Irlande-France : Benjamin Pavard, du placard au Qatar au but libérateur de Dublin
Et soudain, le chant dédié de Benjamin Pavard s'est mis à résonner de la petite tribune nord de l'Aviva Stadium à la 50e minute du match entre l'Irlande et la France, lundi 27 mars. "Benjamin Pavard, je ne crois pas que vous connaissez. Il sort de nulle part, une frappe de bâtard, on a Benjamin Pavard !", ont entonné les 2 905 supporters français présents à Dublin. Sans ce but, pas sûr que l'équipe de France serait repartie victorieuse d'Irlande.
Pour Pavard, ce but est une histoire de rédemption, mais surtout une question de confiance mutuelle avec le sélectionneur Didier Deschamps. Au coup d'envoi de la rencontre, le latéral droit a dû se replonger intérieurement dans ces derniers mois et se rendre compte que sa titularisation lundi n'avait rien d'évident il y a encore quelques semaines. Très bon avec le Bayern Munich depuis le début de l'année 2023, le Français aux 48 sélections a encore en tête sa Coupe du monde.
Au Qatar, Pavard débute le premier match comme titulaire au poste de latéral droit contre l'Australie et rend une copie très moyenne. Puis, plus rien. Pas une minute de plus sur les pelouses de Doha. Pavard traverse toute la compétition comme un fantôme, présent et engagé aux entraînements, mais conscient qu'il ne sera plus aligné. Le Munichois passe la plupart de son temps avec Olivier Giroud, son grand pote en équipe de France. Malgré sa déception personnelle, il a toujours gardé le bon état d'esprit vis-à-vis du groupe.
Trois buts de grande classe avec les Bleus
Pavard s'est fait un nom comme latéral pendant la Coupe du monde 2018, avec cette fameuse "frappe de bâtard" contre l'Argentine en huitièmes de finale de la compétition (4-3). Mais lui ne l'a jamais caché, il veut évoluer dans l'axe de la défense, comme avec le Bayern. Alors que sa convocation était loin d'être acquise, Deschamps a pourtant mis les choses au clair lors de l'annonce sa liste le 16 mars dernier.
"Là, il le sait bien, comme il le savait à la Coupe du monde, c'est d'abord pour un poste de latéral droit", a alors assuré le sélectionneur, après avoir précisé avoir "beaucoup discuté [avec Pavard] avant la Coupe du monde, pendant et après aussi. On ne va pas revenir là-dessus, ça appartient au passé". Reste que Deschamps a accepté de lui faire de nouveau confiance, et que Pavard n'a pas rechigné au moment de rejouer au poste de latéral.
Cette confiance mutuelle s'est ressentie lundi à Dublin, avec cette frappe soudaine et surpuissante. Pavard n'a marqué que trois fois avec les Bleus en 48 sélections, mais à chaque fois des buts de choix : la demi-volée contre l'Argentine, une volée fouettée contre la Suède en novembre 2020 (4-2) et cette lourde frappe venue taper la barre transversale de Gavin Bazunu avant de rentrer.
"Je suis là pour le collectif"
Ce but est-il une revanche pour lui ? "Non. C'est vrai que tout ne s'est pas passé comme prévu [au Mondial] mais je suis là pour le collectif. Si le coach n'a pas fait appel à moi, c'est qu'il pensait qu'il y avait meilleur que moi. Là, j'ai eu l'opportunité de jouer, ça m'a réussi et j'ai marqué en plus. Après, le rôle d'un défenseur, c'est de bien défendre. Tant mieux, je suis content et j'espère que ça va continuer comme ça", a estimé Pavard au micro de La Chaîne L'Équipe.
Pas un mot plus haut que l'autre pour ne pas irriter son sélectionneur, qui lui en a glissé quelques-uns à l'oreille lors d'une accolade entre les deux, au moment de la sortie de Pavard à la 81e minute. "Je lui ai dit que j'étais content pour lui. Il a connu des périodes moins heureuses. Il est là, même si ce n'est pas exactement son registre, c'est lui qui nous permet de gagner le match. N'importe quel joueur peut avoir une période difficile, ce n'est pas pour autant que je leur enlève la confiance et c'est à eux de se maintenir au plus haut niveau en club", a expliqué Deschamps au micro de TF1 après le match. Ce lundi 27 mars, l'homme à la "frappe de bâtard" a peut-être définitivement relancé son histoire en équipe de France.
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