Les "mutins" face à leurs "juges"
Voici donc un nouvel épisode d'une histoire de comportement des joueurs de l'équipe de France qui a débuté en 2010 lors de la coupe du monde en Afrique du Sud. Alors que l'on pensait que cette déroute avait mis du plomb dans la tête de certains acteurs, après que la France ait été la risée du football mondial, force est de constater, au vu de ce qui s'est passé le mois dernier lors de l'Euro, que certains n'ont encore rien compris et que, du côté des autorités de la FFF, il convient une nouvelle fois de réagir. C'est peu dire même si l'on commence à laisser entendre que ces excès dans le comportement n'ont rien à voir avec l'Afrique du Sud.
Il s'agit en tout cas d'un nouveau feuilleton dont la FFF se serait bien passée, deux ans après la grève de l'entraînement des "mutins de Knysna" lors du Mondial-2010, qui avait débouché sur la suspension de quatre joueurs, Anelka (18 matches), Evra (5), Ribéry (3) et Toulalan (1), Abidal étant blanchi. Les faits reprochés cette fois-ci sont moins graves. Le président de la FFF Noël Le Graët, tout en annonçant leur renvoi devant la commission de discipline ainsi que le gel des primes, avait d'ailleurs demandé le 3 juillet une certaine mansuétude: il ne jugeait "pas raisonnables" d'éventuelles suspensions, et souhaitait même un simple "tirage d'oreilles". D'autres voix en revanche, se sont élevées pour demande de la sévérité. Ce sera donc à la commission de discipline d'en décider.
Cette commission devra aussi compter sans doute avec le mécontentement populaire vis-à-vis de joueurs considérés commes des "sales gosses", voire pire ? "La palette (des sanctions) est énorme, selon une source proche du dossier. Le rôle de la commission sera de graduer les sanctions en fonction des responsabilités de chacun. On peut penser que ce qu'a fait Mvila, c'est moins grave que ce qu'a fait Nasri. On peut imaginer un rappel aux devoirs de joueur de l'équipe de France".
Certes, les cas sont dissemblables. Nasri a été convoqué pour ses insultes envers la presse, Ben Arfa pour sa courte altercation avec le sélectionneur Laurent Blanc dans le vestiaire de France-Suède (0-2), Ménez pour avoir rembarré son capitaine Hugo Lloris et insulté l'arbitre d'Espagne-France (2-0), et Mvila pour avoir regagné sa place sur le banc lors du même match sans serrer la main de son entraîneur ni de son remplaçant, Olivier Giroud. Mais au-delà des faits mêmes, c'est surtout l'état d'esprit même de ces joueurs qui devra être évalué et éventuellement condamné. D'ailleurs les joueurs prendront-ils la peine de se présenter pour défendre leur cas ? Pour l'heure, seul Mvila a d'ores et déjà annoncé sa venue à Paris. Pour les autres, qui auront tous une bonne raison de n'être pas présents et qui se feront peut-être représenter par un avocat, nous en sommes au stade l'incertitude.
Dans la perspective des prochaines échéances de l'équipe de France, qui débute une nouvelle ère avec Deschamps, les "juges" de la commission de discipline vont devoir envoyer un signal fort. Peut-on tout accepter de joueurs sous prétexte qu'ils sont considérés comme incontournables dans le groupe des Bleus, ou au contraire doit-on indiquer clairement que certaines limites sont imposées et ne doivent pas être franchies. Réponse vendredi.
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