Coupe du monde 2022 : "Presnel Kimpembe a pris une décision très courageuse" en déclarant forfait, selon le préparateur physique des Bleus
Cyril Moine, préparateur physique de l'équipe de France de football, raconte que tout a été fait pour que Presnel Kimpembe puisse jouer le Mondial. Les Bleus ont atterri au Qatar et joueront leur premier match mardi 22 novembre face à l'Australie.
La décision du défenseur de l'équipe de France Presnel Kimpembe de ne pas participer à la Coupe du monde de football est "une décision lourde et une décision très courageuse de sa part", a estimé jeudi 17 novembre sur franceinfo Cyril Moine, préparateur physique de l'équipe de France de football, qui a atterri mercredi 16 novembre au soir au Qatar. Selon lui, "il va donc falloir mettre le bleu de chauffe" afin de défendre le titre de champion du monde des Bleus. Enfin, le préparateur physique des Bleus évoque la question des droits humains au Qatar. "Si je vous dis qu'on ne discute pas de ça avec les joueurs, je serais un menteur".
franceinfo : Il n'y a pas vraiment de temps pour une préparation physique classique avant cette Coupe du monde. Est-ce compliqué pour vous et pour tous les préparateurs physiques ?
Cyril Moine : Il y a toujours de la préparation physique, même lorsqu'il n'y a pas de phase où nous avons la possibilité de faire courir les joueurs. À l'arrivée des joueurs, il y a eu une grosse collecte d'informations par rapport à leurs datas, à leurs conditions physiques, afin de faire une bonne cartographie à Didier Deschamps. Désormais, nous allons voir, en fonction des temps de jeu des joueurs, comment nous allons pouvoir maintenir un état de forme.
Si l'on prend un exemple concret : Presnel Kimpembe est arrivé lundi et est reparti, car il estime ne pas être assez bien rétabli après une blessure. Comment ça s'est passé ?
Il y a eu une concertation avec tout le monde, en premier lieu avec le joueur. Nous avons essayé de tout faire. Il y avait une chance sur dix pour que Presnel puisse rester dans cette liste. Nous avons décidé de prendre cette chance. Nous sommes allés voir sur le terrain ce qu'il faisait. Nous avons également beaucoup communiqué avec le staff du PSG qui nous a aidés dans cette démarche. À la fin, c'est Presnel qui a choisi, en disant qu'il ne pouvait pas venir faire cette compétition. C'est une décision lourde et c'est une décision très courageuse de sa part. Il aurait pu venir faire cette compétition en étant, peut-être, sur une jambe. Il a eu le courage d'analyser proprement la situation et de dire que, comme il n'était pas à 100%, il a décidé de ne pas venir.
Robert Duvergne, un préparateur historique de l'équipe de France, a dit : "Celui qui vous dira qu'il est capable de prévoir le pic de forme d'un joueur est un menteur." Qu'en pensez-vous ?
Je suis tout à fait d'accord. Personne n'est capable de dire que lors de cette préparation physique, on va viser la finale de la Coupe du monde et que tout le monde sera au top. Avant cela, il va y avoir plein de matchs. Il faut être prêt pour chaque match. Il faut qu'on soit prêts pour l'Australie, puis ensuite pour le Danemark, puis contre la Tunisie. Bien sûr que j'aimerais être champion du monde et inscrire une troisième étoile sur ce maillot mais nous connaissons le sort des équipes championnes du monde lorsqu'elles arrivent dans un Mondial. Il va donc falloir mettre le bleu de chauffe. Actuellement, nous récupérons les joueurs comme s'ils étaient en club. Ils viennent de terminer leurs semaines de compétition. Il va y avoir une gestion en fonction des joueurs qui vont jouer et ceux qui vont peu ou pas jouer. Ceux qui vont jouer vont essentiellement axer le travail sur la récupération. Ceux qui vont peu ou pas jouer, il faut pouvoir les maintenir à un niveau de compétitivité si on fait appel à eux.
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Vous êtes préparateur physique et pas préparateur mental. Ce climat est particulier autour de cette Coupe du monde. Avez-vous réfléchi comment accompagner les joueurs pour qui ce climat est un peu lourd à porter ?
On en discute forcément. Si je vous dis qu'on ne discute pas de ça, je serais un menteur. Les joueurs sont concernés par ces problèmes. Il ne faut pas croire qu'ils arrivent en disant : "On s'en fout de l'environnement, on s'en fout des droits de l'homme". Je pense que la communication et l'échange, c'est aussi une manière de faire retomber ça. On leur donne un maximum d'informations sur ce qu'ils veulent savoir.
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