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En Martinique, le football est à l’arrêt à cause des violences

Les rencontres dans les catégories adultes des championnats régionaux sont suspendues pour deux week-ends, après la multiplication des incidents.

Article rédigé par Jean-Pierre Blimo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le stade municipal Pierre-Aliker de Fort-de-France (Martinique). (GOOGLE STREET VIEW)

Le football martiniquais vient d'être frappé par une succession d'évènements qui ont incité les dirigeants de la Ligue régionale à réagir. Les incidents les plus marquants : des débordements le 11 janvier dernier lors d'un match entre deux clubs de Régionale 1, la principale division martiniquaise, et l'agression d'un président de club le 17 janvier. La Ligue régionale de football a décidé de suspendre tous les matchs des catégories adultes (Régionale 1, 2, 3) pour deux week-ends.

Autre événement qui a marqué les esprits, une bonne moitié des arbitres de l'île a décidé de poser le sifflet lors des derniers matchs. Parmi eux, Damien Rosa. Ce jeune arbitre martiniquais de 25 ans officiait à la Ligue régionale mais aussi dans la zone Amérique du Nord et Caraïbes (Concacaf). Il a décidé de tout arrêter jusqu'à la fin de la saison, quitte à stopper sa progression. "Après la première agression, j’ai été égoïste. Je n’ai pas pensé à ma famille et à mon entourage, confie le jeune arbitre au micro de Martinique la 1èreTandis que maintenant, ça touche mon entourage et ma famille. Mes proches sont invectivés partout où ils vont. Il faut prendre du recul sur beaucoup de situations".

L’arbitre c’est un être humain, ce n’est pas un robot. Il a aussi des proches, une famille et un cœur. J’aimerais que les gens le comprennent

Damien Rosa, arbitre

à Martinique la 1ère

Samuel Pereau, le président de la Ligue régionale de Martinique, estime qu'il n'y pas plus de problèmes que ces dernières années, mais en revanche, qu’ils sont beaucoup plus "médiatisés" au travers des réseaux sociaux.

Le moment est propice pour prendre le problème à bras le corps. La première piste est de mieux former les bénévoles que l'on appelle les "messieurs sécurité". Ils sont déjà censés apaiser les esprits, mais ne remplissent pas toujours leur rôle de modérateurs. "Ils ont des comportements qui sont parfois partisans, indique Samuel Pereau, justement parce qu’ils ne prennent pas la mesure des choses. Ils sont désignés sur le tas dans les clubs. Nous voulons développer une véritable compétence pour pouvoir occuper la fonction de responsable sécurité."

Une table ronde à Fort-de-France

Les jeunes joueurs vont, symboliquement, prendre la place des adultes lors des deux week-ends où il n'y aura aucun match en catégorie sénior. Un peu plus tard, une grande table ronde va réunir les présidents de clubs, les arbitres, les capitaines d'équipes, et certains dirigeants dans un lycée de Fort-de-France pour avancer dans la réflexion mais aussi sur les sanctions. "À l’issue de cette grande réunion, continue Samuel Pereau, les propositions vont être formalisés avec évidemment des propositions de sanctions revues certainement à la hausse".

Le volet répressif n'est donc pas occulté à la Ligue de Martinique de football, même si les agressions constatées sur les terrains ne se régleront certainement pas seulement avec les outils habituels des sanctions sportives. Patrick Braouezec est le président du Fondaction du football. A l'interruption des matchs, il préfère des sanctions plus ciblées. "Avec ces mesures, on prive tous les clubs qui ont un comportement normal de compétition, relève-t-il sur franceinfo. Je pense que c'est contre-productif. En revanche, que l'on puisse bien identifier tous les clubs qui peuvent poser problème et que ceux-ci soient effectivement mis à l'amende, y compris au niveau des résultats, qu'on leur enlève des points, c'est à prendre en considération." Pour Patrick Braouzec, le foot doit rester un "plaisir" : "Il faut continuer sur les questions d'éducation, de formation, de prévention."

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