Euro 2016 : l'équipe de France est-elle avantagée parce qu'elle joue à domicile ?
Pays organisateur, la France a bénéficié d'un tableau favorable jusqu'aux quarts de finale. Mais elle tombe, en demi-finale, contre l'Allemagne, championne du monde.
C'est une petite musique qui accompagne les Bleus depuis le début de l'Euro 2016. Pays organisateur, la France aurait bénéficié des avantages de pays hôte de la compétition pour se hisser jusqu'en demi-finales. La preuve, elle s'est qualifiée en ne battant que des équipes réputées plus faibles, comme l'Irlande ou l'Islande.
La réalité est un peu compliquée que cela.
Un tableau plus abordable
En passant de 16 équipes à 24, l'UEFA s'est compliquée la vie. Comme l'explique le mathématicien Julien Guyon au Monde.fr, il est très difficile, voire impossible, d'établir un tableau équitable dans ces conditions. L'UEFA a donc dû faire des choix, de fait favorables à la France. Elle a d'abord décidé que les quatre meilleurs troisièmes de chaque groupe rencontreraient en 8es de finale les vainqueurs des groupes A, B, C et D. Placée d'office dans le groupe A, la France était la seule assurée de bénéficier de cet avantage (à condition de terminer première de sa poule). Tirée dans le groupe C, l'Allemagne en a également profité. A l'inverse, l'Italie, première du groupe E, a dû affronter l'Espagne en huitièmes. Et l'offrande a pu se révéler empoisonnée : la Croatie, première du groupe D, a été éliminée par un troisième de groupe, le Portugal.
En quart de finale, l'équité sportive aurait voulu que les deux équipes désavantagées en 8es de finale (les premiers des groupes F et E) affrontent les vainqueurs des deux matchs entre deuxièmes de poules. L'UEFA en a décidé autrement, en offrant ce cadeau aux vainqueurs des groupes D et A, déjà avantagés au tour précédent. Ainsi, la France a battu sans difficulté le vainqueur du match 2B-2F, l'Islande.
Bref, selon le tableau dessiné par l'UEFA, la France avait la garantie, si elle terminait première de son groupe, de ne pas rencontrer d'autres premiers de groupe avant les demi-finales. Son parcours, particulièrement facile depuis le début, n'est donc pas une surprise. Ce calendrier a cependant une limite en demi-finale : l'Allemagne, adversaire pressentie des Bleus depuis le tirage au sort. Championne du monde en titre, la Nationalmannschaft est réputée être un obstacle autrement plus coriace que le Portugal ou le pays de Galles, les deux autres équipes qui ont accédé aux demi-finales.
Un calendrier pas très reposant
Pays organisateur, la France a commencé sa compétition le 10 juin, avant toutes les grandes nations. "En jouant le match d’ouverture, on perd pratiquement une semaine. J’avais énormément de joueurs dans les finales de Coupes, sur le week-end du 21-22 mai. Avec plus de temps, on aurait travaillé davantage et cherché un troisième match amical", regrettait Didier Deschamps fin mai.
Ce temps, le sélectionneur a pu le rattraper après les matchs de poules. Entre son match contre la Suisse et son 8e de finale, la France a bénéficié d'une semaine de repos. Elle a également eu un jour supplémentaire par rapport aux Islandais avant le quart de finale. Mais, le rapport s'inverse pour la fin de tournoi : en demi-finale (et en finale s'ils y accèdent), les Bleus auront un jour de repos de moins que leurs adversaires, trois contre quatre. Une manière d'équilibrer les choses sur l'ensemble de la compétition.
Son public comme soutien ?
Vue de France, lorsqu'un pays organise une compétition, c'est un énorme avantage pour la victoire finale. Dans la réalité, les Bleus sont les derniers à y être parvenus, que ce soit pour l'Euro (1984) ou la Coupe du monde (1998). Le crash du Brésil, humilié 7-1 par l'Allemagne en demi-finale de son Mondial en 2014, est là pour rappeler qu'une équipe organisatrice peut s'écrouler sous la pression de l'événement.
Accueillir la compétition n'est même pas une garantie de remporter le match des tribunes. Les Gallois, les Irlandais, les Anglais ou les Islandais, venus massivement soutenir leur équipe, en ont fait la démonstration. De Lille à Marseille, ils ont chanté sans s'arrêter, quelle que soit la performance de leur équipe. Malgré leurs efforts, les supporters des Bleus ne sont pas encore à ce niveau-là. Un petit déficit de décibels qui n'a, pour le moment, pas empêché les Bleus de gagner.
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