Euro 2016 : les binationaux déchirés mais bien décidés à faire la fête après la finale Portugal-France
Les Franco-Portugais se réjouissent d'assister à cette finale de l'Euro 2016 qui voit s'affronter leurs deux équipes de cœur. Mais comment réagiront-ils face au résultat ?
Drôle de rendez-vous pour les Franco-Portugais. Dimanche 10 juillet, la France et le Portugal s'affrontent en finale de l'Euro 2016. Mais comment se préparent au match les personnes qui partagent les deux cultures ? Les binationaux sont-ils plutôt déchirés entre leurs deux patries ou ravis d'avoir d'ores et déjà gagné l'Euro à leur façon ? Francetv info en a interrogé quelques-uns...
Grosse pensée pour toutes ces maisons où j'ai vu un drapeau portugais et un drapeau français... #FRAPOR
— Carles Pignol (@Agaloz) July 8, 2016
"J'ai de toute façon déjà gagné l'Euro"
"Je suis vraiment ravie. J'ai de toute façon déjà gagné l'Euro !", s'enthousiasme Sara Oliveira qui vit à Porto. Supportrice des deux sélections, elle avoue que le fait de vivre au Portugal la pousse à partager la joie des gens qu'elle côtoie : "Au moment du match, je serai partagée. Même si au fond, je suivrai sans doute la foule qui m'entourera."
Sans prendre la finale trop au sérieux, elle parvient même à plaisanter : "Ce n'est pas la première fois que je vis ce match et on connaît tous le résultat de leurs rencontres jusqu'à maintenant ! A moins d'un exploit portugais cette année." En effet, l'historique des rencontres entre les deux pays plaide plutôt pour les Bleus : depuis 40 ans, les Portugais n'ont remporté aucun match contre la France, à tel point qu'ils en viennent à parler de malédiction. Mais il en était de même pour la France contre l'Allemagne, et la demi-finale l'a prouvé : rien n'est fixé d'avance.
Comme Sara, Tomas Debourdeau est un jeune binational qui a grandi au Portugal. Pour ses études, il est venu en France, pays qu'il n'avait jamais vraiment quitté de vue. "Ce match aura un goût particulier, estime-t-il. Je ne peux pas prévoir mon état d’esprit, mais ce qui le rend beau c’est que je sais que dans tous les cas de figure, je serai heureux."
C’est un rêve d’enfant de voir mes deux équipes jouer l’une contre l’autre en finale d’une compétition majeure. C’est incroyable et historique !
"Mon cœur sera plus vert et rouge que bleu"
Le jeune homme confesse tout de même qu'il penchera plus pour une équipe : "On ne va pas se voiler la face, mon cœur sera plus vert et rouge que bleu. Mais cette finale aura d’autant plus de sens qu'elle se joue contre le pays hôte qui accueille plus d’1,5 million de Portugais... [il y avait, en 2013, un peu plus de 500 000 Portugais vivants en France. Ce nombre ne prenant pas en compte les binationaux]"
Et de nombreux binationaux interrogés par francetv info ont déjà fait le choix de la Selecção. C'est le cas d'Anaïs Valente qui "de toute façon ne se sentira pas perdante" mais qui "aimerait vraiment voir le pays qui l'a vu naître gagner".
"Avoir une double nationalité a toujours été pour moi une grande richesse. Lors des matchs de l'Euro j'étais à la fois à fond pour le Portugal et pour la France."
"On fera sans aucun doute la fête dans les deux cas"
Carlos Gomes est le directeur de l'association franco-portugaise de Nantes. Comme beaucoup de binationaux issus de la vague d'immigration portugaise des années 1960, il a grandi avec des parents portugais qui lui ont transmis le goût pour le football. "Il est pour moi évident de soutenir la Selecção, c'est une affirmation de mon identité et de mes origines", explique-t-il. Il fait toutefois attention à ne pas faire de généralisations : "Les membres de l'association ne sont pas tous dans mon cas, certains soutiennent la France, ou ne veulent pas se prononcer, surtout ceux qui s'intéressent moins au sport."
Pour l'anecdote, certains s'excusent même de soutenir les Bleus sous prétexte que Griezmann a des origines portugaises du côté de sa mère. La plupart est surtout ravie de voir une finale entre leurs deux nations.
Carlos Gomes insiste particulièrement sur le fait que même les supporters du Portugal gardent de l'affection pour l'équipe de France : "On aura toujours ces deux sensibilités, on fera sans aucun doute la fête dans les deux cas."
Anita Teixeira est complètement d'accord. Egalement membre de l'association, elle ne saurait choisir entre les deux équipes : "Je vais regarder le match avec des Français, mais je ne pense pas pouvoir me décider entre les deux. A chaque offensive je serai contente : le Portugal n'a jamais remporté l'Euro, mais la France est le pays hôte... Impossible de choisir!"
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