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Disparition de Michel Hidalgo, le monde du foot réagit

Premier sélectionneur tricolore à avoir gagné un titre avec les Bleus en 1984, Michel Hidalgo s'est éteint à l'âge de 87 ans. Entraîneur mythique des Bleus de Platini de 1976 à 1984, il avait fait de la France une nation majeure du ballon rond après une carrière de joueur au Havre, à Reims et Monaco. Aujourd'hui, c'est tout le foot français qui pleure sa disparition, et réagit.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 14min
 
  • Didier Deschamps, sélectionneur

  (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

"Mon adolescence, comme celle de beaucoup de Français de ma génération, a été marquée par les performances étincelantes de son équipe de France, de la qualification pour la Coupe du monde 1978, que notre football attendait depuis 12 ans, jusqu'à l'éclatante victoire à l'Euro-1984. A titre plus personnel, j'ai eu la chance et le privilège d'apprendre à connaître Michel lors de mes deux passages à l'Olympique de Marseille, comme joueur puis comme entraîneur (Hidalgo y a exercé comme directeur général, NDLR). Dans les bons comme dans les mauvais moments, Michel a toujours fait preuve d'une très grande bienveillance à mon égard. C'était un homme profondément gentil. Au-delà de ses compétences techniques, c'est aussi le souvenir de sa bonté que je veux retenir".

  • Manuel Amoros, joueur de l'équipe de France (1982-1990)

  (STAFF / AFP)

"C’est un moment compliqué, difficile. Après l’annonce de sa mort, il y a pleins d’images qui reviennent, des moments qu’on a passé ensemble aux mondiaux ou à l’Euro 84. Malheureusement c’est la vie, quand on perd des gens qu’on aime, c’est difficile. Michel, c’était plus qu’un entraîneur, c’était quelqu’un de très important pour moi et d’autres joueurs. Il a toujours aimé le dialogue avec les joueurs. C’est un homme qui a apporté énormément à tout ceux qu’il a côtoyés".

"Il mettait très à l’aise et faisait progresser ses joueurs.Il voulait mettre en confiance les jeunes qui arrivaient dans ce groupe France bien implanté depuis la coupe du monde 1978 en Argentine. C’est le mon plus grand entraîneur que j’ai connu en Bleu. Michel était humaniste, il savait gérer les gens, il aimait le dialogue pour vous connaître, savoir votre façon de penser, analyser votre caractère. Il savait que niveau qualités de jeu, il n’y avait pas de problèmes, alors il était plus dans le côté humain que tactique". 

  • Alain Giresse, joueur de l'équipe de France (1974-1986)

"C’est tellement une triste nouvelle, c’est douloureux. C’est une grande peine d’apprendre sa disparition, même si on le savait très affaibli, qu’on savait qu’il était assez fatigué, cette issue on la refuse toujours et voilà c’est arrivé aujourd’hui, dans ce contexte déjà difficile. Ce que je garde de lui, c’est sa conviction, sa détermination à relever le football français par son équipe nationale, en s’appuyant sur des qualités qui étaient les nôtres : la technicité, le jeu. 

Il avait cette conviction qu’on pouvait gagner des matchs, des compétitions et il nous l’a transmise, nous a convaincus. C’est son plus grand mérite : de nous avoir fait gagner en jouant. Cela a été une longue montée en puissance de 1976 à 1984. Et ce plaisir qu’il a eu, qu’il avait, quand on était tous réunis autour de lui avec la coupe en 1984. Je pense qu’il a un peu regretté d’avoir quitté le banc des Bleus ensuite. 

Il a été le bâtisseur du football français, il a posé les fondations qui ont permis tout ce qui suit, notamment de démontrer que le football français était capable de gagner. Les bases du football français, même si le type de jeu n’était plus le même ensuite, c’est lui qui les a établies. Avant Michel Hidalgo, on n’imaginait pas la France viser un titre. Mais c’était avant. Michel Hidalgo a transmis l’état d’esprit de gagner, cette détermination, cette conviction ".

