Ronaldo positif au coronavirus : pourquoi les Bleus ne sont-ils pas "cas contacts" ?
Les footballeurs prennent-ils toutes les précautions nécessaires lorsqu'ils sont en compétition internationale ? Le Portugais Cristiano Ronaldo a été testé positif à la Covid-19 ce mardi. "Il se sent bien, sans symptômes et est à l’isolement", a précisé la sélection portugaise. L’attaquant de la Juventus, comme ses compatriotes Anthony Lopes et José Fonte avant lui, a donc quitté ses coéquipiers. Mais qu'en est-il de ceux avec qui il s'est entraîné ces derniers jours et de ceux qu'il a affrontés, à savoir les Bleus ? Les autres joueurs du Portugal devraient s'entraîner et jouer leur match de mercredi normalement, car tous ont été testés négatifs ce mardi. Même constat chez les Bleus. Pourtant, les recommandations de Santé Publique France (l'agence nationale de santé publique) sont formelles : aucun test n'est valable dans les sept jours suivant le dernier contact avec la personne positive, car cela correspond à la période d'incubation maximale du virus. En d'autres termes, les joueurs français, négatifs ce mardi, pourraient très bien être positifs mercredi ou jeudi.
Le protocole de l'UEFA n'est pas celui de Santé publique France
En France, il y a d'ailleurs eu le précédent Kylian Mbappé. Lorsque le jeune prodige avait été testé positif le 7 septembre dernier, il avait été mis à l'isolement, tandis que tous ses coéquipiers, négatifs, avaient pu jouer le match sans problème.
Comment l'UEFA entend-elle gérer les cas contacts ? Son protocole sanitaire, mis à jour le 5 octobre dernier, le précise : "Si l’un des résultats se révèle positif au test, les équipes peuvent être priées de présenter les résultats de leur programme de traçage des contacts et la preuve de tout système de distanciation sociale mis en place en leur sein". Qu'est-ce que ce "programme de traçage de contact" ? Cela consiste -selon le protocole- pour chaque équipe, à "suivre minutieusement les interactions entre les personnes du groupe cible, notamment lorsqu’elles se trouvent ensemble dans des avions/cars ou à table, de même que les interactions lors des entraînements, des soins médicaux et des échanges sociaux".
En d'autres termes, s'assurer qu'en toute situation de proximité, les gestes barrières soient respectés. Ainsi, englobe dans sa définition toute personne ayant eu "un contact direct avec un cas, en face à face, à moins d’un mètre, quelle que soit la durée" ou encore "toute personne ayant partagé un espace confiné (bureau ou salle de réunion, véhicule personnel …) pendant au moins 15 minutes avec un cas".
"Il est certain que le match de foot est contaminant"
Cette définition de l'UEFA, moins large que celle en vigueur en France, n'évoque pas, par exemple, les interactions que peuvent avoir les joueurs pendant les matchs. Cristiano Ronaldo ne s'entraîne pas avec les Bleus, pas plus qu'il ne prend l'avion ou n'entretient d'"échanges sociaux" avec eux (a priori). Il a revanche joué 90 minutes face à eux.
"Il est certain que le match de foot est contaminant, estime Edouard Lipka, ancien médecin de l'Equipe de France de football. Rien que pendant la course, le joueur expectore des particules de salive qui peuvent contenir le virus". Une spécialiste des maladies infectieuses identifie, elle aussi, plusieurs moments cruciaux dans un match de foot où un virus tel que celui de la Covid-19 peut se transmettre : "Il y a énormément de paramètres : ça dépend du vent qu'il y avait ce jour-là, parce que le vent peut faire voyager la salive d'un joueur à un autre, ça dépend de la température, de l'humidité..." Le jeune Eduardo Camavinga a même échangé son maillot avec celui de son idole Ronaldo... idole qui s'est avérée être positive à la Covid-19 deux jours plus tard. "Je le lave pas", avait même affirmé Camavinga dans la soirée sur les réseaux sociaux.
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"Le maillot peut en effet être vecteur de transmission. Mais là aussi, il y a plein d'éléments qui entrent en ligne de compte : combien de temps va-t-il mettre à sécher - et donc à faire disparaître les traces du virus ? Le joueur a-t-il porté sa main à son visage juste après avoir touché le maillot ?" , détaille encore l'infectiologue.
Pour Edouard Lipka, étendre la notion de cas contact au football n'est pas particulièrement nécessaire. "Ils sont beaucoup plus testés que le reste de la population. S'il y a de tests suffisamment fréquents, ça doit suffire. D'autant qu'il s'agit souvent de jeunes asymptomatiques". Pour lui, le football reste cependant une pratique moins propice à la contamination que le cyclisme ou le basket par exemple. "En foot, il y a une répartition des joueurs sur le terrain, qui est immense. Ils se retrouvent parfois à 3 ou 4 dans un petit espace, mais c'est rare. En cyclisme par contre, ils sont pendant des heures, les uns sur les autres, dans un peloton. En basket, le terrain est plus petit, ils sont dans un espace clos. Là, il y a bien plus de risques qu'en football".
Le protocole sanitaire autour des joueurs est par ailleurs particulièrement strict pour qu'ils n'attrapent pas le virus. De la douche à la chambre, en passant par les vestiaires, tout est millimétré pour minimiser les risques de contamination. Mais une fois le virus attrapé, et l'isolement du cas positif assuré, l'impératif de la continuité sportive prime. Cas contact ou pas, l'équipe de France se présentera au complet face à la Croatie, mercredi.
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