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Lassana Diarra doit-il être titulaire en équipe de France?

Lassana Diarra fait son retour en équipe de France après cinq ans d'absence. Rappelé par Didier Deschamps pour les matches amicaux contre l'Arménie et le Danemark, car convaincant avec l'OM, Diarra apparaît comme une alternative crédible au poste de sentinelle. Ses deux bons mois sous le maillot olympien suffisent-ils à en faire un titulaire en puissance? La rédaction de francetvsport ouvre le débat.
Article rédigé par Christophe Gaudot
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Lassana Diarra à l'entraînement des Bleus à côté de Mathieu Valbuena

Lassana Diarra doit être titulaire en équipe de France (par Christophe Gaudot)

Dans un groupe qui manque d’expérience et de vécu international, si l’on excepte les Evra, Benzema ou Lloris, Lassana Diarra ferait un bien fou à une équipe de France un peu jeune (25 ans de moyenne d’âge sur le groupe appelé par Didier Deschamps pour l’Arménie et Le Danemark). Habitué à disputer de grandes rencontres dans des effectifs de qualité, le Parisien de naissance est un leader comme on fait peu en France depuis la retraite de Thierry Henry. Qui peut dire aujourd’hui qu’Hugo Lloris est un capitaine indiscutable en Bleu ? Pas grand monde. Qui peut dire que Lassana Diarra, s’il confirme retrouver le niveau qui était le sien au Real Madrid, ne ferait pas un capitaine plus que crédible ? Les mauvaises langues et encore. Depuis son arrivée à l’Olympique de Marseille, "Lass" a prouvé qu’il était un leader dans l’âme. Tout ce dont a besoin Didier Deschamps qui manque parfois de relais sur le terrain (ce qu’il était lui-même à l’OM, à la Juventus ou en équipe de France).

Le sélectionneur des Bleus aime faire évoluer son équipe dans un 4-3-3 classique avec deux relayeurs que sont, et seront sans doute encore pour quelques années, Blaise Matuidi, l’impressionnant, et Paul Pogba, le magicien. Reste à trouver la pointe basse du triangle. Yohan Cabaye et Morgan Schneiderlin ont été essayés à ce poste. Le premier a alterné le bon et le moins bon mais est plus à l’aise plus haut sur le terrain comme le prouve son retour à Crystal Palace, le second est encore un peu timide. Gratteur de ballon hors-pair, doté d’un abattage digne des plus grands, bon techniquement, Lassana Diarra propose le profil idoine pour compléter le milieu de terrain des Bleus. "Il a la capacité technique, la lucidité, la vision du jeu, le sens tactique", analysait Alain Giresse pour France Football, membre du carré magique de l’époque Platini, après PSG-OM de dimanche dernier.

Et aux frileux qui prétendent que Lasanna Diarra n’est pas l’avenir, nous répondrons qu’à 30 printemps au compteur, il peut aisément poursuivre jusqu’au Mondial russe de 2018. A ceux qui préfèrent attendre que l’Olympien confirme son net regain de forme, nous rétorquerons que l’Euro est dans huit mois désormais et que l’équipe de France n’a plus une seconde à perdre. Cerise sur le gâteau, Diarra arrive dans le groupe avec humilité : "il n’y a pas de statut. Ça fait trois ans que le groupe vit ensemble. J’ai pris le train en marche. C’est à moi de m’adapter". Que demander de plus ?

Lassana Diarra ne doit pas être titulaire en équipe de France (par Benoît Jourdain)

L’histoire de Lassana Diarra avec les Bleus est tortueuse. Débutée en 2007, elle s’est arrêtée en 2010 après un match post-Mondial face à la Norvège. Cinq ans se sont écoulés entre cette sélection et son retour pour ses deux matches. A moins d’un an de l’Euro, une chance énorme lui est offerte de remonter dans le train bleu. Mais voilà, cinq ans c’est long. Il sort d’une période d’inactivité de 15 mois à cause d’une histoire de contrat en Russie. Plus d’un an sans jouer. C’est beaucoup. Ses deux (bons) mois avec l’OM et notamment des performances marquantes contre l’OL et le PSG ont convaincu Deschamps. Mais on est encore loin du niveau international. Diarra n’a plus joué la Ligue des champions – la compétition la plus proche en niveau des matches internationaux – depuis 2012 et son passage au Real Madrid. A Madrid, il ne s’est jamais réellement imposé et quitté le club par la petite porte à l’été 2013.

Et dans les autres grands clubs de sa carrière ? A Chelsea il ne jouait pas car trop jeune et à Arsenal, il n’a pas eu la patience pour s’imposer et a préféré partir. Au final, il reste une bonne saison à Madrid, une aboutie à Portsmouth et un exil raté en Russie. Ces deux mois sur la Canebière sont bien trop peu pour en faire un titulaire en puissance à l’Euro 2016. La chance de Diarra ? Une concurrence qui n’a jamais vraiment convaincue. Hormis Cabaye, le titulaire dans l’esprit de Deschamps qui a payé son transfert raté à Paris mais revient bien avec Crystal Palace, tous les autres milieux de terrain partent sur un pied d’égalité. Diarra n’est qu’un nom supplémentaire dans une liste qui comprend Geoffrey Kondgobia et Morgan Schneiderlin. Le Parisien est un nouveau test, pas le "Messie" que Deschamps cherche en sentinelle, derrière l'inamovible duo Pogba-Matuidi.

En faire un patron du milieu serait une erreur, une précipitation pour des Bleus qui ont surtout besoin de repères à moins d'un an de "leur" Euro. Sur ce qu’il montre depuis le début de la saison, Diarra méritait d’avoir sa chance – et il l’aura – mais sa propension à faire des erreurs dans une zone du terrain qui ne pardonne pas est également un risque. Surtout pour une équipe de France qui cherche aussi sa meilleure assise défensive. Quelles erreurs ? Revoyez la fessée administrée par le Barca de Guardiola au Real de Juande Ramos à Bernabeu (2-6). Revoyez sa perte de balle sur le but du 3-1 du Barca. Revoyez sa dernière sélection contre la Norvège. C’est lui qui perd le ballon – mauvais contrôle – au milieu de terrain, perte qui amène le deuxième but norvégien. Bref, revoir Diarra en Bleu c’est bien, en faire un titulaire, il est un peu tôt.

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