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Equipe de France : les joueurs sont "libres de s'exprimer" sur le sort des travailleurs au Qatar, assure Didier Deschamps

Interrogé à plusieurs reprises sur la lettre adressée par l'ONG Amnesty International à la FFF, le sélectionneur des Bleus a plusieurs fois botté en touche, évoquant "un sujet sensible".

Article rédigé par Denis Ménétrier, franceinfo: sport - Au siège de la FFF
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
Des ouvriers sur le chantier du stade Al-Wakrah, à Doha (Qatar), en construction pour la Coupe du monde de football organisée en 2022 dans le pays. (RAMIL SITDIKOV / SPUTNIK / AFP)

Didier Deschamps devait se douter qu'il aurait droit à une question sur le sujet. Quelques minutes après avoir dévoilé sa liste de 24 joueurs pour les prochains matchs de l'équipe de France, jeudi 19 mai, le sélectionneur des Bleus a été interrogé sur la lettre ouverte adressée par Amnesty International à la Fédération française de football. L'ONG y demande de l'aide pour "défendre et soutenir les personnes migrantes travaillant dans des conditions indignes au Qatar" en vue de la prochaine Coupe du monde.

Le sélectionneur des Bleus n'est pas parvenu à contenir un petit rictus. "C'est un sujet sensible, très sensible. Ce n'est ni mon rôle, ni celui des joueurs de mettre la pression sur la fédération. Ce que je peux dire, c'est que les dispositions nécessaires ont été prises pour être attentif à ce qu'il se passe au Qatar. Maintenant, je n'ai pas envie de rentrer dans un débat médiatique." La mine du sélectionneur s'est ensuite déconfite lorsque l'auteur de la première question l'a relancé sur le sujet à plusieurs reprises.

"Je ne suis pas là pour bâillonner les bouches"

Le sélectionneur des Bleus a alors préféré botter en touche : "Si je réponds à votre question, j'entre pile dans ce que je refuse : le débat médiatique. Après je pense avoir prouvé à maintes reprises que je fais en sorte de tout comprendre et d'être tolérant."

L'Organisation mondiale du travail a affirmé en novembre 2021 que "50 travailleurs ont perdu la vie en 2020" au Qatar, notamment sur à cause des "projets d'infrastructure de la Coupe du monde". Par ailleurs, "un peu plus de 500 [travailleurs] ont été gravement blessés, et 37 600 ont subi des blessures légères à modérées, dans le cadre de leur travail". Dans une enquête publiée en février 2021 (article en anglais)The Guardian, analysant des sources gouvernementales, évoquant un bilan bien plus lourd, avec "plus de 6 500 travailleurs migrants morts" au Qatar depuis que le pays a gagné le droit d'organiser la Coupe du monde.

Les footballeurs danois, norvégiens, et allemands se sont déjà engagés sur le sujet, selon la lettre ouverte d'Amnesty International. Deschamps a pour sa part assuré que ses protégés sont en mesure de se positionner sur le Qatar. "Chaque personne a et aura toujours sa liberté d'expression. Je ne suis pas là pour bâillonner les bouches.

Amnesty International réclame des comptes à la Fifa

L'équipe de France aura encore six matchs à jouer (quatre en juin et deux en septembre) avant de se rendre à Doha mi-novembre. De son côté, Amnesty International a demandé à la Fifa de verser une compensation d'au moins 440 millions de dollars aux travailleurs immigrés présents au Qatar.

L'instance qui gère le football mondial et l'organisation de la prochaine Coupe du monde a réagi en précisant au Monde "mettre en œuvre un processus de diligence requis sans précédent en ce qui concerne la protection des travailleurs impliqués dans la Coupe du monde 2022, conformément à la responsabilité de la Fifa en vertu des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme".

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