoyens comme les autres, et en France, les enjeux environnementaux sont une des priorités des citoyens". La balle est maintenant dans le camp des clubs, professionnels comme amateurs, et Arnaud Toudic l'affirme : "Si on porte des projets écologiques ensemble, ils seront d'autant plus compris, acceptés, et appliqués"

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