Euro 2016 : la sécurité dans les "fan zones" en question
Après les attentats dans la capitale belge, les autorités françaises assurent que ces rassemblements géants prévus durant la compétition seront maintenus.
Ne pas céder à la terreur, tout en assurant une sécurité maximale. C'est le difficile exercice auquel les autorités françaises vont devoir se plier à moins de trois mois de l'Euro 2016 et au lendemain des attentats meurtriers de Bruxelles. Au cœur de ces craintes : les "fan zones", ces grands rassemblements voulus par l'UEFA et pouvant accueillir entre 10 000 et 100 000 supporters dans les villes où se jouent les matchs. Plus de 7 millions de personnes y sont attendues entre le 10 juin et le 10 juillet. Des cibles tentantes pour des terroristes.
C'est notamment l'avis d'Eric Ciotti. Pour le député du parti Les Républicains des Alpes-Maritimes, la suppression de ces "fan zones" doit être "regardée au cas par cas" car elles vont "nécessiter de démultiplier la présence des forces de l'ordre". Un sentiment partagé par le député de Paris, Philippe Goujon, à propos de la "fan zone" du Champs de Mars.
Pour autant, pas question, officiellement, de faire marche arrière. A la sortie d'un comité de pilotage sur la sécurité lors de la compétition, Bernard Cazeneuve a rappelé sa volonté de "ne pas céder au terrorisme" mais a ouvert la voie à des adaptations du dispositif en prévoyant "la souplesse qui permettrait, le cas échéant, de reconsidérer nos positions sur telle ou telle 'fan zone'". Et Jacques Lambert, le président du comité d'organisation de l'Euro 2016, de rajouter qu'elles sont maintenues, "pour l'instant".
"Mieux vaut des rassemblements encadrés"
Pour tenter de faire face à la menace, le dispositif de sécurité a été considérablement renforcé après les attentats de novembre. Les policiers ont ainsi interdiction de poser des congés pendant la compétition ; des palissades seront disposées tout autour des "fan zones" ; à l'entrée, les palpations seront systématiques et des détecteurs de métaux seront installés. D'autres mesures ont été imaginées, mais restent secrètes pour le moment. "On ne peut pas tout dévoiler pour des questions évidentes de sécurité", explique à francetv info un membre de l'organisation de la "fan zone" de Marseille (Bouches-du-Rhône).
Dans les villes concernées, il ne semble pas aujourd'hui y avoir débat. Pour Frédéric Gil, directeur général adjoint de la ville de Bordeaux et chef de projet Euro 2016, "mieux vaut une 'fan zone' sécurisée que de laisser les supporters déambuler dans la ville, au risque de les laisser se rassembler sans dispositif de sécurité ou de secours". D'ailleurs, aucun plan B n'est prévu en cas d'annulation. "Il ne faut pas céder à la panique en remettant en question tout le dispositif et se servir du contexte sécuritaire pour en profiter politiquement, déplore-t-il. Les attentats de Bruxelles provoquent beaucoup d'émotion mais cela ne change rien, nous avons déjà placé le niveau de sécurité à son maximum."
Moins de matchs et moins de public à Toulouse
Ce qui semble avoir calmé la grogne des municipalités, c'est l'effort consenti pour les aider financièrement à sécuriser l'intérieur des "fan zones" en ayant recours à des sociétés de sécurité privées. Le surcoût lié aux attentats représente 7 millions d'euros, finalement compensés à hauteur de 5 millions par l'Etat et 3 millions par l'UEFA. "L'Etat est à nos côtés, ces décisions vont dans le bon sens. J'approuve cet arsenal sécuritaire, au-delà de toute considérations politiques", s'est félicité Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse (Haute-Garonne), dans L'Equipe (article payant).
Pour autant, la ville a décidé de réduire la voilure, en passant la capacité de sa "fan zone" de 30 000 à 11 500 places et en ne retransmettant que les quatre matches qui se disputeront au Stadium, le stade municipal, et ceux de l'équipe de France, soit 7 rencontres au minimum et 11 au maximum, si l'équipe de France va en finale, rapporte La Dépêche du Midi.
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