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France-Albanie : le 4-4-2 n'a pas convaincu Didier Deschamps

Didier Deschamps voulait tester un autre dispositif contre l'Albanie. Sur la pelouse bien mouillée du stade de la Route de Lorient, il a vu que son ambition de voir ses joueurs se fondre dans un 4-4-2 n'était pas encore assouvie. Brouillonne pendant les 45 premières minutes où Benzema et Lacazette étaient associés dans l'axe, l'équipe de France a retrouvé de l'allant après la pause. Au moment où elle est repassée avec une seule pointe et deux ailiers. Chassez le naturel, il revient au galop.
Article rédigé par franceinfo
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La déception des joueurs français, Raphaël Varane, Karim Benzema et Paul Pogba

Didier Deschamps l'avait annoncé en conférence de presse, il voulait que ses joueurs soient capables d'évoluer dans plusieurs schémas tactiques. Car un match de football n'est jamais le même et l'adversaire non plus. Face à une équipe regroupée dans ses 20 mètres, Deschamps voulait voir ce que donnerait une équipe avec deux attaquants. Il a vu. Et il a changé. "A la mi-temps, le sélectionneur a dressé le constat exact et a trouvé des solutions pour qu'on rectifie le tir", a avoué le capitaine Hugo Lloris. Pendant une mi-temps, Deschamps a vu un Alexandre Lacazette beaucoup bougé et un Karim Benzema, un peu perdu. L'association des deux meilleurs attaquants français du moment promettaient des étincelles sur le papier, elle a fait flop. "C'était la première fois qu'ils étaient associés (...) Trouver des repères, ce n'est pas facile, surtout face à une équipe qui ne laisse que peu d'espaces", a reconnu "DD" après la rencontre. Durant ce premier acte, les Bleus auront encaissé un but sur un coup de pied arrêté - le cinquième sur les six derniers encaissés - et auront peu mis en difficulté l'arrière garde albanaise. L'attaquant lyonnais aura été le seul à tenter de loin (38e minute). C'est peu. Trop peu pour Deschamps qui a préféré arrêté les frais et repasser à un système en 4-3-3 où les joueurs ont leurs habitudes et leurs repères. Et c'est grâce à cela et à l'entrée déterminante d'Antoine Griezmann que les Bleus ont réussi à arracher le match nul (1-1).

Le 4-4-2 : les bons hommes, mais pas d'entente

Pour que ce 4-4-2 fonctionne, il aurait fallu autre chose. Autre chose qu'un numéro 10 - Mathieu Valbuena -, au demeurant très disponible et remuant encore une fois, qui aura passé le plus clair de son temps sur l'aile droite à combiner avec Christophe Jallet. Dans cette configuration, il aurait fallu qu'il soit plus près de ses attaquants et dans une position beaucoup plus axiale. Il aurait également fallu que les deux attaquants parviennent à jouer ensemble. Or pendant 45 minutes, les échanges entre Benzema et Lacazette ont été inexistants. Le Madrilène n'a été que rarement en position intéressante et le Lyonnais, malgré une réelle envie de bien faire et une belle justesse dans les remises, a été "un peu timide" selon Deschamps. "C'était le premier match d'Alex (comme titulaire, ndlr). Il n'était pas complètement libéré", a expliqué le sélectionneur.

L'attaquant français Alexandre Lacazette

"On a été trop dans l'axe" a regretté Benzema, même si vendredi soir, on n'a pas eu l'impression que les trois joueurs se soient marchés sur les pieds. Exilé à gauche, suite au changement tactique, avant sa sortie, Lacazette a peu à peu disparu de la circulation. Et comme par hasard, Benzema a lui retrouvé de sa superbe quand il a été seul sur le front de l'attaque. Le Madrilène n'a pas marqué malgré une énorme occasion (75e) et a vu Lacazette regagné le banc, cédant sa place à Gignac. Le Lyonnais n'a pas forcément marqué de points, mais Deschamps n'avait pas l'air de le condamner puisqu'en soulignant l'apport et les progrès d'Antoine Griezmann, le buteur - "ce qu'Antoine est capable de faire aujourd'hui, il avait plus de mal à ses débuts" -, il a tenu à encourager le meilleur buteur de Ligue 1. "Alex va aussi progresser dans ce sens", a-t-il souligné.

Le 4-3-3 et le 4-2-3-1, des schémas plus naturels

Au retour des vestiaires, Deschamps a donc tout changé. Exit le 4-4-2, retour au 4-3-3 avec Cabaye en pointe basse du milieu, juste derrière Pogba et Sissoko et le trio d'attaque Lacazette (à gauche), Valbuena (à droite) et Benzema (dans l'axe). Ce changement tactique a replacé les Bleus dans un schéma qu'ils connaissent par coeur. Cela a aussi permis de libérer les latéraux, bien discrets jusqu'ici. En première période, Digne et Jallet ont peu débordé et ont mal défendu. Or dans un 4-4-2 sans ailier, le latéral est celui qui doit offrir des solutions de débordement. Le latéral du PSG, encore un peu tendre, et celui de l'OL l'ont rarement fait. "Nos problèmes défensifs ne sont pas spécialement dus au 4-4-2, même si ça donne plus de boulot pour les latéraux", a d'ailleurs estimé Digne. Avec le retour des ailiers, ils ont à nouveau pu combiner à leur guise et c'est sur un relais avec Jallet, collé à la ligne de touche, que Griezmann a réalisé son petit numéro qui a conduit à l'égalisation.

Le 4-3-3, puis par la suite 4-2-3-1 avec l'entrée de Dimitri Payet et André-Pierre Gignac, a permis aux Bleus de retrouver de la largeur et de désengorger l'axe où les attendaient les Albanais. Comme par enchantement, on a ensuite retrouvé de la vitesse, du mouvement et de la percussion dans le jeu tricolore. Est-ce le changement d'hommes ou de dispositif qui a tout changé. Deschamps pensait avoir la réponse après le match : "On peut faire mieux en 4-4-2. Je ne veux pas condamner ce système mais on a plus de repères avec une attaque positionnée plus sur la largeur. Ca semble plus rationnel", a-t-il déclaré. Contre la Suède, il devrait donc revenir aux basiques, même si, que ce soit en 4-4-2 ou en 4-3-3, la France "doit être capable de jouer avec les deux systèmes" a conclu Benzema. Lui, ses partenaires et Deschamps ont encore plus d'un an et demi pour tester et trouver des solutions.

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