Corentin Tolisso : "Travail, humilité et mental", le credo d'un champion du monde discret
Son père, postier originaire du Togo, lui a montré le chemin pour réussir dans le foot: "travail, humilité et mental", des valeurs qui l'ont "aidé à ne pas (se) prendre pour quelqu'un d'autre", explique Corentin Tolisso dans un entretien à l'AFP.
Vous apparaissez comme quelqu'un de posé. Etes-vous différent dans le cercle privé?
Corentin Tolisso : "Je suis beaucoup plus à l'aise quand je suis avec mes proches, je me libère avec ma famille. Parfois je peux être un peu fou-fou quand je suis avec mes amis. Après, dans la vie professionnelle, je suis une personne plus posée."
Votre famille sembler compter beaucoup. En quoi vous a-t-elle aidé lors de votre longue blessure l'an dernier?
CT : "Mes parents étaient très présents en Allemagne, ma copine m'a beaucoup aidé, ma soeur aussi est venue fréquemment. Quand je suis revenu en équipe de France, contre l'Albanie (le 7 septembre à Saint-Denis, après un an d'absence, ndlr), c'était une grande fierté pour moi et il y avait beaucoup, beaucoup d'émotion quand j'ai pu écouter l'hymne national avec mes parents en tribunes. L'année dernière a été la pire de ma carrière, c'était une grosse blessure et j'ai beaucoup douté à certains moments."
Votre père est postier et votre mère travaillait jusqu'à l'an passé dans un centre pour personnes handicapées. Quelles valeurs vont ont-ils transmis?
CT : "Etre toujours humble dans la vie. C'est très important de ne pas prendre les gens de haut, quoi qu'il arrive. Par rapport à ce qu'a pu faire ma mère, j'ai vu à quel point le travail était important dans la vie. Mon père me disait tout le temps que pour réussir dans le foot, il y avait trois choses: le travail, l'humilité et surtout le mental. On peut avoir des moments de moins bien. Et quand on a des bons moments, de garder les pieds sur terre, continuer à travailler. Cela m'a aidé à ne pas me prendre pour quelqu'un d'autre."
Certains Bleus s'engagent clairement contre l'homophobie ou le racisme dans les stades. Est-ce un choix de ne pas vous exprimer ?
CT : "Ce sont des sujets qui me touchent, je n'en ai pas parlé parce qu'on ne m'a pas posé de questions. J'ai été choqué par les choses qui ont pu se passer en Italie ces derniers temps (des cris racistes envers des joueurs, ndlr). Sur le terrain, cela ne m'est jamais arrivé. Mais j'ai pu lire, voir, ce qu'il s'est passé en Italie, je trouve qu'en 2019, cela n'a pas sa place dans les stades de football."
Enfant, vous aviez déjà un faible pour le Bayern. D'où cela vient-il ?
CT : "J'avais demandé le maillot du Bayern pour mon anniversaire, on doit me voir sur une photo avec ce maillot-là étant petit. C'était l'un des clubs les plus connus en Europe et dans le monde. Et quand on est petit, on a envie de jouer dans les meilleurs clubs. Réaliser son rêve, c'est beaucoup de fierté. Mais quand j'y ai signé, pour moi ce n'était pas une fin en soi, il fallait continuer et essayer de marquer l'histoire du club."
Est-ce difficile de s'adapter à un autre pays, ses langues et ses habitudes ?
CT : "Je ne sais pas si ça l'est autant en Angleterre, en Espagne, en Italie, mais en Allemagne c'était difficile par rapport à la langue. C'est une langue compliquée qu'on n'apprend pas au bout d'un an, de deux ans. Maintenant, cela va un peu mieux. J'ai été mis dans les meilleures conditions pour que l'adaptation soit la meilleure. J'avais des coéquipiers qui parlaient français et cela m'a aidé."
Propos recueillis par Antoine MAIGNAN et Jérémy TALBOT.
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