  •  Jean Tigana, joueur de l'équipe de France (1980-1988)

Interrogé par l'AFP : "C'est une grande tristesse, car c'est quelqu'un qui arrivait à fédérer comme personne. En un coup de fil, il pouvait tous nous réunir. C'est quelqu'un qui était respecté de tous. Ce qui nous marquait chez Michel, c'est son côté humain. Il déléguait énormément, sur le terrain et dans la gestion du groupe, mais il trouvait tout le temps les bons mots. Pour encourager, pour consoler, il savait toujours nous parler. C'était impressionnant chez lui. Avec le président (de la Fédération) Fernand Sastre, ils ont donné du dynamisme au football français, ils ont réussi à lui faire franchir des étapes en prenant pourtant des risques énormes dans le jeu."
 

  • Maxime Bossis, joueur de l'équipe de France (1976- 1986)

  (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)

Interrogé par l'Equipe : "C'est une triste nouvelle pour toute notre génération. On ne retient que des bons et grands souvenirs avec Michel Hidalgo. Il a été le premier sélectionneur à nous laisser beaucoup de liberté sur le terrain, en nous faisant confiance et en nous traitant comme des adultes. Il avait une grande gentillesse, il a eu un grand talent comme joueur et entraîneur. Il savait toujours trouver les mots pour nous motiver avant les échéances importantes".

"Il était arrivé après Stephan Kovacs, il m'a fait débuter en 1976 contre la Tchécoslovaquie en mars. Il me suivait depuis longtemps dans les équipes de jeunes, et il a laissé sa chance à toute une génération. C'était aussi le premier match de Michel Platini, Gilles Rampillon ou Didier Six. Un premier match suivi de beaucoup d'autres pendant une dizaine d'années.
Dernièrement, on était allés le voir à Marseille avec une quinzaine de joueurs des campagnes des Coupes du monde (1978 et 1982) et de l'Euro 84, Michel Platini, Jean Tigana et bien d'autres parce qu'on savait qu'il était souffrant. On était heureux de se retrouver avec lui
."

  • Bruno Bellone, joueur de l'équipe de France (1981-1988)

  (STAFF / AFP)

"Je ressens une grande tristesse. J’ai perdu mon deuxième père. Il a toujours été proche de moi, il m’a donné ma première sélection et au retour du match, il m’a protégé et a parlé à ma place. Il a toujours été protecteur. Il avait beaucoup de poésie dans sa façon de parler, c’était une personne très agréable. Il voulait une équipe homogène, avec une bonne ambiance, un mélange entre jeunes et anciens. Il cherchait toujours à effacer les différences, à créer un groupe. Il a su ancrer cela dans l’équipe de France. Il avait beaucoup de passion, mais aussi beaucoup d’humour. C’était quelqu’un de simple, de jovial, qui aimait le foot, la vie et ses joueurs.

  • Jean-Marc Ferreri, joueur de l'équipe de France (1982-1990)

"C’était un homme d’une humanité exceptionnelle. Il a été mon premier sélectionneur, quand je suis arrivé sur la pointe des pieds à 20 ans dans la grande équipe de France de l’époque. Mais il a tout de suite su trouver les mots justes pour me mettre à l’aise. Il m’a mis en confiance. C’est ce qui marquait chez cet homme, qui était très humain : sa capacité à toujours trouver les bons mots. Il était très humain. On a organisé un repas avec lui et plusieurs joueurs de l’époque à Marseille il y a peu, je suis très content de l’avoir vu une dernière fois. Ce jour-là, il arborait son célèbre sourire."
 

  • Noël Le Graët, président de la FFF

"Nous apprenons aujourd'hui avec une immense triste et une profonde émotion la disparition de Michel Hidalgo. La Fédération, notre football est en deuil. Michel Hidalgo fait partie des plus grands noms du football français. Il a marqué l'Histoire et le palmarès du football français et international avec le premier titre majeur remporté par notre équipe de France."

"Par sa philosophie de jeu, sa personnalité, sa passion exemplaire, il a contribué au rayonnement de notre sport sur le plan international et à sa popularité en France. Il a su nous procurer des émotions qui sont gravées et resteront gravées. Il restera dans nos mémoires comme un symbole, un entraîneur, un sélectionneur de référence, amoureux du beau jeu, proche des joueurs".

