Blaquart provisoirement suspendu
Une enquête en cours
On pouvait s'attendre à des retentissements mais sans doute pas aussi rapidement. Deux jours seulement après la publication par Mediapart d'une enquête qui dénonce l'éventualité de la mise en place par la FFF de quotas visant à limiter le nombre de Noirs et d'Arabes dans les équipes de France, les premières têtes tombent. François Blaquart, Directeur technique national (DTN) de la Fédération française de football, a ainsi été suspendu de ses fonctions. "La FFF réaffirme (...) qu'aucune de ses instances dirigeantes élues n'a validé, ni même envisagé une politique de quotas au recrutement de ses centres de formation", peut-on néanmoins lire dans le communiqué de presse du Ministère des sports. Cette suspension a été décidée "dans l'attente des conclusions des enquêtes menées par la FFF (dirigée par M. Patrick Braouezec, président de la Fondation du Football) et par l'IGJS (Inspection générale de la jeunesse et des sports), qui rendront leurs conclusions sous huit jours".
Interrogé par L'Equipe.fr, Erick Mombaerts, sélectionneur des Espoirs, s'est déclaré surpris : "Je ne m'y attendais pas, surtout que c'est le week-end. C'est une vraie atteinte à la liberté de parole. Quand il y a débat, les gens peuvent s'exprimer sans que l'on soit forcément d'accord. Une fois de plus, et c'est ça qui est très désagréable, dès que vous aborder ce type de discussion, ça prête à interprétation." Il a également affirmé ne pas avoir de craintes quant à son propre poste : " Je n'ai pas l'impression de tenir des propos (il ne finit pas sa phrase). J'ai juste l'impression de faire mon boulot."
Blaquart: l'idée d'un quota a été "abandonnée"
Blaquart : "Notre seul problème, c'est celui des doubles nationalités."
Comme Erick Mombaerts, François Blaquart faisait partie de l'assemblée des cadres techniques présents lors de l'assemblée du 8 novembre 2010 au cours de laquelle Laurent Blanc se serait dit "tout à fait favorable" à la limitation du nombre de joueurs à double nationalité dans les centres de formation. Selon Mediapart, Blaquart y aurait déclaré : "On peut s'organiser, en non-dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit". Paroles qu'il a formellement démenti, vendredi, lors d'une conférence de presse. "Notre seul problème, c'est celui des doubles nationalités (formés en France et qui jouent ensuite pour d'autres sélections à l'étranger), s'est-il justifié. Ca intègre des joueurs de toutes les origines. Rien à voir avec la couleur de peau. Il y a aussi des gens originaires des pays de l'Est ou des Latins qui se trouvent dans les mêmes conditions". Et d'ajouter : "Quant à la couleur de peau, nous n'avons qu'à rappeler le lien extrêmement fort avec les départements d'Outre-mer".
Mais interrogé par l'AFP, Blaquart a admis que la question d'un quota a bien été abordée, avant d'être abandonnée. "Nous avons abandonné cette idée de pourcentage, mais nous avons demandé d'être vigilants sur la motivation des joueurs", a avancé M. Blaquart. "On a 45% de joueurs dans les sélections qui ont la possibilité de nous quitter, on pense que c'est beaucoup, a-t-il expliqué. On veut essayer de le réduire. C'est un problème dans la gestion de l'effectif. Quand on voit sur une génération entre 10 et 30% de joueurs de 18 à 21 ans nous quitter, c'est un problème". "On a envisagé de limiter cette situation pour ne pas nous mettre en danger, mais à partir du moment où ce n'est pas une bonne solution, on l'a éliminée, a-t-il ajouté. On va travailler sur l'accompagnement relationnel pour évaluer la motivation des joueurs à jouer pour l'équipe de France et les accompagner éventuellement pour faire leur choix". "Tous les mots rapportés (par Mediapart) restent vrais, a-t-il précisé. Certains mots peuvent choquer, il y a eu des maladresses, mais c'était dans une discussion interne et passionnée. A partir de là, il n'y a rien de nocif". François Blaquart, 56 ans, occupait le poste de DTN depuis octobre 2010, poste dont il avait, dans un premier temps, assuré l'intérim après le départ de Gérard Houllier, devenu manager du club anglais d'Aston Villa. Il avait été confirmé dans ses nouvelles fonctions en février dernier.
Jouanno: "des propos graves"
La ministre des sports Chantal Jouanno a de son côté qualifié de "graves" les propos tenus lors de la fameuse réunion de cadres techniques. "Les propos qui ont été publiés ce (samedi) matin sont graves, a dit Mme Jouanno sur RTL. Ca n'est pas une sanction dans la mesure où il conserve son contrat de travail. Ce ne sont que ses missions de DTN qui sont suspendues pendant une période très courte puisque l'inspection et l'enquête interne doivent prendre au maximum une semaine. Les allégations, les propos publiés par Mediapart sont quand même assez lourds". Chantal Jouanno a souligné qu'une mission d'inspection de la Jeunesse et des Sports ainsi qu'une commission d'enquête allaient se pencher sur le sujet. "Cela nous permettra d'avoir plus d'éléments matériels. Si les allégations de Mediapart sont fausses, il y aura sans doute une attaque en diffamation. Nous soutiendrons leur action. Si c'est vrai, si on a des éléments matériels, on transmet au procureur", a-t-elle déclaré. "Pour l'instant, on a besoin de clarté. Mais c'est vrai que ce sont des propos qui sont assez graves. On ne peut pas rester les bras croisés. Si on laisse les personnes en fonction, ils sont dans la tourmente médiatique".
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