L'ancien sélectionneur des Bleus Michel Hidalgo est mort, annonce son épouse
Le 13 février dernier, ils étaient tous réunis autour de lui. Michel Hidalgo avait retrouvé les hommes qui ont écrit une bonne partie de son histoire. Ou inversement. Les Michel Platini, Alain Giresse, Jean Tigana, Manuel Amoros, Luis Fernandez, Maxime Bossis, Christian Lopez...
"Avec Michel Hidalgo, c'était un grand moment d'émotion, de nostalgie", racontait alors Bruno Bellone, l'ancien ailier virevoltant à L'Equipe. "C'était super de le revoir, de parler avec lui, de l'embrasser. On s'est mis en file indienne comme si on entrait sur un terrain et on l'a embrassé chacun notre tour. On s'est présenté parce qu'il ne reconnaissait pas tout le monde mais ce n'est pas grave, l'important c'était d'être ensemble."
Il a fait renaître le football français
Michel Hidalgo était plus qu'un sélectionneur, plus qu'un entraîneur, plus qu'un ancien joueur (qui a débuté sa carrière professionnelle au Havre, avant d'aller à Reims où jouait Raymond Kopa et qui était entraîné par son mentor Albert Batteux, puis Monaco), c'était un passionné, un père pour toute une génération. Il venait du Nord de la France, fils d'un ouvrier métallurgiste d'origine espagnol, mais il avait tout du méridional, aimant prendre ses joueurs dans les bras, les toucher, rigoler avec eux tout en les astreignant à un travail physique de forçat.
De 1976 à 1984, il a mené l'équipe de France d'aventure en aventure, de succès en désillusion. A cette époque, la France n'était pas une terre de football, ni une référence. La génération des Kopa et Fontaine était bien loin, celle des Zidane et Deschamps pas encore là. Les grandes heures des Verts n'avaient pas eu de répercussions en équipe de France.
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Michel Hidalgo a mené cette équipe en Coupe du monde en 1978, alors que la sélection avait échoué à y participer les deux éditions précédentes. S'ils échouent au 1er tour, dans un groupe très relevé puisqu'en compagnie de l'Italie et de l'Argentine, future gagnante et organisatrice de l'événement, le technicien sait déjà qu'il tient son joueur pivot : Michel Platini.
Le "carré magique", symbole de son football total
En 1982, lors de la Coupe du monde en Espagne, il impose un quatuor incroyable : Platini, Alain Giresse, Jean Tigana et Bernard Genghini. Quatre N.10 sur le terrain en même temps pour former le "carré magique". C'est sa patte, le symbole de son ambition d'un jeu débridé, offensif, technique. Quatre hommes qui vont mener les Bleus jusqu'en demi-finale, la deuxième de son histoire après 1958, et tomber, les armes à la main face à la RFA, à l'issue d'une séance des tirs au but fatale après avoir mené (3-1) en prolongation.
Michel Hidalgo était un meneur d'hommes. C'était un amoureux des hommes. Deux ans après les larmes de Seville, deux ans après avoir réconforté ses troupes abattues dans le vestiaire, il était porté en triomphe par cette génération conquérante, un 27 juin 1984 au soir, après une victoire (2-0) contre l'Espagne en finale de l'Euro. Il resplendissait alors, fier d'avoir mené ses hommes à la première victoire dans une compétition majeure. Le premier entraîneur français dans un sport collectif.
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A jamais le premier
C'est au sommet, sur le toit de l'Europe, qu'il avait abandonné la sélection pour la laisser dans les mains d'Henri Michel. Cette année là, Laurent Fabius devient Premier ministre et lui propose de devenir ministre des Sports. Sa réponse tarde, le poste est donné à Alain Calmat, autre ancien sportif. Il en gardera des regrets. Directeur technique national jusqu'en 1986, il avait ensuite rejoint l'Olympique de Marseille de Bernard Tapie, pour en devenir manageur général au tout début de l'aventure de l'homme d'affaires. Une fin de parcours en eau de boudin pour l'ancien sélectionneur, avec une condamnation à de la prison avec sursis dans l'affaire des comptes de l'OM.
En 2006, la Ligue de football professionnel lui demanda un rapport pour donner des solutions afin d'augmenter le nombre de buts dans le championnat de France. Car il était le symbole du football champagne, du football offensif, presque poétique.
Pour toute une génération de joueurs, de spectateurs, l'image qui restera de Michel Hidalgo, c'est celle de son large sourire, porté en triomphe par les Bleus en 1984. A jamais le premier.
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