"Michel a rempli de multiples fonctions dans sa carrière au service du football toujours avec compétence, respect des hommes et dans le sens de l'intérêt collectif. C'était un homme d'une grande et belle humanité, une personnalité rare que j'ai eu le plaisir de connaître. Au nom de la Fédération française de Football et de l'ensemble du football français, j'adresse mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches". 

  • Christian Lopez, joueur de l'équipe de France (1975-1982)

"C’est le deuxième décès qu’on l’annonce aujourd'hui... J'ai mangé avec Michel il n'y a pas si longtemps à Marseille, il n'était pas en grande forme. C’est terrible. Il était là physiquement mais on ne le sentait pas vraiment avec nous pour autant. C'est dramatique. Michel, c'était notre sélectionneur. On a disputé la coupe du monde en Argentine, et surtout celle en Espagne avec lui. Je n'en garde que des bons souvenirs. C’était un entraîneur paternaliste qui en plus est tombé sur une bonne génération. Il est à l'origine du renouveau de l’équipe de France. Son décès est une bien triste nouvelle... Même si on arrive dans des âges où c’est sûr qu’on ne va pas aller à des mariages ou des baptêmes."

  • Patrick Battiston, joueur de l'équipe de France (1977-1989)

"C’est une nouvelle qu’on redoutait, on savait qu’il était un peu affaibli. Mais c’est quand même une bien triste nouvelle pour ceux qui l’ont côtoyé, et aussi pour tous les amoureux du football. Parce que c’est lui qui a mis le football français en route, qui lui a donné ses premières lettres de noblesse avec une montée en puissance de 1976 à l’Euro 1984, et ce titre de champions d’Europe en apothéose. C’est un plaisir d’avoir pu jouer sous ses ordres et ses recommandations. Il avait toujours de bons conseils, et entretenait une belle proximité avec ses joueurs. Il était doté d’une vraie gentillesse, mais aussi d’une belle fermeté : il haussait le ton quand il fallait. Il mettait les joueurs très à l’aise. C’était un grand monsieur."

  • Fabien Bonnel capo des Irrésistibles français

"L’âge moyen des membres des Irrésistibles français est de 35 ans, donc né en 1984. Pour beaucoup, Michel Hidalgo rime avec les premiers souvenirs des Bleus en cassette vidéo. Je me souviens des VHS de l’Euro 84 que je regardais en boucle. Je ne l’ai jamais connu personnellement, mais on avait cette image de ce papy de l’équipe de France qui avait amené le premier trophée. J’ai aussi en tête l’image de son large sourire. Il était aussi très agréable à écouter quand il prenait la parole. Pour moi c’est un peu le papy de l’équipe de France. Celui qui lui a offert son premier grand moment. Après, nos membres plus âgés sont encore plus marqués par son décès. Certains étaient à la finale au Parc des Princes en 1984. Michel Hidalgo, c'était un peu le Aimé Jacquet de 84 : un homme victorieux, aimable et souriant."

  • Mathias Malzieu, chanteur du groupe Dionysos et récent réalisateur de "Une sirène à Paris"

"Michel Hidalgo, c’est un peu ma Madeleine de Proust à moi, avec le carré magique Tigana-Giresse-Platini-Genghini puis Fernandez. Il y a deux jours, une chaîne de télévision rediffusait le France/RFA de 1982 et j’ai bien évidemment regardé, avec mon père à l’autre bout du téléphone. J’ai toujours trouvé Hidalgo très tendre, très touchant avec ses grands yeux. Il était naturel, proche des gens, sans archétype. Il me donnait l’impression d’être l’entraîneur de mon club! J’ai trouvé chez lui quelque chose que je n’ai plus retrouvé par la suite chez les autres sélectionneurs des Bleus, y compris Henri Michel qui semblait déjà beaucoup plus distant. Il n’avait pas peur de dire ce qu’il pensait, n’était pas formaté comme maintenant. Certains reprochent à Hidalgo sa gestion de la prolongation face à la RFA en 1982? Moi, non. On ne peut pas lui en vouloir d’être un acteur, même perdant, de ce match-là, sans doute le plus beau match de foot de tous les temps."

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