"C'est très décevant" : avant le match contre l'équipe de France, des Albanais critiquent le veto d'Emmanuel Macron sur leur entrée dans l'Union européenne
En octobre, Emmanuel Macron a fait savoir son opposition à l'entrée de la Macédoine du Nord et de l'Albanie dans l'Union européenne.
Erjona prend la pose sur les pavés multicolores de la place centrale de Tirana. Mais dès qu'on on lui parle d'Emmanuel Macron, la jeune femme de 22 ans perd le sourire. "Cela ne devrait pas être possible qu'un seul pays puisse déterminer le destin d'un autre pays", affirme-t-elle. "Ce doit être décidé à la majorité. Ce n'est pas possible que seule l'élite de la France puisse décider de notre destin."
Alors que l'équipe de France affronte l'Albanie dimanche 17 novembre dans le cadre des éliminatoires de l'Euro 2020, le match aura un certain goût de revanche pour les Albanais. En effet, la décision d'Emmanuel Macron d'opposer son veto à l'ouverture des négociations d'adhésion à l'Union européenne avec la Macédoine du Nord et l'Albanie a été vivement critiquée dans un pays résolument tourné vers l'Europe, et très francophile.
Comme beaucoup d'Albanais et de Nord-Macédoniens, Erjona n'a pas apprécié le veto du président français. Cette diplômée en économie en a assez de devoir attendre à la porte de l'Union européenne. "Notre génération vieillit, on attend. Le temps passe et nous ne sommes toujours pas membres de l'Union européenne, alors que c'est vraiment quelque chose que nous voulons."
"On n'a rien fait de ce qui nous était demandé"
Si les Albanais aiment l'Europe, ils aiment aussi la France. Le député d'opposition Ralf Gjoni a voté pour Emmanuel Macron en 2017. Ce franco-albanais s'est senti blessé par le "non" du président français. "Les Albanais, c'est un peuple qui adore la France et qui aime les Français", confirme le député. "C'est très décevant de voir le président français bloquer les négociations pour l'Albanie."
Dans les Balkans, la perspective européenne est souvent synonyme de démocratisation. Gledis Gjipali, de l'ONG Mouvement européen en Albanie, redoute quant à lui les conséquences de la décision du président français. "Si nous perdons cette direction, cette motivation pour l'Union européenne, ce sera difficile de voir de grands progrès en ce sens dans les prochaines années."
Je n'ai pas mal réagi parce que je m'attendais à cette décision.
Dhurataà franceinfo
Si la décision française a été très critiquée dans les Balkans, elle n'a pas surpris les jeunes comme Dhurata, qui se dépêche pour être à l'heure à son travail de téléopératrice. "Pendant tout ce temps, on n'a rien fait de ce qui nous était demandé."
Corruption, criminalité, absence de méritocratie... Pour Dhurata, les problèmes sont bien réels en Albanie, et constituent autant de raisons de partir. "Si les négociations ne s'ouvrent pas, on continuera de quitter le pays en partant demander l'asile, ou par d'autres moyens."
Même si la porte a du mal à s'ouvrir, les Albanais ont déjà un pied dans l'Union européenne. Depuis la chute de la dictature en 1991, plus d'un million d'Albanais se sont installés dans l'un des 27 pays membres de l'UE.
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