Euro 2024 : l'équipe d'Allemagne encore à la merci d'une polémique sur le racisme ?

D'après un sondage, un Allemand sur cinq souhaite voir plus de footballeurs blancs dans l'équipe nationale.
Article rédigé par Othélie Brion
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
Le onze de départ de l'équipe de football d'Allemagne lors d'un match amical face à l'Ukraine, le 3 juin 2024 à Nuremberg. (FEDERICO GAMBARINI / DPA / AFP)

"Faut-il plus de joueurs blancs en sélection ?" La question, issue d'un sondage réalisé par la chaîne de télévision publique allemande, ARD, choque outre-Rhin. Son résultat surtout. Parmi les 1 304 Allemands interrogés, 21% ont répondu "oui". De quoi créer une vive polémique, à quelques jours de l'Euro de football, qui se tiendra justement en Allemagne, du 14 juin au 14 juillet. En conférence de presse, dimanche 2 juin, le sélectionneur allemand, Julian Nagelsmann, a même exprimé sa volonté de "ne plus jamais lire d'enquête aussi merdique"

"Il faut comprendre que le sondage a d'abord créé la controverse car il a été publié sur le compte Instagram de l'émission de télé de l'ARD, 'Sportschau', comme ça, sans contexte", raconte Dennis Melzer, journaliste pour Eurosport Allemagne. L'enquête a été réalisée dans le cadre d'un documentaire intitulé Unité, justice et diversité, l'équipe nationale entre racisme et identification, qui traite de l'évolution de l'équipe allemande ces dernières années.

"Le sondage et son résultat ont choqué aussi, poursuit le spécialiste du football allemand, car ça fait plusieurs années que c'est totalement normal qu'il y ait des joueurs de l'équipe nationale qui soient noirs, qui aient des origines turques, tunisiennes, ou encore afghanes". Et de citer les cas du défenseur du Bayer Leverkusen Jonathan Tah ou de l'ancien international allemand Gerald Asamoah, "qui ont été victimes de racisme".

L'équipe nationale imperméable à la polémique 

Mais, pour le journaliste, la polémique, "très présente dans les médias" ne devrait pas entacher l'Euro. "Dès que la compétition aura commencé, ce débat va être oublié, car en Allemagne, beaucoup de personnes, médias et politiciens estiment que le football doit être dissocié de la politique", souligne-t-il. Selon lui, les Allemands ont aussi la volonté de donner une belle image du pays à travers le tournoi, comme ça avait été le cas en 2006, avec la Coupe du monde de football.

L'équipe nationale, de son côté, poursuit sa préparation. Opposée à l'Ukraine en match amical (0-0), lundi 3 juin, elle ne s'est pas montrée très convaincante. Pour autant, Dennis Melzer n'y voit là aucun rapport avec la polémique actuelle. "Je ne pense pas que cela ait un quelconque impact sur les performances de l'équipe", estime-t-il.

Il faut dire que la question du racisme dans le foot est récurrente en Allemagne. "Quand Mesut Özil avait pris une photo avec le président turc Recep Tayyip Erdogan cela avait aussi créé un important débat. Les gens disaient qu'il n'était pas Allemand et qu'il devait jouer pour la Turquie", rappelle le journaliste. Epuisé par ces attaques, l'ancien meneur du Real Madrid avait décidé de ne plus jouer pour l'équipe nationale.

En cas de déroute à l'Euro, cette polémique pourrait cependant être remise sur le tapis. Car si Dennis Melzer est circonspect à l'idée de lier débats sociétaux et politiques et résultats sportifs, certains n'ont pas manqué d'y voir une raison à l'élimination au premier tour de l'Allemagne à la dernière Coupe du monde, au Qatar.

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