Un jubilé en équipe de France pour Thierry Henry, une bonne idée?
POUR
Si Paris valait bien une messe, Henry vaut bien une dernière sélection en équipe de France. Parce que l’homme aux 51 buts – record – en 123 sélections ne peut finir sa carrière sans un dernier match avec l’équipe de France avec laquelle il a tout gagné (champion du monde en 1998, champion d’Europe 2000, Coupe des confédérations 2003). Parce que son histoire avec les Bleus ne peut pas se terminer à l’arrière d’un bus et sur une main qui aura emmené la France au Mondial 2010 mais fait couler tant d’encre. Et quoi de mieux pour faire ses adieux définitifs que la scène du Stade de France face au Brésil lors du match amical de prestige du 26 mars 2015. Contrairement à Laurent Blanc, Didier Deschamps et Bernard Lama qui ont pu choisir leur sortie et ont tourné la page bleue un soir de septembre 2000 face à l’Angleterre au Stade de France (1-1), Henry n’a pas choisi sa fin. Il l’a acceptée mais aurait certainement aimé quitter le navire d’une autre manière. Loin d’un débrief du désastre de Knysna en tête-à-tête avec Nicolas Sarkozy à l’Elysée.
Par chance pour lui, sa fin en Bleu n’a pas signifié sa fin tout court. Et pendant quatre ans, de l’autre côté de l’Atlantique, il a montré qu’il savait encore jouer. A 37 ans. Le temps d’une pige de trois mois à Arsenal en 2012, il a même prouvé qu’il avait encore le niveau. "Si on se place du côté du jouer, à son âge, ce serait bien car il est toujours en activité. Pour tout ce qu’il a apporté au football français, ce serait un moment sympa pour lui. Et cet adversaire lui rappellera de beaux souvenirs (sourire)", confiait Zinédine Zidane dans les colonnes de L’Equipe lundi. Parce que statufié à Arsenal, le joueur n’a jamais bénéficié de la même côte d’amour de ce côté-ci de la Manche. Entre incompréhension, mauvaise image et main mal placée. Cette dernière serait l’occasion d’oublier le passé et de tourner la page. Avec classe. Pour le geste, cette dernière aurait fière allure. Face à la sélection auriverde, au Stade de France, il aurait la taille de la trace laissée dans l’histoire de sélection tricolore par celui qu’on surnommait amicalement "Titi". Immense.
CONTRE
L’Equipe et RMC ont commencé la campagne, Henry lui n’a fait que la commenter. "Pour être honnête, j’en reste bouché bée. Je ne sais pas quoi dire de plus, vraiment. Je suis ému d’entendre ça ", a-t-il assuré mardi lors du media day organisé par les New York Red Bulls. Sous son air hautain, son melon supposé et sa posture froide, arrogante, Thierry Henry est touché par cette hypothèse. L’homme aime les Bleus. Mais l’amour ne suffit pas toujours. Comme le dit Raymond Domenech, "Titi est bien placé pour savoir que la sélection n’est pas un cadeau. Il en a plus de 100. Il est recordman des buts et on ne lui a jamais fait de cadeau dans sa carrière donc je ne pense pas qu’il attende un cadeau". L’intéressé le confirmait également lors de son entretien dans L’Equipe magazine du samedi 29 novembre. Au moment d’évoquer l’équipe de France, il assurait que se faire une place était un combat. "Tu voulais te faire une place dans cette histoire, fallait te battre comme un chien pour la gagner", avouait-il. Henry respecte trop la maison Bleue et connaît le poids d’une sélection pour se laisser tenter par ce cadeau. Qui n'aurait rien d'empoisonné.
Un cadeau qui pourrait bien ne jamais venir à en croire Emmanuel Petit. L’ancien partenaire d’Henry chez les Bleus et à Arsenal ne croit plus au Père Noël et l’a fait savoir. Maladroitement. Mais clairement aussi. "Que peut-on reprocher à Thierry Henry ? Sa main contre l’Irlande ? Il a aidé à la qualification en Coupe du monde ! L’Afrique du Sud ? Il n’a rien fait. La France est hypocrite et lâche. Parfois, je me dis qu’en ayant été envahis par les Allemands, on serait mieux dirigés aujourd’hui", a-t-il déclaré dans un entretien à Sports.fr. "J’ai beaucoup de mal avec les Français, je n’ai jamais vu un peuple aussi arrogant, suffisant, menteur et hypocrite", a-t-il ajouté. Un peuple peu enclin à reconnaître ses idoles et à tendre la main, à celui qui l'a si mal utilisée. Et si lui, pourquoi pas les autres ? Zinédine Zidane a joué son jubilé sur la plus grande scène qui soit pour un footballeur, une finale de Coupe du monde. Mais personne n’a aimé la fin du film – hormis en Italie. Cette sortie sur un coup de tête mériterait tout autant un remake. Autre question, plus importante encore, Didier Deschamps, qui a eu droit à une belle fin, est-il enclin à offrir à celui qu’il a vu débuté en Bleu le 11 octobre 1997 contre l’Afrique du Sud ? Pour l’instant il ne s’est pas encore prononcé mais au vu des échéances qui attendent les Bleus et lors d’un tel match, cette marque d’attention pourrait parasiter un groupe qui a tant lutté pour éteindre les braises du passé. Avant cette campagne, Henry avait assuré qu'il n'y "a pas de bonne ou de mauvaise fin". "La fin, c'est toujours injuste, sauf dans les films hollywoodiens". Lui est parti à New York et a tourné le dos à une France qui n'a peut-être jamais su l'apprécier à sa juste valeur. Et il est sans doute trop tard pour réparer l'oubli.
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