Toujours les mêmes maux bleus
Le foot dissémine des petits clins d'oeils de temps en temps. Heureux ou malheureux. Dimanche soir, cette réminiscence n'a pas fait sourire Didier Deschamps. Cette défaite 3-0 au Brésil à un an de la Coupe du monde rappelait un refrain qui résonne encore dans toutes les têtes. Le "Et un, et deux et trois 0..." de France 1998 n'est pas forcément vengé (c'est une tournée amicale au mois de juin, pas une finale de Coupe du monde), mais il semble de plus en plus éloigné. Cette époque où les Bleus, avec le capitaine Deschamps à leur tête, régnait sur le monde est bel et bien révolue. Aujourd'hui la France végète à la 18e place au classement FIFA et n'a gagné cette année que face à la modeste Géorgie (3-1) en mars dernier lors des éliminatoires du Mondial. Elle reste sur trois défaites (Espagne, Uruguay, Brésil) et s'est inclinée 7 fois lors des 13 dernières. Soit autant que lors des 43 derniers matches. A un an du Mondial et près d'un an après la prise de fonctions de Didier Deschamps, l'équipe de France stagne, voire inquiète. Elle compte même un nouveau record, un de ceux dont "DD" ne se targuera pas : 5 défaites en 11 matches, soit une de plus que son prédécesseur Laurent Blanc (4 en 27 rencontres). Les maux sont les mêmes et les motifs de satisfaction restreints.
Où sont les buts?
Comment gagner sans marquer? Une équation insoluble même pour Didier Deschamps, l'homme qui ramené le titre de champion de France à l'OM. Dimanche sur la pelouse de l'Arena Do Gremio à Porto Alegre, l'équipe de France a étiré à 299 sa série de minutes jouées sans faire trembler le filet adverse. Le dernier à avoir inscrit un but en équipe de France? Franck Ribéry contre la Georgie le 22 mars dernier. "Francky" qui a préféré triompher avec le Bayern et se reposer plutôt que s'imposer une tournée fatigante après une saison à rallonge. Ribéry absent, la principale menace offensive des Bleus, Karim Benzema, s'est retrouvée orphelin et a continué d'essayer de marquer. Sans y parvenir, et ça fait maintenant 1082 minutes, soit plus de 18h, que ça dure.
L'attaquant du Real n'a eu que peu de ballons à se mettre sous la dent et sur les 19 tirs pris lors de cette tournée sud-américaine, c'est Dimitri Payet, peut-être le Bleu le plus percutant de la tournée, qui en a cadré le plus (4). "Benz" lui n'a tiré qu'une fois et a touché le dos d'un défenseur brésilien. Insuffisant donc, comme cette animation offensive finalement très inoffensive, surtout face à une défense auriverde solide, organisée autour de Thiago Silva et David Luiz. Total, les Bleus n'ont inscrit que 11 buts en 11 rencontres depuis l'arrivée de Deschamps, soit le plus faible total d'un sélectionneur depuis l'ère Henri Guérin (10 buts après 11 matches en 1964-1966).
Une défense qui ne rassure pas
Si l'attaque est muette, la défense elle incapable d'être imperméable. Et pour la première fois depuis septembre 2008 où Méxès notamment avait sombré contre l'Autriche, les Bleus ont encaissé 3 buts dans un match. Cela fait 9 rencontres que les Bleus encaissent au moins un but. Pour retrouver trace d'une telle série, il faut remonter aux débuts des années 90 (1991-1992). La dernière équipe qui n'a pas réussi à tromper le gardien tricolore est la Finlande, 84e au classement FIFA, en septembre dernier. Face au Brésil, Didier Deschamps avait choisi de faire confiance à Adil Rami et Mamadou Sakho.
Si le Parisien a été appliqué, son acolyte, appelé pour la seconde fois par Deschamps, n'a pas marqué de points. Trop court sur l'ouverture du score, le Valencian a également fait preuve de fébrilité dans ses relances. Sur l'aile droite, Mathieu Debuchy a montré les muscles face à l'attraction Neymar. Au physique, il a gêné la pépite brésilienne mais a peu apporté offensivement. De l'autre côté, Jérémy Mathieu a souffert face à l'incroyable Hulk. Même s'il a fait admirer sa capacité à apporter des solutions dans son couloir. La aussi les absences ont pesé lourd, notamment celle de Raphaël Varane. En son absence, personne ne s'est réellement imposé, malgré du positif (Mangala contre l'Uruguay, fautif toutefois sur le but) et le chantier reste ouvert.
Les nouveautés : peut mieux faire
La rencontre face à l'Uruguay avait laissé entrevoir de belles choses : un Payet provoquant, un Grenier intéressant, un Mangala plutôt convaincant avec Laurent Koscielny. Mais après ce match contre le Brésil, les motifs de satisfaction sont rares. Premiers visés? Les entrants, trop peu impliqués selon le sélectionneur : "ceux qui sont entrés n'ont pas apporté grand-chose, notamment dans l'engagement", a déclaré Deschamps au micro de TF1 après la rencontre. Parmi eux, Alexandre Lacazette, l'un des deux Lyonnais avec Clément Grenier; qui découvrait le niveau international. Ni lui, ni Grenier n'ont réellement profiter de ce match de prestige pour se montrer, contrairement à Josuha Guilavogui, serein dans l'entrejeu. En sentinelle, le Stéphanois a rayonné, fait admirer sa conservation de balle et sa percussion.
En conférence de presse, Deschamps n'a pas voulu isoler du positif de cette tournée. "J'hésite à vous le dire. Ce serait parler de cas particuliers", a-t-il expliqué. Une manière de montrer qu'il n'en a pas vu beaucoup non après les 180 minutes disputées en Amérique du Sud? Peut-être aussi. "Le Brésil nous est supérieur" a-t-il simplement conclu. La France, elle, stagne dangereusement depuis son nul, plein d'espoirs, en octobre dernier en Espagne. Le Mondial approche et la France est loin d'être prête. Et d'y être aussi…
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