"C'était Michel Hidalgo" par Alain Vernon
Mon premier souvenir de Michel Hidalgo commence sur la route entre la Rochelle et Bordeaux. J’avais l’habitude, comme étudiant, de traverser la commune de St Savin de Blaye où il résidait. Une petite maison basse au cœur de la campagne qui avait attiré tous les médias en 1978 lorsque, la veille du départ des Bleus pour la Coupe du Monde de 1978 en Argentine, deux malfrats l’enlèvent lui et son épouse alors qu’ils quittaient leur domicile en voiture. Avec cette prise d’otages, les deux agresseurs prétendent dénoncer les livraisons d’armes françaises à la dictature argentine. Sauf que sous des airs placides, Michel Hidalgo a beaucoup de caractère et peut parfois se montrer comme un véritable volcan en ébullition (souvenez-vous France/Koweït 1982 !). Il se rebellera finalement en désarmant les deux hommes qui prendront la fuite. C’était ça Michel Hidalgo. Et même si, choqué par cette agression, il envisage un temps de démissionner, il se ravisera finalement et mènera bien les Bleus lors du Mondial argentin.
Cet homme intelligent et épris de dialogues avait aussi compris qu’il dirigeait une génération exceptionnelle conduite par Michel Platini. La blessure de Séville, cette demi-finale que jamais la France n’aurait dû perdre face à la RFA (République Fédérale Allemande), l’agression de Patrick Battiston par le gardien allemand Harald Schumacher, attentat non sanctionné par l’arbitre du match, sont autant de regrets qui le hanteront et l’obséderont ensuite pour la quête du titre européen de 1984, le premier titre international du football français. Michel Hidalgo est alors si populaire que le poste de Ministre des Sports lui est proposé dès le mois de juillet 84. Son refus, à l’époque, ressemble à une immense leçon de modestie. Mais en 2016 , à l’occasion d’un nouvel Euro en France, il me confie une forme de regret dans une interview pour Tout Le Sport, réalisée dans son charmant appartement résidentiel de Marseille qui donnait sur la Méditerranée.
Michel Hidalgo, j’en garde enfin le souvenir d’un consultant érudit, toujours attentif à sa tenue, son vocabulaire, etc. Sa bienveillance pour les autres ou encore son humour sont autant de caractéristiques de ce personnage hors normes du football français. Son truc, en direct, c’était des petites phrases nées de son expérience de sélectionneur et qui ne le quittaient jamais. Sauf qu’un jour de grand vent, à Nîmes, où nous commentions un match de Coupe de France, ses notes se sont envolées... Et on a éclaté de rire tous les deux ! Michel Hidalgo, j’aurais aimé l’avoir comme entraîneur, comme papa ou maître à penser....
Adieu Michel ! Tu resteras à jamais le premier sélectionneur titré du football français... Ma première remontée des Champs Elysées en chantant... Et rien que pour ça, merci Michel...
Alain Vernon
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