Les Bleuets ont rendez-vous avec l'Histoire
Qui se rappelle du premier tour de ce Mondial, de ces Bleuets au teint blafard ? Personne n'aurait parié sur une finale à ce moment de la compétition. Et pourtant, comme les Bleus version Allemagne 2006 qui avaient atteint Berlin avant de tomber contre l'Italie (1-1, 3-5 aux t.a.b.), nos Espoirs seront bel et bien au grand rendez-vous d'Istanbul. Les joueurs sont pourtant les même que ceux qui avaient peiné face aux Etats-Unis et à l'Espagne, la suffisance en moins, le sens du collectif et l'abnégation en plus. Le sélectionneur Pierre Mankowski ne s'y trompe pas, la victoire en demi-finale face à de valeureux Ghanéens était un match référence, qui plus est à un moment crucial. "Cette équipe y croit toujours. Quand on voit la fin de match où le Ghana a été excellent et nous a vraiment bousculé... Cette équipe est vraiment allée chercher au fond d'elle-même cette finale. Depuis le début, cette génération n'a jamais rien lâché. On a été menés, on s'est fait égaliser, on a tout eu, mais à chaque fois, on est ressortis vainqueurs." Face à la Turquie en huitièmes de finale (4-1) puis contre les Ouzbeks en quarts (4-0), les Espoirs avaient retrouvé une seconde jeunesse, gagnant ces deux rencontres avec la manière. Pour franchir l'obstacle africain, ce fut plutôt un mental de fer qui caractérisa les ouailles de l'ex-adjoint de Raymond Domenech (2004-2010).
La revanche de Mankowski
Associé à tort ou à raison aux années Domenech, celui qui travaille pour la FFF depuis maintenant 13 ans est enfin sorti de l'ombre. Jusqu'à ce jour, l'ancien entraîneur de Caen, Le Havre et Lille s'était occupé des moins de 16 ans (2000-2001), des moins de 17 ans (2001-2002), des moins de 18 ans (2010-2011) et enfin des moins de 19 ans (2011-2012). Sans succès notable. Lui aussi était de la triste soirée du 9 juillet 2006. Il a maintenant l'occasion d'effacer ce triste souvenir de sa mémoire, cette fois-ci avec un rôle de premier plan. Claude Le Roy, son entraîneur à Amiens dans les années 80, décrit dans l'Equipe la personnalité de cet homme discret. "C'est l'anti-people par excellence. Pour moi, il n'était pas un simple adjoint, mais un numéro 1bis. Le genre de gars qui préférait mourir avec ses idées plutôt que de vivre avec celles des autres. Un homme bien, chaleureux et pas du tout timide." Loin de l'image du beau parleur, l'ancien joueur d'Amiens, Caen et Lens parle simplement pour se faire comprendre. "Il y va par petites touches, évite toujours les grandes déclarations d'intention. Il use d'une autorité douce et persuasive afin d'exercer le pouvoir sans chercher à être hégémonique", ajoute dans le quotidien sportif Georges Honoré, son ancien adjoint à Lille. Le responsable des sélections nationales, Willy Sagnol, lui avait promis les Espoirs en cas de demi-finales. Finalement, c'est l'ancien latéral du Bayern qui occupera le poste à la rentrée. Une injustice pour Mankowski. Mais aussi une nouvelle revanche à prendre samedi. Encore une.
Thauvin, ce grand crû
La Celeste se dresse comme dernier rempart à son rêve de gloire. C'est elle qui a sorti l'ogre espagnol, pourtant grand favori de la compétition. Un statut désormais récupéré par les Bleuets. L'Uruguay n'est donc sûrement pas une équipe à prendre à la légère. Elle compte de nombreux finalistes du Mondial U17 de 2011, perdu face au Mexique (0-2). "C’est notre deuxième finale consécutive au niveau mondial, ça signifie qu’il y a de la continuité dans le travail des sélections de jeunes en Uruguay et qu’on a une génération particulièrement talentueuse", analyse Gianni Rodriguez. Pour venir à bout des Sud-Américains, les Bleuets devront retrouver une certaine fraîcheur physique, après un tournoi éreintant. Il faudra faire sans le défenseur central Samuel Umtiti, suspendu après son carton rouge face au Ghana. Naby Sarr, un autre lyonnais, tentera de le faire oublier aux côtés de Kurt Zouma. "Naby a déjà joué, il a prouvé qu'il était présent dans tous les matchs. Il va être très sérieux, très appliqué", déclare son entraîneur sur un ton rassurant. Outre son indéboulonnable capitaine Paul Pogba, Mankowski pourra aussi compter sur un Florian Thauvin de retour en forme après un début de tournoi inexplicablement raté. Sa situation ubuesque en club lui a sûrement porté préjudice (transféré de Bastia à Lille, Marseille continuait pourtant à lui faire les yeux doux). C'est d'ailleurs le nouveau lillois qui a envoyé les siens en finale, auteur d'un doublé face aux Ghanéens. "C'est une revanche, beaucoup de personnes ont dit que je n'étais pas forcément là mais je leur ai répondu sur le terrain", assène le jeune milieu de terrain visiblement touché par les critiques à son égard. S'il continue sur sa lancée, avec l'aide des Pogba, Digne, Sanogo et consorts, les Bleuets pourraient se prendre à rêver d'un titre de Champion du Monde. 1998, c'était il y a quinze ans déjà... Il est désormais temps pour eux aussi d'écrire l'histoire en lettres d'or.
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