Interview Financement des clubs amateurs, foot féminin, Ligue 3… Les ambitions de Philippe Diallo pour la FFF

Alors que le résultat des élections sera connu samedi 14 décembre, le président en poste brigue un nouveau mandat. Il s’est confié à franceinfo.
Article rédigé par Julien Froment
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Philippe Diallo, président de la FFF, candidat à sa réélection, en décembre 2024. (PHOTOPQR/NICE MATIN/MAXPPP)

"J'ai fait la tournée des Ligue ces derniers jours, quasiment 18 ou 19 clubs visités, c'est un rythme pire que celui d'un footballeur (rires)". Philippe Diallo est dans la dernière ligne droite de sa campagne. Grand sourire, en costume, il reçoit franceinfo dans son bureau, boulevard de Grenelle, à Paris, au siège de la Fédération française de football.

À la tête de la Fédération, d'abord par intérim depuis janvier 2023 après l'affaire Noël Le Graët, puis pleinement élu président en juin 2023, l'homme de 61 ans s'est pris au jeu d'un poste convoité par un autre candidat, Pierre Samsonoff, 47 ans, ancien directeur général de la Ligue du football amateur.

"Mon rôle, c'est de faire l'intermédiaire"

Avec plus de 2,3 millions de licencié(e)s, la FFF est un job exposé, à plein temps, où il faut gérer la partie visible - les équipe de France – et la partie immergée de l'iceberg. "Récemment, j'étais à Angers pour le match de l'équipe de France féminine, et je suis allé rendre visite à l'équipe de la Croix Blanche d'Angers, une section féminine qui évolue en Division 3", détaille Philippe Diallo. 

"Ils n'avaient pas d'eau chaude dans le vestiaire. C'est ça aussi la réalité, et mon rôle, c'est de faire l'intermédiaire, le relais avec les élus locaux." Mieux redistribuer aux clubs amateurs, en augmentant sensiblement le budget, c'est l'un des objectifs de Philippe Diallo, qui s'est confié quelques minutes.

franceinfo : Après 18 mois à la tête de la FFF, quel bilan faites-vous ?

Philippe Diallo : Je voulais que ces 18 mois à la tête de la présidence soit un temps utile. À la fin de l'année 2024, je crois pouvoir dire que ce temps a été utile parce que dans ce laps de temps, on a battu le record de licenciés avec 2,4 millions dont 250 000 féminines. C'est aussi un record. On a réussi à reverser cette année 106 millions d'euros pour le football amateur, c'est un autre record. On a négocié le renouvellement du contrat avec notre équipementier Nike et obtenu peut-être le contrat le plus important d'équipement qui est dans le monde.

On parle de plus de 100 millions d'euros par saison, sur les 10 prochaines années…

On est dans cet ordre de grandeur (sourires). Je pense qu'aujourd'hui la Fédération a restauré son image. On a une gouvernance apaisée. Et on a des résultats sportifs de très haut niveau. A un but près, l'équipe de France masculine aurait terminé l'année en tête du classement de la Fifa donc meilleure équipe du monde. Notre futsal, pour sa première participation à une Coupe du monde, a été en demi-finale. Nos féminines ont été pour la première fois en finale de la Ligue des nations. C'est un résultat sportif qui montre que le football français, grâce à sa formation, qui se perpétue d'année en année, continue à avoir une très haute performance au plan international.

On a aussi, je pense, renforcé la solidité du modèle économique de la Fédération. Puisqu'aujourd'hui, on a une forme de visibilité sur les dix prochaines années avec une perspective de croissance, donc ça veut dire pour nos clubs amateurs, pour notre football, une capacité à venir accompagner partout sur le territoire nos clubs pour qu'ils continuent dans de bonnes conditions leur travail d'accueil de nos millions de licenciés.

"On vise 500 000 licenciées d’ici 2028."

Philippe Diallo

à franceinfo

Quels vont être les défis à venir, selon vous, et quels sont vos objectifs ?

Les défis sont multiples. Dans le football féminin, on vient de lancer la Ligue féminine de football professionnel (LFFP). On s'est fixés aussi pour la base, un objectif très ambitieux de 500 000 licenciées, soit un doublement du nombre de jeunes filles qui jouaient au football. On va lancer d'ici deux ans -l'objectif est 2026/2027 - une Ligue 3 professionnelle sous l'égide de la Fédération.

Au départ, j'avais dit que les conditions n'étaient pas réunies, certains ont cru que j'y étais opposé, ce n'était pas le cas. Là, les conditions sont là, mais il faut au moins deux ans pour trouver un namer, des sponsors, un diffuseur. C'est un travail similaire à celui de la LFFP. Et on peut aussi réfléchir à une régulation. Peut-être un salary cap, voir dans quelle mesure on peut mettre les joueurs locaux aussi en avant. On va multiplier de manière importante les aides à nos clubs amateurs. Très concrètement, on veut passer l'aide qui est donné à nos clubs amateurs de 100 à près de 150 millions d'euros à terme. Des perspectives très importantes et qu'il va falloir collectivement mener à travers une concertation fléchée de manière très précise, là où les besoins se font ressentir. C'est-à-dire qu'il y ait un vrai ruissellement qui va permettre sur une mandature à faire en sorte que, parmi nos 12 500 clubs, tous ait reçu une aide directe ou indirecte de la Fédération.

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