FFF : la présidence de Noël Le Graët en sept actes
► Juillet 2011 : Élu président pour "sauver" le football français
Le football français vit ses heures les plus sombres. Un an après le scandale de Knysna, la Fédération française de football s'apprête à un prendre un virage aussi décisif que redouté. Le président intérimaire, Fernand Duchaussoy (45,4%), qui paie encore une partie des pots cassés, s'incline face à Noël Le Graët (54,39%) dans l'élection du 18 juin 2011. L'ancien président emblématique de l'En Avant Guingamp (1972-1991 et 2002-2011) et de la Ligue de Football Professionnel (1991-2000) est prévenu, le chantier est aussi immense que le défi est excitant : redorer le blason d'un football français meurtri. "L'objectif est clair : moins on parlera de la FFF, mieux on aura travaillé", assure-t-il dans la foulée de sa première élection.
► Juillet 2012 : Le Graët - Deschamps, un tandem pour durer
L'ombre de Knysna est toujours omniprésente durant sa première année de mandat et l'échec cuisant à l'Euro 2012 (élimination en quarts de finale par l'Espagne) le pousse à prendre la décision la plus importante de sa carrière. Laurent Blanc n'est donc pas prolongé après deux années de transition difficiles et c'est un autre champion du monde 98, Didier Deschamps, qui est nommé à la tête de la sélection tricolore. L'ex-capitaine des Bleus et le président de la FFF affichent rapidement une entente sans faille puis s'entendent parfaitement sur un objectif commun et à moyen terme : briller à nouveau en compétitions internationales et particulièrement au Mondial brésilien en 2014.
► Décembre 2015 : Le Graël face au scandale de "l'affaire Benzema"
Si les maux du passé sont enfin un vilain souvenir, grâce notamment à l'éclosion d'une nouvelle génération incarnée par Paul Pogba et Antoine Griezmann, Noël Le Graët doit faire face à un scandale médiatique inédit, provoqué par l'affaire de la sextape de Mathieu Valbuena. Quelques mois après le Mondial 2014, très encourageant pour les Bleus (battus par l'Allemagne, future championne du monde, en quarts de finale), l'attaquant star de l'équipe de France, Karim Benzema, est cité dans l'enquête avant d'être mis en examen pour "complicité de tentative de chantage et participation à une association de malfaiteurs" en novembre 2015. Le 10 décembre de la même année, Noël Le Graët enterre l'avenir en Bleus de l'attaquant du Real Madrid et annonce qu'il sera écarté des sélections de l'équipe de France "jusqu'à ce que la situation évolue." Depuis ce jour, Didier Deschamps n'a plus jamais rappelé Karim Benzema.
► Juillet 2018 : La France de Le Graët sur le toit du monde
Qui l'eut cru ? Huit ans après le cauchemar de Knysna, la France triomphe à nouveau et remonte sur le toit du monde ! En Russie, à l'occasion de la Coupe du monde, les jeunes Bleus de Didier Deschamps sont irrésistibles et malgré une phase de poules délicate, Antoine Griezmann, Hugo Lloris, Paul Pogba, et le nouveau prodige du football français Kylian Mbappé (19 ans) mènent la sélection tricolore jusqu'au titre suprême ! Ils ramènent la Coupe à la maison mais surtout, cette génération dorée réconcilie définitivement l'équipe de France avec son public, en admiration totale devant cette jeunesse insouciante, rafraichissante et triomphante. Un titre mondial, des valeurs retrouvées et une joie de vivre communicative : ces Bleus-là incarnent tout simplement la réussite totale du plan élaboré par le tandem Le Graët - Deschamps, six ans après le début de leur collaboration.
► Avril 2020 : Face à la Covid-19, Le Graët "stoppe" le football en France
Auréolée d'un titre de champion du monde, plus que jamais respectée et désormais crainte par tout le monde du football, la France se lance ainsi dans la quête d'un nouveau triomphe : l'Euro 2020. Mais vingt ans après le deuxième titre européen de l'équipe de France, la planète est frappée de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Le sport se met à l'arrêt au fil des semaines, et comme les JO de Tokyo - reporté à l'été 2021 - le football n'y échappe pas : l'Euro 2020 est repoussé à l'été suivant. Sur le plan national, le gouvernement français recommande vivement à la FFF et à la LFP de mettre un terme définitif à la saison 2019-2020. Le 28 avril 2020, Noël Le Graët valide donc l'arrêt définitif des championnats de France de football professionnel et refuse un élargissement provisoire de la Ligue 2 à 22 clubs. Les classement de la Ligue 1 et de la Ligue 2 sont ainsi figés à la 28e journée. Cette décision historique brise et divise les présidents, les dirigeants et les supporters du football français qui vit une crise aussi bien structurelle qu'économique sans précédent.
► 21 janvier 2021 : Un 4e mandat à la tête de la FFF, l'ultime défi de Le Graët ?
Vraisemblablement, pour Noël Le Graët, la boucle n'est pas encore bouclée. À 79 ans, le Breton annonce, le 21 janvier 2021, sa candidature à la présidence de la Fédération française de football pour un quatrième mandat consécutif. Après avoir déjà combattu et vaincu un cancer au début des années 2000, l'ancien maire de Guingamp n'est jamais fatigué, ou encore moins rassasié. Que ce soit une leucémie - soignée depuis - , un titre mondial en 2018, ou encore une crise sanitaire aussi imprévisible que dangereuse pour l'économie du football, rien de tout ça n'a finalement poussé Noël Le Graët à prendre du recul. Du moins, pour l'instant. Pour le célèbre dirigeant français, il s'agit maintenant d'aller au bout des choses avec son plus fidèle soldat, Didier Deschamps.
► 13 mars 2021 : Indéboulonnable
À la majorité absolue dès le premier tour (73,02%), devant l'ancien boss de la Ligue de football professionnel Frédéric Thiriez (25,11%) et l'entrepreneur Michel Moulin (1,87%), le Breton de 79 ans est réélu pour un quatrième mandat. Fort de dix ans d'expérience, Noël Le Graët a su s'attacher le soutien du monde amateur, crucial pour remporter les suffrages.
Remis d'une leucémie lymphoïde annoncée avant le Mondial-2018, "NLG" se dit "en pleine forme" pour poursuivre l'aventure, préférant toujours parler d'"expérience" plutôt que d'âge, alors qu'il sera octogénaire en décembre. Ira-t-il jusqu'au bout de son mandat ? Le terrain est damé pour sa succession, avec en première ligne ses fidèles parmi les fidèles, Marc Keller, président de Strasbourg, voire Jean-Michel Aulas, le patron de l'Olympique lyonnais. Tous deux resteront membres du comité exécutif de la FFF, auquel ils ont été reconduits pour quatre années. Mais un potentiel passage de témoin à mi-mandat a été évoqué...
En attendant, Le Graët semble déterminé à ne rien modifier à la gouvernance actuelle de sa Fédération, malgré des secousses en interne ces dernières années, notamment relatives aux méthodes managériales de la directrice générale Florence Hardouin. La continuité, jusqu'au bout.
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