Blanc: "Effacer l'Afrique du Sud avec des résultats"
Une demi-heure, cela laisse du temps pour s'exprimer en détails. Invité de Stade 2, Laurent Blanc, le sélectionneur, a donc pu évoquer l'ensemble des soucis auxquels il est confronté depuis son entrée en matière en Norvège. Entre la gestion de l'après Coupe du monde et surtout de l'après Knysna, son nouveau rôle de sélectionneur, et la liste de l'équipe de France qu'il dévoilera jeudi pour préparer les deux premiers matches des éliminatoires de l'Euro-2012 contre la Biélorussie et la Bosnie. Avec calme, le "président" a tout passé en revue, s'attardant longuement sur le cas des sanctions infligés à quatre joueurs.
Son message, déjà scandé lors de sa première conférence de presse en tant que sélectionneur, n'a pas changé: état d'esprit, retour aux valeurs. Il n'a pas mâché ses mots: "On s'est perdu. Le football doit se poser certaines questions. Depuis 10 ans, on a pris la mauvaise direction. Quand on voit une équipe de France qui est ouverte, qui gagne, qui s'embrasse, on dit que c'est extraordinaire. Mais non, cela devrait être normal. On ne le voit plus en football car on s'est mis dans une certaine bulle, que ce soient les dirigeants, les entraîneurs, les joueurs. On ne s'ouvre pas aux autres. C'est la société qui a évolué. Et le football est son reflet. Ce qui fait mal à notre sport, c'est la notion économique. Elle fait beaucoup de mal au football. On s'est cru sur une autre planète, mais à un moment donné, il faut revenir sur la planète Terre. L'argent fait en sorte que tu peux déconnecter. C'est difficile à assumer dans sa vie." Pour aider les joueurs qui endosseront la tunique bleue, Laurent Blanc a donc décidé d'"inciter les clubs à récupérer les joueurs après les matches internationaux, notamment quand on joue à Paris. Pour le bien du joueur, du club, et de l'équipe de France, je souhaite que le joueur soit récupéré après le match par son club. Certains le font. Il faut essayer de rendre l'entourage des joueurs meilleur." Histoire peut-être d'éviter une nouvelle affaire Zahia ?
Bien évidemment, il a reconnu que le chantier qu'on lui a confié est plus grand que prévu: "On aurai pu penser que la Coupe du monde se passe mieux que ça. Avec le staff technique, on était venu pour bâtir, construire, préparer l'avenir mais là, on s'aperçoit qu'on doit gérer ce qui s'est passé en Afrique du Sud." Et cela ne lui plaît pas beaucoup: "Il y a eu des sanctions. Je ne voulais pas de sanctions disciplinaires. je voulais pouvoir compter sur les meilleurs joueurs en septembre pour deux matches importants. Car c'est l'objectif. On va effacer ce qui s'est passé en Afrique du Sud avec des résultats. S'il y en a, on oubliera, s'il n'y en a pas, on va se remémorer cet incident éternellement." Quant aux sanctions infligées, il ne cache pas son désappointement, voire son agacement: "C'est très surprenant. cette commission d'information a été dictée par l'ancien président de la Fédération le jour où il est parti, et que c'est au nouveau dirigeant et au nouveau sélectionneur d'en subir les conséquences. C'est un peu paradoxale. Sur le fond, cette décision ne me dérange pas. Sur la forme elle me dérange car des gens ont pris des décisions disciplinaires sur des griefs. D'après ce que je sais, c'est un acte collectif, une décision collective, mais là où je suis un peut dubitatif, c'est la nature des peines. Il y en a un qui prend 5, un qui prend 3, un qui prend 1, un qui prend 0. Ces gens-là, il faudrait qu'ils m'expliquent s'ils ont des critères. A ce moment, qu'ils soient clair, qu'ils disent "on a suspendu tel joueur pour cinq matches parce que son taux de responsabilité était très important, etc... Ce qui s'est passé en Afrique du Sud, c'est grave. D'après ce que je sais, et je serais surpris que les gens qui ont mené ces enquêtes en sachent plus que moi, c'est un acte collectif."
De la Coupe du monde, Laurent Blanc essaye de ne plus trop s'en soucier. Mais il n'a pas le choix: "En Afrique du Sud, on a fait trois matches, au niveau footballistique très moyens, et surtout il ne s'est pas dégagé de cette Coupe du monde des éléments sur lesquels on aurait pu s'appuyer dès le mois de septembre. C'est ce qui est très préjudiciable pour les qualifications de l'Euro, dans la mesure où on ne peut pas s'appuyer sur un noyau de joueurs qui a fait ses preuves durant la Coupe du monde." Des cadres, il n'en voit dont pas, ou pas beaucoup: "Dans mon esprit, il n'y a pas de cadre incontournable. A la Coupe du monde, je n'ai pas vu de joueur incontournable. On pense que certains joueurs sont des cadres par rapport à leurs performances en club. Mais ce qui est important, c'est ce tu fais en équipe nationale, c'est ça qui détermine si tu es cadre en sélection. Actuellement, en équipe de France, peu de joueurs ont prouvé qu'ils étaient des cadres incontournables. "
Pour défier la Biélorussie et la Bosnie, il devra se passer de Samir Nasri, blessé, Yoann Gourcuff, suspendu, et Franck Ribéry, sanctionné. "On peut jouer sans meneur. Beaucoup d'équipes jouent sans meneur. De vrais N.10, il y en a de moins en moins. Ca nous obligera peut-être à réfléchir à jouer dans un autre système", glisse-t-il. "Jusqu'à cette liste, personne n'est condamné, et personne n'est sûr d'y être." Et de conclure: "Ce qui s'est passé en Afrique du Sud, j'espère qu'on va le solder le plus rapidement possible, mais je pense que cela prendra du temps. Qu'es-ce qui fera que les gens adhéreront à un nouveau projet, à une nouvelle équipe ? C'est les démonstrations que nous ferons sur le terrain. Ca commence le 3 septembre."
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